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Sauvetage maritime : La SNSM de Mayotte appelle à la prudence lors des sorties en mer

La Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Mayotte a réalisé pas moins de 69 opérations de secours en 2023, sans compter la surveillance des manifestations nautiques, pour un total de 137 personnes secourues. Bien qu’étant essentielle au sauvetage des naufragés, le fonctionnement de la station n’en demeure pas moins fragile tant d’un point de vue humain que financier.

Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse beau, les bénévoles de la SNCM de Mayotte prennent leur bateau pour venir au secours des personnes se trouvant dans une situation périlleuse en mer. « Nous avons 15 minutes pour appareiller avant de foncer sur le lieu qui nous a été signalé par le Cross (Centre régional des opérations de secours et de sauvetage) qui se situe à La Réunion », explique Sylvain, membre de La SNSM. La trentaine de bénévoles de la station mahoraise possède ainsi une application (woallen) sur leur téléphone leur permettant d’être contactés rapidement, par notification, afin de pouvoir se rendre en opération de sauvetage.

A bord de leur bateau le « Tamani », situé en Petite-Terre, ils peuvent intervenir à de nombreux endroits situés autour de l’île, et parfois au large. « Le bateau est équipé de deux moteurs de 300 chevaux chacun nous permettant d’atteindre une vitesse maximale de 45 nœuds nautiques, soit environ 90 km/h, ce qui est assez conséquent. L’idée est de mettre moins d’une heure, depuis le déclenchement de l’alerte, pour se rendre dans n’importe quel endroit autour de l’île ».

Malgré les bonnes volontés il faut recruter des bénévoles chaque année

La trentaine de bénévoles de la SNSM de Mayotte se relaient régulièrement pour venir en aide aux naufragés (DR)

Être bénévole au sein de la SNSM de Mayotte demande quelques sacrifices, notamment du temps et de la disponibilité. « Chaque année j’ai un peu près 30% de mon équipage que je dois renouveler. Beaucoup de nos bénévoles ne sont là que pour un temps limité… Nous avons malheureusement très peu de bénévoles locaux, déplore le chef d’équipe. Il n’y a pas de sensibilisation à cette cause-là, je trouve cela dommage. ». En effet, les bénévoles de la SNSM doivent faire preuve de beaucoup d’engagement, avoir de la motivation et de la disponibilité pour suivre les entrainements, à raison d’au moins un par semaine, sans compter les formations qu’il faut suivre.

« On s’adapte à nos bénévoles… Tous les équipiers ont suivi et suivent régulièrement des formations qu’ils soient débutants ou confirmés. Le but est de créer des réflexes et de maintenir aussi les acquis. Cela va du simple matelot auquel on apprend à faire des nœuds et à connaitre le langage et les termes nautiques, aux plus expérimentés, les nageurs de bord par exemple, qui ont plusieurs pré requis comme le permis côtier et ont suivi des formations de secourisme (PSE1, PSE2) et ont passé le CRR maritime (certificat restreint de radiotéléphonie), en plus des tests de sélection. Chacun doit savoir ce qu’il a à faire bord, il ne doit pas y avoir de doute, notamment pour éviter les risques car il y a des vies en jeu », rappelle Sylvain.

Les fonds manquent mais la motivation demeure

Le « Tamani », semi rigide de 9,5 mètres, est entièrement équipé en matériel de secours et peut embarquer jusqu’à 6 personnes d’équipage, sans compter les potentiels naufragés. Ses moteurs ultra puissants lui permettent d’aller très vite sur la mer mais cela n’est pas sans conséquence. « Quand nous sommes à toute puissance, aux alentours de 45 nœuds, on peut consommer jusqu’à 180 litres d’essence par heure. Le carburant est le poste le plus cher dans notre budget. A la différence des stations métropolitaines de la SNSM, nous ne bénéficions pas de réduction de TVA et nous payons l’octroi de mer », raconte le nageur de bord.

L’embarcation de la SNSM aux abords de la pointe Mahabou survolée par l’hélicoptère de la Gendarmerie
(illustration/®MLG)

Aussi à chaque intervention le plein est fait, ce sont ainsi 660 litres de carburant qui sont remplis dans les réservoirs du « Tamani », sans compter la désinfection du bateau et son reconditionnement pour une nouvelle intervention. Tout cela est fait par les membres bénévoles de l’équipage. La SNSM vit des dons, du mécénat et aussi des aides allouées par la société mère. Son budget de fonctionnement à l’année est d’environ 50.000 euros, d’après le chef d’équipage, hors achat de matériel. Comme souligne Sylvain, un seul moteur coûte 30.000 euros… Autant dire qu’il vaut mieux qu’il ne tombe pas en panne.

Certaines missions de sauvetage sont plus périlleuses que d’autres (archives/®MLG)

Même si le sauvetage en mer des personnes est gratuit, le sauvetage des biens, lui, comme le remorquage d’un bateau est payant. « Quand nous sommes appelés pour intervenir nous ne nous posons aucune question, que ce soit le chavirage d’un bateau kwassa avec ses passagers à l’eau, un accident de chasse sous-marine, une baignade qui tourne mal, … Pour nous ce sont tous des naufragés ». Sylvain et son équipe sont ainsi intervenus le 31 décembre dernier pour venir en aide à un pêcheur dont le moteur de son bateau était en panne. « Il était en train de se perdre, mais surtout il dérivait au large. Nous avons passé tout l’après-midi pour le ramener à terre. Sortir en mer demande de la préparation, d’avoir du matériel de sécurité. Il ne faut pas être imprudent car la mer sera très souvent gagnante », fait-il observer.

Aussi pour 2024, Sylvain a quelques vœux… Notamment une baisse des interventions, plus de sérieux de la part des personnes qui s’aventurent en mer, mais aussi davantage de dons et de bénévoles, « On prend toutes les âmes motivées ! ». Enfin, le chef d’équipage souhaiterait aussi une détaxe sur le carburant et l’absence de l’octroi de mer. A bon entendeur…

B.J.

Pour joindre les secours en mer :

Tel Cross : 196

Radios V.H.S : Canal 16

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