Ce mardi matin au ponton du port de Mamoudzou, situé au niveau du restaurant « La Croisette », c’était un peu le « branle-bas de combat ». Les agents de l’Agence d’Attractivité et de Développement du Tourisme de Mayotte (Aadtm) et ceux de la société privée Baobab Tour se préparaient à accueillir plusieurs centaines de croisiéristes du paquebot « MS Bolette » pour leur faire découvrir les charmes de l’île au lagon. « 325 passagers ont réservé des excursions avec Baobab Tour. L’Aadtm se charge de l’accueil de ceux qui préfèrent faire des circuits libres. Nous ne savons jamais à l’avance combien de passagers descendent du bateau, mais en général c’est autour de 300. Nous les conseillons sur les choses à voir et à faire à Mayotte, leur fournissons des cartes, mais ensuite ils partent seuls », explique Côme de Framond, manager des opérations au sein de l’Aadtm. Bien entendu, pendant cette journée d’excursion, les forces de l’ordre sont chargées de « veiller au grain » pour ne pas qu’il arrive malheur à ces touristes si importants pour l’économie de l’île et l’image de Mayotte.
C’est la première fois que le paquebot MS Bolette de la compagnie Fred Olsen Cruises Lines fait escale à Mayotte. Parti de Southampton en Angleterre le 19 novembre dernier, il a parcouru la Méditerranée, est passé par le canal de Suez jusqu’en mer Rouge avant de relier l’océan Indien. Il remontera ensuite la côte ouest de l’Afrique pour rejoindre son port d’origine le 2 février prochain. Plusieurs mois de voyage donc, avec une escale prévue dans chaque pays où cela est possible. « Nous sommes descendus en Egypte, en Inde, en Tanzanie. Ici ça doit déjà être la 25ème escale », nous livre John, un retraité qui a entrepris ce voyage pour « fuir l’hiver triste et gris de l’Angleterre », mais aussi pour « découvrir cette région du monde qu’il ne connaissait pas ». Comme peu de travailleurs peuvent se permettre de si longues et coûteuses vacances, les croisiéristes sont, pour l’écrasante majorité d’entre eux, des retraités au niveau de vie aisé. « La moyenne d’âge à bord est de 73 ans », confirme Côme de Framond.
Mayotte, cette inconnue
Malgré leur âge avancé, la plupart des croisiéristes tenaient la forme et certains ont même esquissé quelques pas de danse improvisée au son des m’biwis que faisaient retentir l’association chargée de leur concocter un accueil mahorais traditionnel digne de ce nom. Ils n’ont pas hésité ensuite à se lancer sur cette île inconnue de la plupart d’entre eux. « Nous n’avions jamais entendu parler de Mayotte avant de faire ce voyage » », nous ont avoué humblement la majorité des touristes. « C’est une île française, c’est bien cela ? Est-ce que c’est comme La Réunion ? », sont les remarques que nous avons entendu le plus souvent, preuve que Mayotte a encore du chemin à parcourir pour être aussi connue que sa voisine des Mascareignes. A une exception près cependant : Christina et Marc, un couple de retraités qui avait déjà eu l’occasion de visiter Mayotte il y a vingt ans et en avait gardé un excellent souvenir. « We love Mayotte ! », a affirmé Christina avec un grand sourire. Ayant choisi pour leur part un circuit libre, ils vont pouvoir découvrir les évolutions qu’a connu l’île aux parfums pendant tout ce temps…les bonnes comme les moins bonnes !
Plusieurs circuits étaient proposés aux croisiéristes par l’agence réceptive Baobab Tour. Des circuits lagon avec la collaboration des opérateurs de sortie locaux et des circuits terrestres avec la visite du sud de l’île et ses célèbres plages de Sakouli et N’Guja notamment. Le centre de l’île et la Petite-Terre n’ont pas été oublié avec la possibilité d’observer les oiseaux du lac Karihani ou de se promener sur le cratère du lac Dziani. Seul le nord de Mayotte n’était pas ouvert aux touristes, sans doute en raison de l’organisation trop récente de l’office du tourisme de cette région. En tout cas, l’arrivée de ce paquebot a été l’occasion de faire tourner un peu l’économie du tourisme mahorais, ce dont se réjouit Michel Madi, le directeur de l’Aadtm : « ces croisiéristes vont faire travailler les établissements touristiques de l’île qui en en bien besoin en ce moment ! ».
Nora Godeau