« La lutte contre les violences faites aux femmes est la grande priorité de la Croix-Rouge sur la période 2020-2030. Il est temps de faire cesser ces situations intolérables ! », a clamé Khadafi Attoumani, le président de la Croix-Rouge de Mayotte afin d’introduire la matinée de sensibilisation à cette thématique élargie à la lutte contre les violences faites aux personnes âgées et en situation de handicap. L’adjointe au maire de Mamoudzou a appuyé ses propos en réitérant l’engagement des élus à éradiquer les violences faites aux femmes qui, a-t-elle rappelé, touchent tous les milieux et peuvent d’être d’ordre physique, psychologique, sexuel ou économique. « Il est temps de dire non à la domination masculine et à la subordination des femmes aux hommes pour créer un meilleur cadre de vie et une société plus sécurisée », a-t-elle martelé.
Quant à Taslima Soulaïmana, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité entre les hommes et les femmes, elle a davantage axé son propos sur les violences faites aux personnes âgées et handicapées. « On axe toujours nos actions autour de la jeunesse à Mayotte. Or il ne faut pas oublier nos aînés qui souffrent également », a-t-elle rappelé. Par ailleurs, elle a tenu à rendre hommage à Nadine Séon, victime du premier féminicide « officiel » de notre île et dont le corps n’a toujours pas été retrouvé à ce jour.
Une démonstration de krav-maga pour apprendre à se défendre
Après les discours officiels, deux instructeurs du club de self-défense de Pamandzi ont fait des démonstrations de krav-maga, combat rapproché très efficace pour se défendre en cas d’agression. « Le secret est de ne pas reculer, mais au contraire d’avancer vers l’agresseur. Ce n’est que de cette manière qu’on peut engager des techniques pour le déstabiliser », a expliqué M. Geoffroy, l’un des instructeurs. « Les techniques sont très simples, accessibles à tous. On travaille sur le conditionnement du mental car si la tête ne suit pas, le corps ne peut pas suivre non plus », a-t-il détaillé. Plusieurs jeunes femmes du club ont démontré l’efficacité de ces techniques devant le public. « Et elles n’ont fait que 2h de cours », s’est félicité l’instructeur.
Une scénette sur les violences économiques infligées aux personnes âgées
Après un spectacle de danse réalisé par les jeunes de la prévention spécialisée, qui ont incité les femmes à « agir au lieu de compter leurs blessures », les membres de la Maison des Familles ont réalisé une scénette sur les violences économiques infligées aux femmes âgées. La piécette racontait l’histoire d’un bakoko qui ne voulait plus subvenir aux besoins de sa femme après avoir rencontré une « jeunette ». Or il avait été convenu entre eux que sa femme ne travaillerait pas pour se concentrer sur l’éducation des enfants. Après cette frasque de son mari, elle se retrouve donc complètement démunie.
La directrice de la Fédération Mahoraise des Personnes Agées et Retraitées (FMAPAR) a révélé que la situation jouée dans la pièce se retrouvait fréquemment à Mayotte. Elle a ensuite élargi le sujet aux hommes désargenté dont les enfants ne veulent pas s’occuper. « Dans une dizaine d’année, beaucoup de personnes âgées se retrouveront dans cette situation. Les enfants ne veulent plus prendre en charge financièrement leurs parents et Mayotte ne possède pas encore d’établissement où les placer », a-t-elle affirmé. Fatima Mounié du CDAD a rappelé que la loi obligeait pourtant les enfants à prendre en charge financièrement leurs parents dans le besoin. Cela s’appelle l’obligation alimentaire. Seuls en sont exempté les enfants placés ou abandonnés par leurs parents. « Les parents ont pris soin des enfants quand ils étaient petits, il est donc normal que ces derniers prennent soin de leurs parents devenus vieux s’ils sont dans le besoin », a-t-elle affirmé.
La matinée, bien remplie, s’est poursuivie par d’autres scénettes réalisées par diverses associations sur les violences sexuelles, les violences faites aux personnes en situation de handicap et les violences conjugales. Des échanges avec la police, le Samu Social et le bureau d’aide aux victimes ont également eu lieu.
Nora Godeau