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Plan Orsec Eau : Mais au fond ça changerait quoi maintenant ?

La récente actualité mettant une nouvelle fois en avant ce plan d’urgence polyvalent intitulé Orsec Eau potable fait rejaillir certaines aspirations antérieures, notamment celles du député Mansour Kamardine, qui avait été le 1er a faire publiquement état de la chose auprès du Gouvernement, fin septembre dernier. Même si tout un chacun en connait les grandes lignes, notre rédaction s’est penchée plus en détails sur les spécificités d’un tel dispositif, s’appuyant notamment sur une autre localité via l’arrêté préfectoral officiel du 17 octobre 2022, signé pour approbation par Fabienne Buccio, préfète de la Gironde. Et niveau similarités et dispositions, c’est plutôt parlant, la nuance se ciblant sur les délais et décalages de mise en application.

C’est donc via l’Association Mayotte a soif que la notion de Plan Orsec Eau potable a ressurgi des tréfonds de nos retenues collinaires; c’est pour dire que la thématique n’est pas venue de très loin ! Eh bien oui, déjà exprimée en amont par M.Kamardine, cette requête n’avait pourtant pas eu l’effet escompté et manifestement, la dynamique se veut quasi similaire à échelle juridico-administrative sachant le récent rejet du Tribunal, dimanche dernier. En gros, pour résumer, les différentes mesures mises en places, plus ou moins au compte gouttes, peuvent aisément s’apparenter à celles établies dans le cadre d’un dispositif d’urgence de type ORSEC, plans particuliers d’intervention (PPI) inclus, mais dans l’appellation même et dans les faits, il n’en est cas au regard de cette crise hydrique qui touche le tout dernier né des départements français. Alors pourquoi en fait ? (Si on le savait…).

Détection des fuites d’eau par système acoustique. Prestation via la Société Ax’Eau. Ici le préfet Thierry Suquet à l’écoute (illustration/®MLG)

Orsec, hors c’est quoi ?

L’Organisation de la réponse de Sécurité civile*, anciennement Organisation des secours ou encore Plan de secours spécialisés, permet à échelle départementale, zonale voire nationale de codifier et définir les marges de manoeuvre et action des différentes institutions, publiques et privées, désignées et impliquées dans le cadre d’une situation d’urgence. Le but étant que tout ce petit monde soit simultanément paré à une quelconque éventualité définie dans un cadre réglementaire et opérationnel avec, de surcroît, des dispositions spécifiques anticipées. La notion d’Eau potable est justement une de ces spécificités. À notre niveau, c’est le préfet qui a donc les pleines compétences de l’État pouvant ainsi ’’déclencher’’ le plan lorsque cela est jugé nécessaire.

Distribution de packs d’eau à toute la population, basée sur un ratio 1 litre/J par personne. Ici, le village de Mangajou. Distribution assurée par les jeunes du RSMA (illustration/®MLG)

Les précédentes guillemets sont volontaires sachant que, désormais, il n’est pas question de déclenchement mais plutôt d’une prise de direction des opérations de secours avec activation de l’intégralité ou d’une partie des éléments définis dans le dispositif Orsec, en plus d’une évaluation des besoins. Les élaboration, révision et diffusion d’une telle organisation globale, quelle qu’en soit l’échelle, est une obligation légale qui se doit d’être actualisée tous les 5 ans, comme le stipule l’Article R741-6 du code de la sécurité intérieure. Et niveau spécificité Eau et échelle départementale, c’est bien depuis 2020 que cette obligation est appuyée afin de garantir les accessibilité et approvisionnement de ce droit vital.

Et notre île dans tout ça ?

