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Mamoudzou

« Mayotte Place-nette » : le préfet donne des précisions sur le « Rideau de fer » maritime

C’est un point régulier sur la sécurité que veut tenir le préfet avec les élus pour « rendre compte » des avancées de l’opération « Mayotte Place-nette ». En fournissant des éléments concrets.

A la suite du point d’étape de l’opération « Mayotte Place nette » dressé à J+8 par la ministre déléguée aux Outre-mer, le préfet François-Xavier Bieuville rencontrait les élus ce vendredi pour débattre des actions en cours. Le représentant de l’Etat le voit avant tout comme « un exercice de démocratie », « c’est inscrit à l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, tout agent public doit rendre des comptes de son activité. C’est dans ce sens que j’avais annoncé aux élus tenir régulièrement des conférences de sécurité ».

Le sujet qui dépasse l’entendement à l’échelle du territoire, c’est celui des demandeurs d’asile dormant à ciel ouvert sur des matelas entassés sur les trottoirs de Cavani. On se souvient que leur présence autour du stade de Cavani avait alimenté le ras-le-bol des collectifs et lancé le mouvement des Forces vives avec blocage de l’île. L’image de l’envoi d’une majorité d’entre eux dans un château des Yvelines aura été un appel d’air royal pour les populations fuyant la région des Grands Lacs.

Trois tonnes de déchets retirées à Cavani

Femmes et enfants dorment dehors, « Une honte pour notre République », avait lâché Anchya Bamana (©JDM)

Ainsi, c’est une foule impressionnante qui se massait depuis mercredi à Cavani en attendant d’être décomptée par la préfecture : « Il y a environ 1.500 personnes recensées. Il fallait savoir de quelles nationalités, quel était leur statut juridique, s’il s’agissait ou pas de demandeurs d’asile. » Le JDM était sur place, les témoignages faisaient remonter une majorité de Somaliens et de Congolais, aux côtés de Burundais et de Rwandais. La présence des forces de l’ordre ce vendredi témoignait à la fois de l’urgence à trouver une solution pour ces hommes, femmes et enfants sans toit, à la fois de la nécessité d’agir à la suite de l’arrêté pris par le maire de Mamoudzou d’interdiction d’occupation de la voie publique, « que je dois faire exécuter ». Pour cela, une vaste opération de nettoyage a été menée, c’est à dire des matelas et divers objets appartenant aux migrants, « trois tonnes de déchets ont été retirées », rapporte François-Xavier Bieuville qui évoquait deux issues, « ceux qui doivent être reconduits à la frontière, et ceux qui peuvent être relogés, en priorité les femmes et les enfants. »

Mais sans solution immédiate, ces personnes se sont aussitôt réappropriées la rue. Reloger 1.500 personnes, sans compter ceux qui continuent à arriver, une tâche énorme et complexe par son ampleur, « cela va prendre du temps », notait le préfet.

Face aux élus, qui lui ont fait part « de leurs inquiétudes », sur plusieurs sujets, le représentant de l’Etat a égrené les dispositifs mis en place sous le label non plus Wuambushu mais « Mayotte Place-nette » : « Nous menons une bataille sécuritaire tous les jours, nous dérangeons dans les quartiers », ce qui explique selon lui les caillassages. Pour autant les habitants et conducteurs de bus n’en peuvent plus d’en être toujours la cible, comme ce fut notamment le cas jeudi soir à Mtsapéré, les longues files de voitures bloquées par les feux tricolores étant des proies idéales. « Il y a un gros problème de coordination des feux tricolores qui bloque la circulation, je vais voir avec le gestionnaire. » Des feux qui provoquent des embouteillages au Nord comme au Sud de Mamoudzou. Les autres zones sujettes à caillassages seront selon lui apaisées quand la stratégie d’occupation du terrain sera arrivée à terme. Ce qu’il illustre par « avant, il y avait 200 jeunes agressifs à Koungou, il n’y en a plus que 20, grâce à une présence systématique des forces de l’ordre ».

Un rideau de fer 2.0

Elus locaux, départementaux et nationaux avaient répondu présent ce vendredi

Serrer 60 chefs de bande dont les têtes repoussent comme une hydre, est pourtant un des objectifs de « Mayotte Place-nette ». Il s’agissait de rassurer les sceptiques donc, et les précisions étaient les bienvenues : « Nous visons des cibles bien précises, des organisateurs de réseaux criminels, des instigateurs d’action et d’infractions pénales. »

Le représentant de l’Etat donnait également des détails sur le mystérieux rideau de fer. Il l’a déjà dit en d’autres endroits, aucun mur, par même celui d’Hadrien, n’est infranchissable, mais la population attend que les trous de passoires soient comblés. Comme les fuites le laissaient entendre, on apprend que des moyens nouveaux seront déployés : « Nous avons lancé des appels à manifestation d’intérêt sur des technologies nouvelles, sollicitant l’intelligence artificielle, capables d’analyser des bruits de moteur. » Une feuille de route sur ce sujet est « en cours de rédaction », et sera présentée aux ministères compétents pour validation du budget, « il n’y a pas de raison qu’elle ne soit pas validée ». Une histoire de quelques semaines, puisque ces capacités supplémentaires seraient déployées « d’ici la fin du premier semestre » sur l’eau. On ne peut que regretter que ces marchés n’aient pas été passés par le gouvernement en amont de la mise en place de l’opération « Place-nette », cela aurait évité cette période de flottement.

Quant aux chiens errants, ne seront euthanasiés que ceux qui « présentent un caractère dangereux », preuves à l’appui.

D’autres opérations de démolition d’habitat insalubre et illégal seront menées, en parallèle de l’interpellation des chefs de bande, et comme nous l’avions écrit, si on faisait du Wuambushu sans le savoir avant que cette étiquette ne soit collée à ces opérations, « nous continuerons à en faire même quand Mayotte Place nette sera terminée », concluait le préfet.

Anne Perzo-Lafond

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