Même si cette opération était prévue de longue date, le nouveau préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, n’a pas perdu de temps pour se mettre dans le bain et s’imprégner de la situation mahoraise moins d’une semaine après sa prise de fonction officielle lors de la visite de la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. « Cette opération aurait dû se faire à la fin du mois de janvier, mais avec les barrages dans l’île elle a dû être repoussée à aujourd’hui, a-t-il déclaré. Ce sont 137 cases qui vont être détruites, ce qui représente une cinquantaine de familles, soit environ entre 200 et 220 personnes. Les décasages sont très importants, c’est à la fois un choc de sécurité, d’autorité, de fermeté et de justice. Ils permettent de sortir de l’insalubrité des gens vulnérables et souvent en souffrance », a complété le représentant de l’État à Mayotte.
Le préfet assure également que ce décasage est le premier d’une longue série qui aura lieu cette année, en plus de Wuambushu. « Il y en aura neuf en tout en 2024 ». Le seul hic, c’est que sur la cinquantaine de familles concernées par le décasage de ce lundi, une seule a accepté d’être relogée. Aussi depuis vendredi et jusqu’à hier (lundi), une permanence sociale était installée au sein de la place du marché à Hamouro avec la présence d’associations comme Mlezi Maore afin de continuer de proposer aux familles d’être relogées. « Il faut faire comprendre à ces gens que c’est une solution temporaire, aussi je pense que cela peut prendre du temps », a constaté le préfet. L’objectif de cette opération était de redonner du foncier à la commune de Bandrélé afin qu’elle puisse mettre en œuvre des projets immobiliers.
Un projet de construction de 150 logements
Cette opération de grande ampleur de par le nombre de forces de l’ordre mobilisé, sans compter les tractopelles et autres camions benne, va permettre de dégager du foncier, dont Mayotte manque cruellement, pour construire plusieurs dizaines de logements. « Il y aura plusieurs tranches de travaux… Une première comportant 38 logements qui sortiront de terre le plus rapidement possible, a précisé Maoulida Abdou, maire adjoint de Bandrélé. Une seconde phase sera mise en œuvre pour arriver à un total de 150 logements ». Le début des travaux devrait commencer à la fin de la saison des pluies, d’ici quelques semaines. « Ce seront des travaux de voirie en premier lieu, cela devrait durer entre 12 et 18 mois. On aura déjà une première bouffée d’oxygène », se réjouit l’adjoint au maire.
Ce projet d’aménagement se situera au nord d’Hamouro, près de l’école primaire. « Le but est de proposer des logements dignes à des personnes qui vivaient dans des conditions sanitaires déplorables. Il s’agit de leur donner une situation de vie normale, quel que soit leur origine sociale, nous ne ferons pas de distinction », a ajouté Maoulida Abdou. Chose à laquelle François-Xavier Bieuville semble également très attaché. « Je suis favorable à la mixité sociale, c’est très important car c’est l’apprentissage de la citoyenneté. Il convient de vivre en harmonie sans faire une distinction concernant l’origine sociale », a-t-il insisté.
Sans vouloir donner de date précise, la préfecture a indiqué que la prochaine opération de lutte contre l’habitat insalubre devrait avoir lieu dans les prochaines semaines, sans doute du côté de Doujani…
B.J.