Depuis le début de ce mois de décembre, le groupe des rebelles yéménites, les Houthis, multiplie ses attaques en ce stratégique et international corridor maritime. Des attaques qui se voulaient initialement à l’encontre exclusive des navires israéliens, en représailles du conflit mené contre la Palestine et le Hamas. Implicitement soutenue par l’Iran, notamment en matière d’armement, il semblerait que cette milice — issue d’une branche du courant religieux chiite — ait élargi sa marge de manœuvre revendicative entrainant, ce mardi 26 décembre dernier, l’attaque par drones de la ville portuaire israélienne d’Eilat mais également, par missiles, du porte-conteneurs United VIII de la compagnie MSN, navigant en mer Rouge depuis l’Arabie saoudite et à destination du Pakistan. La compagnie suisse précitée ayant déclaré par communiqué officiel qu’aucun membre de l’équipage n’a été blessé et que le navire se trouve désormais en lieu sûr en expertise.
Une régionalisation évidente du conflit israélo-palestinien ?
C’est en tout cas ce qu’ont très rapidement craint beaucoup de pays et ce, dès le début de l’officielle offensive, le 7 octobre dernier. Une régionalisation en l’occurence, dans ce cas précis, zone maritime mer Rouge ramifiée, pour laquelle les États-Unis ont appelé à une coalition navale en ce début décembre en vue d’y protéger la libre circulation des navires marchands. Une sorte de mission Atalante*, plus exclusivement liée à la lutte contre la piraterie, et tout de même estampillée à la sauce américaine, dont on dénombre déjà 20 nations engagées telles que le Canada, les Pays-Bas, les Seychelles, la Grèce ou encore l’Italie, la France et les États-Unis donc. Les États-Unis qui ont annoncé, via leurs réseaux sociaux US Navy officiel, avoir abattu dans les dernières 24 heures, « 12 drones d’attaque, 3 missiles balistiques anti-navires et 2 missiles de croisière d’attaque terrestre dans le sud de la mer Rouge, tirés par les Houthis » .
Et Mayotte dans tout ça ?
De par son positionnement géographique, son insularité et son indiscutable dépendance à l’importation de produits — principalement maritime — notre petit caillou, comme bon nombre de pays d’ailleurs, se voit déjà impacté en termes de délais et de coût. Des délais légitimement rallongés, sachant que les principaux armateurs internationaux, ayant nobles aspirations majeures à « assurer la sécurité des équipages, des navires et de leurs marchandises », préfèrent redéfinir certains itinéraires, privilégiant désormais le Cap de Bonne Espérance à celui du Canal de Suez. Des miles supplémentaires, tout comme une consommation de carburant, des temps d’attente et des réévaluations de primes d’assurance, spéciales catégorisation guerre, qui vont de pair. En somme, une inflation des tarifs fret déjà notable aux dires des différents professionnels locaux contactés, ce mercredi, avec de surcroit une moyenne de livraison entre 10 à 20 jours supplémentaires.
Ce nouveau volet met en lumière l’impact géo-politique international d’un tel passage stratégique qui relève quasiment du monopole. Un monopole plutôt coûteux, tant en termes purement pécuniaire que sécuritaire, en une zone du globe tristement connue pour ses instabilités et conflits historiques, en plus d’une disparité économique.
MLG
* L’opération Atalante est une mission diplomatico-militaire impulsée par la France, mise en œuvre par l’Union européenne, afin de lutter contre l’insécurité et la piraterie, notamment provenant des côtes somaliennes, dans les zones océan Indien et golfe d’Aden