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mercredi 5 mars 2025

La rivière de Bouyouni se remet au vert grâce à Bestlife 2030

En se déplumant de leur couvert forestier, nos rivières offrent leur précieuse ressource au soleil de plomb, une évaporation qui se cumule avec la perte de pluviométrie provoquée par la déforestation. La communauté d’agglo du Grand Nord a su saisir la chance offerte par un programme européen

Mayotte est très dépendante de la pluviométrie. Qui est elle-même étroitement liée à l’étendue des forêts. En effet, par un processus d’évapotranspiration, les arbres libèrent de l’eau dans l’atmosphère, contribuant à la formation de nuages et influençant les précipitations. Une étude de l’Institut des sciences du climat et de l’atmosphère de Zurich menée il y a trois ans révèle qu’une augmentation de 20% de la surface forestière en remplacement notamment de terres agricoles, pourrait influencer positivement la pluviométrie.

D’autre part, le développement de cultures sauvages détruit le couvert végétal qui les protège, accentuant le risque d’évaporation. Or, pour nous abreuver, nous sollicitons en grande partie ces eaux de surface qui partent vers les usines de potabilisation. C’est pourquoi un vaste plan de reforestation doit être pensé à l’échelle du territoire.

L’association des Naturalistes de son côté décline le programme « Aux arbres citoyens » de France Nature environnement de replantation du bassin versant de la Gouloué, l’une des rivières les plus importantes de Mayotte, ainsi que des forages et captages en eau potable.

Une quinzaine de segments sans couverts végétal identifiée (©Abassi Dinassi)

C’est la même logique qui prévaut pour le programme européen BESTLIFE2030 porté par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), qui œuvre également pour la préservation des arbres présents en bords de cours d’eau, les ripisylves. Il est dédié à la restauration des écosystèmes naturels et à l’adaptation aux impacts du changement climatique. En soutenant des projets innovants, il permet de préserver les habitats dégradés, de protéger les espèces menacées, de gérer durablement les ressources naturelles, notamment l’eau et de sensibiliser les populations locales aux enjeux environnementaux.

La 1ère collectivité lauréate

Et la toute jeune Communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM) a sauté sur l’occasion. « Lors d’une rencontre avec les agents de l’Office Français de la Biodiversité de La Réunion, a été évoqué le programme Bestlife 20230. Étant donné que le service du cycle de l’eau venait juste d’être monté au sein de la CAGNM, nous avons ciblé un petit projet pour commencer », nous détaille Faïda Youssouf, ingénieur projet qui dirige ce service.

OFB, UICN, bestlife 2030, Mayotte, CAGNM
Les acteurs réunis autour de Jean-Michel Zammite

Le projet de plus de 90.000 euros est pris en charge à 95% par le programme européen Bestlife 2030, « car les 5% restant viennent des fonds propres de la communauté d’agglo pour permettre de mener les études préliminaires et monter un projet solide ». Avec succès donc puisque lauréat de ce 1er appel à projet, comme le soulignait ce mardi Jean-Michel Zammite, directeur des Outre-mer au sein de l’Office français de la biodiversité (OFB), et présent pour l’occasion : « Il s’agit de la première collectivité qui répond à l’appel à projets Bestlife ».

L’équipe de la CAGNM s’est entourée des compétences du botaniste renommé à Mayotte, Abassi Dinassi, qui a documenté les espèces d’arbres à replanter.

La zone qui bénéficie de cette reforestation s’étend sur 1 km de rivière, du pont jusqu’au captage du Syndicat des eaux. « Avec notre expert, nous avons identifié 15 segments de berge en déficit de continuité de végétation », rapporte Faïda Youssouf.

Le projet a été officiellement lancé le 1er novembre 2024 et se poursuivra pendant 30 mois, jusqu’au 30 avril 2027. Pour l’élue en charge du GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations), « il s’agit d’un projet à visée stratégique pour restaurer les écosystèmes fluviaux. Or, la rivière de Bouyouni qui est une des quatre à couler sur le territoire de la CAGNM, représente une ressource vitale pour la population. »

Anne Perzo-Lafond

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