Il y a quelques temps, nous avions cru être contactés par Assani Saindou Bamcolo, le maire de Koungou, sur Messenger. Ce dernier nous proposait « une aide financière non remboursable mise en place par l’Agence Française de Développement (AFD) dans le but d’améliorer les conditions de vie des populations et de les accompagner dans leurs projets ». Interloqués par cette étrange proposition, nous en avons parlé autour de nous et un proche nous a confié avoir reçu exactement le même message de la part d’Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou. Nous avons alors contacté ces deux élus pour savoir ce qu’il en était et ils nous ont confié ne pas être l’auteur de ces messages, mais d’avoir été piraté.
« Cela fait plusieurs années et je n’arrive pas à me débarasser de ce pirate », nous a confié Assani Saindou Bamcolo, qui a pourtant déposé plainte auprès de la police et effectué un signalement à Facebook. En vain. Ni les autorités, ni Meta n’ont pu y faire quelque-chose. « A un moment, presque tous les maires de l’île étaient concernés par cette usurpation d’identité », ajoute-il. Dernièrement, la députée Estelle Youssoufa et le sénateur Saïd Omar Oili ont alerté également leurs abonnés que de faux comptes créés en leurs noms circulaient sur les réseaux sociaux.
Puisque l’arnaque en question mentionnait une aide de l’AFD, nous avons contacté son directeur, Ivan Postel-Viney, qui nous a bien confirmé que sa structure n’offrait pas de subvention à des particuliers et encore moins en passant par les élus via les réseaux sociaux.
Comment fonctionne cette arnaque ?
Si la personne contactée est intéressée par l’offre, généralement très insistante, du pseudo « élu », ce dernier lui demande son adresse mail et son numéro whatsApp, ce qui peut permettre au pirate d’envoyer des liens frauduleux pour récupérer les données de la personne, voire son numéro de carte de crédit. D’autre part, si la personne accepte l’offre, le pirate lui demande de l’argent pour « monter le dossier ». « En général, les gens qui me connaissent m’appellent et je les avertis immédiatement qu’il s’agit d’un piratage », déclare Assani Saindou Bamcolo. « Toutefois, il y a quelques années, une personne s’est faite avoir et a été escroquée de 2000 euros par ce pirate », révèle-t-il.
D’autres arnaques ont également été montée au nom du maire de Koungou. « Les gens recevaient des messages disant que j’étais coincé en Afrique et que j’avais besoin d’argent pour rentrer. Ils s’inquiétaient donc pour moi », raconte-il. Quelque soit le type d’arnaque, le but est toujours le même : extorquer une somme d’argent à la victime. Assani Saindou Bamcolo déplore que la police n’ait pas recherché plus activement à neutraliser ces pirates internet qui sévissent en son nom.
Nora Godeau