L’enquête annuelle réalisée par France Travail (ex-Pôle emploi) d’octobre à décembre 2023, avec le concours du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) sur les Besoins en main d’œuvre, portait sur 3.068 établissements de Mayotte, dont 774 ont répondu au questionnaire.
Cette enquête décrit les besoins des entreprises, par métier détaillé (217 « familles professionnelles »), par secteur d’activité (24 secteurs de la Nomenclature des Activités Françaises), par bassin d’emploi (406). Elle s’intéresse aussi aux motifs de recrutement, à la nature des difficultés rencontrées et aux solutions envisagées.
« Cette étude nous permet de mieux anticiper les recrutements avec les employeurs, explique Christian Saint-Etienne, Directeur régional de France Travail, mais aussi, de travailler sur les besoins en formation notamment qualifiantes, et d’en profiter pour informer les employeurs sur les mesures d’accompagnement en termes de formation et d’emploi ».
Elle indique que 77% des recruteurs ayant annoncé avoir une intention d’embauche en 2023 ont réalisé au moins une embauche et que 80% des embauches de plus d’un mois ont été effectuées par des établissements ayant annoncé au moins une intention d’embauche en 2023.
Sur la tendance récente, on note une forte diminution des intentions d’embauche entre 2023 et 2024, -13%, « 47% des établissements envisagent actuellement d’embaucher contre 52% en 2023. Avec 6.266 projets de recrutement, on revient sur des niveaux de 2022 », rapporte Mohamed Daroussi, Responsable de service pilotage de la performance
Les mesures gouvernementales atténuent la crise
Plusieurs raisons à cela : la difficulté de trouver la perle rare, avec un déficit de compétence, ou d’entente sur le montant du salaire, mais plus souvent celle de l’insécurité et de la capacité d’attirer à Mayotte. « Heureusement, les mesures gouvernementales ont permis de maintenir l’activité économique et donc la capacité des entreprises à recruter ».
On apprend que près de 8 projets sur 10 sont portés par des établissements de moins de 50 salariés, pas étonnant dans une économie à dominante de petites et moyennes entreprises. On apprend d’ailleurs que ce sont elles qui cherchent à recruter, et non les grosses entreprises de plus de 200 salariés ou les petites de moins de 10, dont les projets de recrutement diminuent.
Les deux tiers des recrutements concernent le secteur des services : Santé humaine et action sociale +327 recrutements, (+78 %), Commerce de détail +116 (+23 %), Agriculture : +78 (+116 %). Alors qu’au contraire, l’étude retrace une diminution des projets d’embauche dans l’Administration publique, en particulier dans l’enseignement, – 795 (-35 %), c’est étonnant quand on sait que l’Éducation nationale ne cesse de chercher à recruter, la Construction, – 372 (-27 %) et l’Industrie agroalimentaire, – 71 (-54%).
Vente, tourisme, services, social et médico-social, ouvriers du bâtiment sont les plus demandés.
La tendance à la baisse au recrutement est nationale, mais davantage marquée dans 4 régions : Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Martinique et Mayotte.
Prés de 10% des recrutements abandonnés faute de candidats
Près de 4.445 offres de plus d’un mois déposées à France Travail ont été pourvues en 2023, soit 80,7% des offres. On note que 9,1% des recrutements sont abandonnés faute de candidats, contre 12,1% en 2022 et que 8,6% des recrutements sont annulés du fait de la disparition du besoin ou d’un manque de budget.
On sait que Pôle emploi n’avait pas forcément bonne presse. Pas sûr que le changement de nom y soit pour grand-chose mais avec 12 conseillers dédiés à l’accompagnement des entreprises dans leur parcours de recrutement, ces dernières se disent plutôt satisfaites à 81,9% des 774 répondants, « +6,7 points par rapport à 2022 ». En 2023, plus de 4.445 offres ont été collectées par France Travail dont près de 39% de CDI. « Le délai moyen de pourvoi des offres est de 29,3 jours », soit 2 jours de moins qu’en 2022.
Un grand plan de prospection est en cours chez France Travail, « nous sommes dans ‘l’aller vers’, notamment à travers les dispositifs comme ‘Action recrut’’ ou la Méthode de Recrutement par Simulation, MRS », précise Mohamed Daroussi. La première s’adresse aux entreprises dont les offres n’ont pas été pourvues dans un délai de trente jours maximums qui sont alors contactées par un conseiller Pôle emploi afin de dresser un diagnostic et trouver des solutions. Quant à la MRS, elle fait fi du niveau de diplôme et de l’expérience mais recrute « pour les capacités à occuper le poste proposé ». Une équipe sera mise en place à cette fin cette année chez France Travail Mayotte.
Il s’agit notamment de « ramener les personnes les plus éloignées vers l’emploi avec un effort soutenu sur les emplois francs pour les habitants des Quartiers Politiques de la Ville, un effort sur la formation pour les publics prioritaires visés, l’amélioration significative de la maîtrise des compétences socles et la qualification à des métiers qui recrutent ou en difficulté de recrutement ».
A.P-L.