Nouveau camouflet pour le parti au pouvoir, et il tombe à une date symbolique : le 9 novembre, date à laquelle devait normalement se dérouler le premier tour. Dans une déclaration commune, Christine Razanamahasoa, la présidente de l’Assemblée nationale malgache, accompagnée des représentants des influentes églises chrétiennes de Madagascar, d’intellectuelles et d’anciens membres de gouvernement demandent « fermement aux autorités la suspension de l’élection présidentielle ».
Réunis dans le palais de Tsimbazaza devant une nuée de journalistes, les signataires rassemblés au sein d’une « Plateforme de dialogue et de médiation » estiment que la situation actuelle « ne permet pas la tenue d’une élection libre et crédible (…) au risque d’entraîner le pays vers une crise irréversible, meurtrière, fratricide le plongeant dans le chaos ». Ils appellent tous les partis au dialogue afin « de redéfinir les modalités de la mise en œuvre du processus électoral ».
Le parti au pouvoir rejette toute idée de suspension
Difficile de savoir quel impact aura cette déclaration, fruit d’un travail de plusieurs jours de médiation. Les autorités semblent cependant déterminées à maintenir le premier tour prévu le 16 novembre prochain. Un report d’une semaine avait déjà été décidé à la suite de la blessure d’un candidat lors d’une manifestation d’opposants. Des soutiens au président sortant Andry Rajoelina, candidat à sa réélection, ont réagi le jour même auprès de journalistes de l’AFP, qualifiant une suspension d’« idée farfelue ».
D’autre part, la présidente de l’Assemblée nationale ne parle qu’en son nom. Auparavant du côté du parti au pouvoir, elle est désormais désavouée par la majorité depuis sa prise de parole au Parlement le 17 octobre 2023 dans laquelle elle jugeait Madagascar « dans l’impasse ». Elle a toutefois veillée à ne pas prendre clairement position pour un camp, invitant à chaque fois tous les candidats à participer à ses concertations.
Les manifestations d’opposants réprimées
Cette déclaration du 9 novembre devrait en tout cas galvaniser le collectif des dix candidats qui refusent la tenue de la présidentielle dans les conditions actuelles. Depuis le 2 octobre dernier, ils ont organisé plusieurs manifestations dans les rues de la capitale. Non autorisés, plusieurs mouvements ont été violemment repoussés par les autorités. Au moins 12 personnes ont été blessées dont un candidat, et des arrestations ont eu lieu dont celle d’un député d’opposition mercredi dernier.
De notre envoyé spécial Ivan Rakotovao