Une fois n’est pas coutume, le convoi ministériel avait pas mal d’avance ce mardi matin. Dès son arrivée sur le sol mahorais Marie Guévenoux a officiellement installé le nouveau préfet, François-Xavier Bieuville, dans ses fonctions à l’occasion d’une brève cérémonie, place de France à Dzaoudzi. Puis direction la préfecture de Grande-Terre pour une réunion avec le comité de pilotage composé de plusieurs services de l’État, du procureur de la République (Yann Le Bris), du commandant de la gendarmerie de Mayotte (Lucien Barth), du directeur territorial de la police national (Hervé Derache), ou bien encore du directeur de l’Agence régionale de santé (Olivier Brahic).
Objectifs : réaffirmer haut et fort les annonces faites par les ministres au début du mois de février, organiser et coordonner les actions de chacun pour la mise en place des mesures. A sa sortie de réunion la ministre déléguée a insisté sur le fait qu’elle avait tenu son engagement de revenir à Mayotte avant la fin du mois de février et a renouvelé par la même occasion la confiance qu’elle avait, ainsi que Gérald Darmanin, dans la nomination de François-Xavier Bieuville. « C’est un acte fort… Nous voulons ainsi rétablir l’ordre public et la paix durable à Mayotte », a-t-elle dit.
Lever les barrages pour que les forces de l’ordre puissent agir
Après avoir insisté, une nouvelle fois, sur le fait qu’elle avait tenu son engagement en consolidant, notamment, les annonces faites concernant la fin du droit du sol à Mayotte et sur la fin des titres de séjour territorialisé, Marie Guévenoux a salué les « Forces vives » qui avaient mis fin aux barrages et a regretté que tous ne soient pas levés. « Les barrages nuisent à la situation de Mayotte mais aussi aux Mahorais, notamment sur leur sécurité car les forces de l’ordre mobilisées sur ou autour des barrages ne peuvent pas intervenir pour des décasages, sécuriser les citoyens et faire des arrestations, … De plus cela occasionne des problèmes d’approvisionnement, de santé, d’eau mais aussi entraine un impact sur la construction des infrastructures. Les barragistes doivent nous laisser travailler et lever les barrages », martèle la ministre déléguée. En effet, elle assure qu’une fois l’ensemble des barrages levés, de nombreux effectifs des forces de l’ordre seraient déployés sur le terrain. « Nous avons des objectifs chiffrés, le ciblage d’individus, nous allons aider la population à avoir une meilleure sécurité ».
Peu de chance pour que soit mis en place l’état d’urgence
En ce qui concerne l’état d’urgence, Marie Guévenoux a rappelé que c’était un régime d’exception… « C’est un dispositif législatif qui peut avoir une réalité pertinente dans l’Hexagone mais qui n’aurait pas d’effet à Mayotte », soutient-elle. Pour cela elle a donné quelques exemples comme l’assignation à résidence (peu applicable à Mayotte…) ; le couvre-feu, déjà mis en place par certains maires de l’île ; ou encore la fermeture des restaurants, des lieux de culte, etc. « Je ne pense pas que c’est ce que les gens veulent ». Aussi le nouveau préfet sera le fer de lance pour la mise en place des annonces faites. « Le travail des forces de l’ordre va être ciblé, explique la ministre. Des arrêtés seront pris par le préfet en fonction de la situation… ». Enfin concernant le rétablissement rapide de la paix dans l’île, Marie Guévenoux a indiqué de manière assez laconique que « Tous les services de sécurité sont engagés et qu’il faut lever les barrages pour laisser travailler les forces de l’ordre ».
Suite a cette réunion du comité de pilotage, la ministre déléguée aux Outre-mer est allée échanger avec des enseignants et des élèves du lycée Bamana à Mamoudzou sur le dispositif « École ouverte » mis en place durant les vacances. « C’est un dispositif rare, exemplaire, dense, nécessitant la mobilisation et l’engagement de chacun », s’est-elle félicitée.
B.J.