Cela n’a sans doute pas échappé à la population mahoraise, depuis maintenant plusieurs jours les déchets s’entassent dans les poubelles, les conteneurs et les rues des principales communes de l’île. À tel point que dans certains endroits, les ordures jonchent la route et les trottoirs. A Chiconi par exemple dans de nombreux quartiers de la commune les poubelles se sont accumulées générant de l’insalubrité. « Depuis quelques temps maintenant, les déchets ne sont pas ramassés, surtout en cette fin d’année. Aussi c’est compliqué, les poubelles ne passent pas dans tous les quartiers de la Ville, s’étonne le maire de Chiconi, Mohamadi Madi Ousseni. Aucun planning des ramassages des ordures ne nous a été communiqué, pourtant nous l’avons demandé ».
Le maire de Chiconi regrette également l’absence de communication et d’information sur ce problème de propreté qui touche le territoire tout entier. « C’est un sujet qu’on occulte… On parle des problèmes d’eau, de l’insécurité, … Mais personne ne parle des déchets au bord des routes et dans les communes, alors que c’est un véritable fléau ».
L’incivilité des habitants pointée du doigt
Certaines communes semblent, à priori, moins touchées que d’autres. A Mstamboro, par exemple un cadre de la mairie raconte : « Nous n’avons pas spécialement de problème même si en ce moment c’est un peu l’anarchie avec cette période de fêtes… Le ramassage se fait correctement dans la commune (mardi, jeudi et samedi). Ce serait plutôt la population qui ne respecte pas les jours de ces tournées en sortant les poubelles en dehors des jours prévus ce qui génère des nuisances ». Aussi, la mairie a décidé de sanctionner les habitants qui abandonnent leurs poubelles sur la voie publique, en dehors des jours de passage des éboueurs.
C’est aussi ce qu’explique Hanafi Ben-Mohamed, Chargé de la prévention des déchets, de l’Information et de la sensibilisation au sein de la Cadema. « En ce moment la collecte est assurée normalement, sauf le mercredi et le dimanche, explique-t-il. Le problème c’est que les gens déposent leurs déchets au fur et à mesure, ce sont des dépôts sauvages de détritus qui s’amoncellent à proximité des points de collecte. Même si nous sommes en période de fêtes, les incivilités augmentent. Les gens laissent leurs ordures un peu partout, ils ne respectent pas le calendrier ni les horaires. De plus, ils mélangent toutes sortes de déchets et la hausse du nombre des bouteilles en plastique accentue aussi le phénomène. Il faut accompagner la population pour adopter les bons gestes, mais cela prend du temps », concède le Chargé de la prévention des déchets au sein de la Cadema. Toutefois, il assure que le nécessaire est fait malgré les problèmes que peuvent rencontrer les agents, notamment en ce qui concerne les travaux et l’insécurité. « Cela a forcément un impact sur la collecte des déchets », justifie-t-il.
Du côté du Sidevam, on reconnait que cette période de l’année est toujours un peu compliquée, notamment après Noël, du fait de la hausse de l’activité causée par les fêtes ; et qu’en plus avec le lundi comme jour férié cela a pénalisé certaines communes concernant le ramassage des déchets. Pour son président, Houssamoudine Abdallah, les choses devraient s’améliorer rapidement et se fluidifier d’ici la fin de la semaine. « On a mis le paquet depuis déjà plusieurs mois pour que les choses changent. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour les usagers et nous allons continuer. Ce sont ainsi 10.000 bacs qui vont être distribués à la population dans les trois mois qui viennent. De plus les déchetteries mobiles vont se généraliser dans la plupart des communes permettant ainsi d’évacuer les encombrants et les déchets verts ».
Le président du Sidevam déplore également l’incivilité de certains habitants. « C’est un réel problème, les gens ne trient pas, ils mélangent tout, encombrants, ordures, déchets verts… Ce qui occasionne souvent des casses sur nos camions. Nous devons faire un travail sur l’incivilité. La population doit respecter le calendrier des collectes et ne pas faire de dépôts sauvages, elle doit déposer les déchets au bon endroit et au bon moment. Pour nous 2024 sera l’année de la sensibilisation ». Houssamoudine Abdallah estime que d’ici 6 mois, grâce aux moyens mis en oeuvre par le Sidevam, les choses devraient aller mieux concernant la propreté dans l’île, « à condition que la population joue le jeu ».
B.J.