Malgré les caillassages qui n’ont pas manqué de ponctuer l’opération, la destruction des cases illégales des hauteurs de Doujani 2 a commencé ce mardi 16 avril au matin à Doujani 2. Et ce, avant même l’annonce officielle de Marie Guévenoux, qui n’a eu lieu qu’à 11h en direct de Paris sur le réseau social X. La ministre déléguée aux outre-mer y a confirmé ce dont tout le monde se doutait, à savoir que cette destruction d’habitats illégaux à Doujani 2 marquait le début de l’opération « Mayotte place nette », nouveau nom attribué au deuxième épisode de l’opération Wuambushu. Ce changement de nom a sans doute pour objectif de se détacher d’une étiquette associée à un échec dans l’esprit de la population mahoraise. Il faut bien admettre en effet que cette première grande opération de « lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat insalubre et la délinquance » n’a strictement rien changé au quotidien anxiogène et violent des Mahorais.
Si « Mayotte place nette » a les mêmes objectifs que Wuambushu, le gouvernement a affirmé que les méthodes des forces de l’ordre avaient été révisées pour davantage d’efficacité. Nous ne pourrons juger du résultat qu’à la fin de l’opération, prévue à la fin du mois de juin. En attendant, ce premier épisode de « destruction d’habitats illégaux » à Doujani 2 a été un succès puisque les forces de l’ordre ont réussi à protéger l’opération contre les caillasseurs, qui ont tenté de la stopper, expliquant les échauffourées de la veille et de la matinée même de l’opération.
Une destruction préparée depuis 6 mois
Les « grandes opérations gouvernementales » ne sortent pas du chapeau, elles permettent malgré tout un renfort en force de l’ordre afin de sécuriser des opérations déjà prévues de longue date en concertation avec les communes concernées. Ainsi, cette destruction d’habitats illégaux à Doujani 2 était en réalité dans les cartons depuis de nombreuses années. « Cette destruction s’inscrit dans le cadre de la construction de la ZAC de Doujani dont les premières études de faisabilité ont débuté il y a environ 15 ans », explique Magoma Hamidani, le 2ème adjoint au maire de Mamoudzou en charge des projets structurants. « Les habitants de ce quartier ont été prévenus depuis 6 mois, des enquêtes sociales ont eu lieu et tous les Français, les étrangers en situation régulière ou les étrangers en situation irrégulières mais dont les enfants sont scolarisés à Mayotte se sont vu proposer un relogement », poursuit-il. Quid de ceux dont les enfants ne sont pas scolarisés, sont-ils amenés directement au Centre de Rétention Administrative ? Sans doute, mais la préfecture reste discrète sur le sujet pour le moment.
Toutefois, pour être relogé, encore faut-il accepter l’enquête sociale préalable, ce qui est loin d’être le cas de toutes les personnes concernées par cette destruction. Par ailleurs, mêmes celles qui ont répondu à l’enquête, n’ont pas forcément accepté le relogement qui leur était proposé. C’est souvent parce que ces solutions sont provisoires et que les personnes craignent de se retrouver à la rue une fois le délai expiré. Même si, entretemps, ils sont suivis par des travailleurs sociaux qui font tout pour que cela ne se produise pas, la peur demeure. Quoiqu’il en soit, la Ville de Mamoudzou, épaulée par l’Etat, a bien l’intention de récupérer les terrains qui lui appartiennent afin de pouvoir se développer. En l’occurrence, le terrain récupéré ce mardi matin servira à construire un cimetière, élément « qui manque dans la commune » selon le 2ème adjoint au maire.
N.G