Et bien c’est justement aussi sur ce point que le député de la 2ème circonscription de Mayotte est remonté, rappelant la pleine responsabilité de l’État au regard de cette crise : « Il est indéniable que ce plan Orsec, notamment Eau, a été négligé par les pouvoirs publics car le dernier remonte officiellement à 2014. J’ai demandé par 2 fois au préfet ainsi qu’au ministre concerné d’avoir accès à ce document et ce, sans succès. Tout le monde fait le dos rond. J’en ai conclu que ledit document n’était tout bonnement pas à jour et si justement on met en place différentes actions qui s’apparentent totalement à celles enregistrées dans un dispositif de type Orsec Eau potable existant, peut-être même celui d’un autre département, mais sans en prendre le statut, c’est qu’il n’existe tout simplement pas sur notre territoire et qu’on ne peut en prendre référence. On aurait été dans le cadre d’un plan Orsec, le préfet aurait eu une marge de manœuvre précisément identifiée, plus réactive et plus accrue au regard de nos moyens. Là on a perdu du temps sachant que tout remontait au niveau ministériel et gouvernemental malgré des signaux d’alerte bien en amont, et je compte en années, qui ont été envoyés. Je tiens tout de même très sincèrement à saluer le travail à la fois du préfet Thierry Suquet ainsi que celui du nouveau ministre délégué aux Outre-mer, qui n’est finalement là que depuis quelques mois; tous deux se démènent activement ».

Le député Mansour Kamardine goûtant cette cuvée d’eau de rivière de Coconi, potabilisée et conditionnée en sachet par le détachement militaire de la Sécurité civile
(archives/®MLG)

Au regard du stade déjà bien avancé de cette nouvelle crise qui n’est pas terminée et qui a eu le triste mérite de mettre une fois de plus le 101ème département français au devant de la scène nationale, voire même internationale, il est donc incontestable que de nombreux moyens ont été engagés, dans le cadre de cette anémie hydrique. Des moyens explicitement identifiables à ceux inscrits dans le cadre d’un plan Orsec Eau potable et une gestion avant tout d’urgence et d’adaptation, tablée sur du court voire très court terme qui ne doit en aucun se répéter de manière cyclique, tout en actant en parallèle l’actualisation, la conceptualisation mais aussi le suivi des infrastructures dédiées et indubitablement nécessaires, pour ne pas dire vitalement-obligatoires. « Au sortir de cette crise, j’attends sincèrement qu’on se regarde tous dans les yeux avec transparence et qu’on se dise plus jamais ça » nous confie Mansour Kamardine avant de poursuivre : « Nos moyens infrastructurels actuels correspondent à ceux qui avaient été initiés 40 ans en amont. Donc en plus de s’assurer que personne ne meurt de soif ou de quelconque dommage parallèle lié à cette crise, il faut faire tout le nécessaire sans plus attendre et sans concession. Cela mobilise énormément de moyens et demande beaucoup d’efforts, aussi venant des responsables de la gestion de l’eau que l’on souhaiterait moins silencieux mais c’est le prix à payer ».

Travaux presque terminés au niveau du nouveau bloc de l’usine de dessalement de Petite-Terre (Illustration/®MLG)

 

À titre concret d’exemple parallèle, calqué bien entendu sur la nationale trame de fond commune à tous les territoires — estampillée Orsec Eau potable — , le dernier Plan Orsec (dispositions spécifiques), Eau potable de la préfecture de Gironde où, en plus des moyens logistiques, sanitaires et la rationalisation, les approches technique et bactériologique sont énumérées rappelant nos bulles d’air, nos remises en pression, les phénomènes de retour d’eau et de potentiels parasites présents etc. En somme, des phénomènes globaux aussi étudiés en Hexagone rappelant notre quotidien et les diverses consignes informatives communiquées.

Ici le ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, devant une rampe d’eau rattachée à la commune de Chiconi
(Illustration/®MLG)

MLG

 


*Définition officielle : « La disposition spécifique ORSEC « Eau potable » définit les lignes directrices déclinées dans le département afin de gérer des perturbations importantes de l’approvisionnement en eau potable. Une bonne connaissance des installations et de leur vulnérabilité, ainsi que l’évaluation des risques et la préparation préalable des modalités de gestion, sont ainsi nécessaires pour assurer la continuité de l’approvisionnement en eau des usagers ».

« L’approvisionnement des populations en eau, destinée à la consommation humaine et issue du réseau public, peut être affecté par des ruptures qualitatives ou quantitatives, de plus ou moins longue durée, de plus ou moins grande ampleur selon l’événement qui en est la cause (accident sur le réseau, sécheresse, incendie, contamination, …). Lorsque ces ruptures entraînent l’impossibilité d’une consommation de cette eau par la population, il est alors nécessaire de trouver des solutions d’alimentation et de substitution adaptées à la situation ».

 

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