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Mamoudzou

Blocage des routes : pour fonctionner, certains services de l’État adoptent des rotations pour leurs agents

L’édification de nombreux barrages sur les routes du territoire depuis maintenant de trop nombreuses semaines a plongé le 101e département français dans une crise sociale dont il sera difficile de se remettre. Tous les secteurs sont touchés et fonctionnent en mode dégradé quand ils ne sont pas paralysés. Aussi, certaines professions aux activités sensibles ont dû s’adapter à de telles conditions, à l’image des surveillants pénitentiaires.

Des équipes en rotation tous les 3 jours

Pour faire face à l’absence de surveillants ne pouvant se rendre à la prison de Majicavo dû au fait qu’ils habitent dans le nord ou le sud de l’île, l’administration pénitentiaire a mis en place un système de rotation avec des équipes. « Les barrages ont compliqué la possibilité pour certains collègues de se rendre au centre pénitentiaire de Majicavo, notamment ceux qui habitent dans le nord et le sud de l’île. Un système de taxi boat a été mis en place afin qu’ils puissent se rendre sur leur lieu de travail. Pour le sud une navette part de Kani-Kelli pour emmener les collègues et pour le nord c’est du côté de Mtsamboro. Ils restent 3 jours à Mamoudzou où ils sont logés et nourris par l’administration pénitentiaire, puis la navette vient les récupérer pour les ramener chez eux pendant qu’une autre équipe assure la relève. Nous fonctionnons avec ce système de rotation depuis environ une semaine et demi, explique le secrétaire local de FO justice, Houmadi Mouhamadi. L’administration a ainsi décidé de regrouper les équipes par secteur ».

Prison, Mayotte
L’intérieur du centre pénitentiaire de Majicavo

Concernant les surveillants habitant à Mamoudzou ou dans son agglomération, il n’y a pas de problème majeur pour qu’ils puissent se rendre sur leur lieu de travail, assure le syndicaliste. Et d’ajouter que quand les barges ne naviguaient pas, les surveillants vivant en Petite-Terre étaient transportés par des navettes de la gendarmerie ou de la police. « Il n’y a pas eu de difficulté pour relier la Grande-Terre à Petite-Terre pendant les perturbations à la STM… Et encore moins maintenant que les rotations des barges ont repris une cadence quasi normale ». Toutefois, le syndicaliste ne cache pas avoir négocié fermement pour obtenir des prix convenables auprès des taxis boat afin que des surveillants puissent être acheminés jusqu’à Mamoudzou. « Certains transporteurs nous ont présentés des devis beaucoup trop élevés et profitent de la situation actuelle pour augmenter fortement leur prix, nous avons dû batailler dur pour obtenir un prix acceptable », indique-t-il.

Car en effet, cette crise commence à coûter très cher à l’ensemble des secteurs économiques et aux administrations, et sans doute au premier rang desquels les forces de l’ordre et les surveillants pénitentiaires. « Pendant les 3 jours où ils restent à Mamoudzou, nos collègues sont logés à l’hôtel et leurs repas sont pris en charge », raconte Houmadi Mouhamadi. Aussi, cela à forcément un coût…

Une hausse des incarcérations depuis quelques temps

Même si les chiffres sont assez fluctuants concernant le nombre de personnes détenues à la prison de Majicavo, le secrétaire local de FO justice avoue que le rythme des incarcérations s’est intensifié ces derniers temps. « Il y en a tout le temps ! Le matin, le soir, le dimanche. On voit que pas mal de prisonniers rentrent à la maison d’arrêt ». Et cela va commencer à poser de très sérieux problèmes puisque selon le syndicaliste, le nombre de prisonniers à Majicavo est monté jusqu’à 700, il y a peu de temps, pour seulement 278 places. « Nous sommes redescendus sous cette barre, mais on est pas loin des 300% d’occupation pour le centre pénitentiaire. À la maison d’arrêt cela tourne aux alentours de 280%… Au global, maison d’arrêt et centre pénitentiaire, on avoisine les 260% ! ».

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Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, devant les plans d’extension du Centre pénitentiaire en mars 2022

Contrairement aux idées reçues, la prison de Majicavo n’a pas tout le temps eu le record de France concernant le taux d’occupation carcéral, comme le raconte le responsable syndical. « Avant c’était la prison de Laval, située en Mayenne, qui détenait le record, mais depuis la fin de 2023 c’est nous qui avons la triste palme d’or. Le pire c’est que nous n’arrivons pas à redescendre », déplore-t-il. Il s’étonne aussi des déclarations du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, lors de sa récente venue à Mayotte, au sujet de la construction d’une deuxième maison d’arrêt et pour qui, selon les dires du locataire de la place Beauvau, il n’y aurait pas encore eu de terrain proposé à l’administration. « A ma connaissance deux terrains ont été proposés par la préfecture… Des fonctionnaires de l’Agence publique pour l’immobilier de la justice (APIJ) devaient se rendre dans l’île au cours du mois de janvier pour expertiser les terrains, mais personne n’est venu ! Peut-être est-ce dû au contexte que connaît l’île actuellement ? », s’interroge-t-il.

Enfin, concernant le transfèrement de prisonniers de Majicavo vers La Réunion, le responsable local de FO justice considère que cela ne peut pas être une solution à terme. « A La Réunion aussi il y a un fort taux de surpopulation carcérale qui s’élève à 150%. Beaucoup de Mahorais y sont incarcérés et cela engendre de plus en plus de bagarres entre eux et des Réunionnais, notamment dans les cours de promenade ».

B.J.

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