Lorsque le président du Racing Club de Mamoudzou et du Comité départemental d’athlétisme, Sébastien Synave, a eu la primeur de l’information via une circulaire interne à la fédération concernée, en fin d’année 2022, mentionnant un souhait de recrutement de profils techniques pour arbitrage lors de ces prochains jeux — qui se dérouleront du 26 juillet au 11 aout 2024 — sa première et unique pensée s’est tournée vers Habab Abdou-Moktar : « Je voyais clairement en lui le candidat parfait. C’est un profil engagé, passionné et surtout, qui a gravi les échelons jusqu’au niveau formateur national, s’en donnant les moyens avec de surcroît de l’expérience, notamment aux derniers Jeux des îles à Madagascar, où il a fait en sorte que toutes les rencontres et finales se passent dans les conditions prévues par les règlements internationaux et il a été félicité, reconnu et convoité pour cela. C’est un garçon humble et il en a dans le ciboulot. Je suis très content pour lui ».
Athlète ou arbitrage, la passion est la même…
Comprendre que sans arbitre, il ne peut y avoir de sport, et d’autant plus à cette internationale échelle, c’est comprendre le caractère indispensable de la fonction nourrie bien entendu d’une compréhension globale de la discipline à arbitrer, d’une bienveillance humaine couplée au sérieux et l’impartialité. Des règles que Habab Abdou-Moktar, lui même ancien athlète semi-pro du 100 mètres, 200 mètres et du saut en longueur, applique lorsqu’il encadre et arbitre une compétition depuis qu’il a fait le choix de revêtir cette noble casquette : « Arrivé à un certain niveau, l’entraînement sportif qui se veut quotidien et la vie parallèle classique sont entre guillemets complexes à tenir surtout lorsqu’il s’agit d’une vie étudiante qui se veut tout aussi exigeante. C’est un an après être arrivé en métropole que je me suis posé la question de la priorisation au regard d’une part de mes résultats universitaires mais également sportifs où j’ai eu la lucidité de voir une certaine stagnation. Ma capacité était devenue plus grande pour mes études… ». Demeurant passionné, cette alternative de vivre autrement la discipline de son coeur lui sera proposée. Une alternative tout aussi enrichissante pour laquelle il aura l’occasion d’encadrer des compétitions et de monter en grade au niveau de ses responsabilités d’arbitrage, au moyen de formations pour lesquelles il accorde autant de discipline que ses études; lui devenu ingénieur en hydraulique. Et pour les néophytes terre à terre qui oseraient dire que les Jeux Olympiques c’est quelque chose qui se vit avant tout en tant qu’athlète, Habab a sa vision : « Il faut savoir apprécier les choses dans l’instant et en savourer chaque seconde. Si on aime le Sport, on aime le vivre sous toutes ses formes. J’ai pour philosophie de vivre pleinement les événements. Celui-ci, c’est une chance inouïe, un privilège et une expérience extraordinaire et ce, qu’on soit compétiteur, arbitre ou même bénévole. Un jour, je pourrai dire à mes enfants, j’ai pris part à des jeux olympiques. Je ne boude pas du tout mon plaisir tout comme je n’ai pas de regrets au regard de ma carrière sportive et de son évolution. Je ne réalise pas encore tout à fait ce qu’il m’attend mais je suis heureux.».
Une filière au final encore méconnue sur notre territoire
Cette fibre d’arbitrage et tout le caractère indispensable que cela implique, c’est justement une volonté visionnaire de Sébastien Synave, appuyée par l’indéniable motivation d’Habab, actuellement en poste en qualité d’ingénieur chargé eau potable et assainissement au sein de la Dealm. Une volonté qu’ils souhaiteraient voir développer sur notre île, notamment dans la sphère Athlétisme. En ce sens, Habab est justement parti suivre en novembre dernier, sur l’Hexagone, un cursus pour devenir formateur de jeunes arbitres. Une corde de plus à son arc qui n’est pas des moindres : « Maintenant que j’ai ce diplôme et cette accréditation avec de surcroit un affiliation ligue reconnue, et non plus une sorte de mise sous-tutelle avec un statut inférieur, les jeunes qui passeront leurs examens d’arbitre ici, auront exactement le même niveau que quelqu’un ayant passé sont diplôme en métropole. Si nous avons des jeunes motivés, c’est un projet qui peut se mettre en place en 3 ou 4 mois. C’est donc une plus-value à venir pour notre territoire et cela ne demande qu’à se developper ».
Ayant déjà reçu tout son protocole informatif, Habab Abdou-Moktar s’envolera donc bien avant les athlètes pour préparer ces jeux et tel un parfait ambassadeur qui n’a de cesse de cultiver la bienveillance et l’humilité il nous confira en fin d’entrevue : « Encore un fois, je ne réalise pas mais pour le coup j’espère me dire être l’exemple pour ouvrir la porte à d’autres mahorais. Cette position d’arbitre était quelque chose également de très peu connue à échelle régionale, avant les Jeux des îles et pour laquelle j’ai la chance d’avoir déjà une reconnaissance. Je ne m’y attendais pas. Lorsque l’on fournit un travail et qu’on s’engage dans quelque chose qui nous passionne, on le fait naturellement. Pour cette nouvelle expérience qui m’arrive, je vais tacher d’en savourer chaque seconde sans bouder mon plaisir tout en faisant en sorte de représenter au mieux mon île et de laisser une très belle image de Mayotte afin que d’autres puissent avoir cette chance et qu’il y ait d’autres Habab… ».
MLG