Jusqu’à il y a quelques mois, il était encore possible pour des dirigeants de sociétés ou d’administration, de discuter du bien-fondé des droits de retrait brandis par leur personnel. Désormais, la situation n’a fait qu’empirer, et adultes et élèves sont en première ligne pour subir de plein fouet l’aggravation des formes de délinquance.
Et ce n’est pas seulement apr comparaison avec l’Hexagone où les enseignants d’un lycée parisien ont fait valoir leur droit de retrait en raison de la présence de punaises de lits en octobre 2023, mais parce qu’en faits bruts, les dommages physiques se multiplient ici.
Alors que chez les leaders du mouvement des « Forces vives », la colère enfle suite à l’absence de réponse du gouvernement, la population continue de souffrir de l’insécurité. Les réseaux sociaux honnis pour leur inconséquence, montrent toutefois toute leur utilité, et on peut se demander combien de victimes s’il n’y avait pas eu ces échanges en réponse du « ça passe ? », multi-quotidien sur les groupes d’habitants qui continuent à assurer leur mission et tienne leurs postes, qu’ils soient dans le privé ou le public.
Nous avons alerté de multiples fois, en prenant le temps de nous arrêter sur les cas les plus graves, comme celui de cet enseignant qui souffre d’une plaie profonde au crâne provoquée par une agression à coups de fer à béton il y a quelques jours.
Nous avons également répercuté les informations sur les établissements scolaires victimes de délinquance externe, comme le collège Frédéric d’Achery de Koungou, une attaque en règle, avec heureusement, aucune intrusion, une chance quand on écoute le personnel évoquer la violence des évènements. Mais sans écho sécuritaire.
Des interpellations, il y en a, mais c’est d’un déficit de protection dont souffrent les habitants.
Pour que les établissements scolaires continuent à être un refuge
Le dernier en date nous incite à ne plus faire du saupoudrage d’informations, mais à publier in extenso les courriers reçus, ce que nous faisons très rarement, estimant qu’une bonne explication vaut mieux qu’une information brute non contextualisée.
Difficile de remonter dans le temps pour suivre l’ordre d’apparition sur la scène insécuritaire, jusqu’aux agressions mortelles de deux lycéens à une semaine d’intervalle à Mtsangadoua et Cavani en 2021 ? Jusqu’au décès d’un jeune de 17 ans devant le lycée de Sada où il allait s’inscrire en 2019 ? Sans continuer le décompte macabre, depuis plusieurs mois, les agressions vont de bus scolaires à collèges et lycée, avec les sécurisations qui montent sans arrêt en grade pour faire de nos élèves des réfugiés dans des bunkers.
Mi-décembre 2023, les élèves du collège Kwalé à Tsoundzou avaient été confinés à la suite d’attaques de « bandits », de « voyous », indiquait la communauté enseignante dont nous publions le communiqué, puis ce fut le collège de Doujani avec la demande d’une sécurisation de l’établissement, puis le 24 janvier dernier lors du violent assaut du collège Frédéric d’Achery de Koungou par une cinquantaine de délinquants, « nous sommes en danger lors de nos déplacements vers et depuis notre lieu de travail, certains membres du personnel ayant été agressés, et les bus scolaires caillassés ». Le dernier en date est un « appel à l’aide » du personnel du collège Zakia Madi de Dembéni ce 1er février qui décrit des « scènes de guerre » lors de « caillassages aux abords de l’établissement », et qui ont même « franchi les portes du collège », avec « la loge et le portail de l’établissement », vandalisés.
Tous réclament « des actions fortes, immédiates et durables de la part de l’Etat » pour sécuriser la situation.
Anne Perzo-Lafond