Pour cette 4ème édition, les membres du Comité de liaison alimentation nutrition (CLAN) du CHM ont décidé d’aborder la thématique des enrichissements nutritionnels dans le soin. En effet, bien que notre territoire soit notamment connu pour le triste sujet de la malnutrition infantile, il en est un tout aussi complexe qui concernent les patients dans le domaine hospitalier. Et bien oui, si une efficiente prise en charge est un indiscutable facteur vers la voie transitoire de la rémission, il en est un second, presque tout aussi prioritaire qui relève de l’alimentation. Tout comme le moral, le contenu de l’assiette se doit d’être bon et individuellement adapté en vue de la guérison et ça, les professionnels de santé et autres institutions l’ont bien conscientisé et oeuvrent de plus de plus pour une amélioration en ce sens. Véritable enjeu de Santé publique, soyons lucides, un patient malade et, de surcroît dénutri, sera un patient complexe à soigner avec, bien entendu, un coût de prise en charge plus conséquent. L’équation est simple, si je présente des carences nutritionnelles, moins résistant je serai face à ma maladie, l’absorption d’un traitement médicamenteux me sera rapidement et physiologiquement intolérable, mes consolidation et/ou cicatrisation seront délicates, mon organisme sera encore plus fragile et de forts risques de mortalité aussi je présenterai…
La dénutrition c’est quoi au juste ?
Bien qu’il n’existe pas de définition en tant que telle, privilégiant une approche plutôt variable et au cas par cas, la dénutrition relève majoritairement d’une carence protéique et/ou énergétique engendrant un déséquilibre nutritionnel de l’organisme avec en prime des dommages collatéraux fort probables relevant d’une forme d’avitaminose (besoins vitaminiques non comblés). Pour établir un dépistage de dénutrition, les 2 principaux facteurs pris en considération sont l’indice de masse corporelle (IMS) ainsi que l’âge. Joyeux programme ! Une étude publiée par la Haute autorité de Santé (HAS), révélait fin 2021 que 2 millions de personnes souffraient de dénutrition en France, dont une majorité touchant la population séniore mais également des personnes atteintes de certaines maladies. Et notre insularité n’est pas épargnée, vous l’aurez compris. Mis en place cette année, un audit interne officiel CHM a révélé que sur plus de la moitié de la patientèle dépistée, 10% présentait un déficit nutritionnel. « Variable en fonction des services, pathologies aiguës, chroniques, cancer… Ce dépistage a révélé un nombre non négligeable de patients atteints de dénutrition pour lesquels nous nous devons de redoubler de vigilance » nous indique le docteur Yves Aubry, président du CLAN.
La preuve par le goût
Comment faire entendre à un patient qui a déjà du mal à s’alimenter et/ou qui boude littéralement son plateau repas, que cela est avant tout bon pour lui mais également pas si mal que ça au niveau gustatif ? C’est justement en ce sens que les membres du CLAN ont activement travaillé cette année, notamment auprès de leur prestataire repas qu’est Panima, afin d’élaborer de nouveaux menus, textures et consistances incluses pour ceux qui, par exemple, présenteraient des formes plus ou moins prononcées de dysphagie, plus communément appelé trouble de la déglutition : « En plus de ce travail en amont amplifié sur le dépistage de la dénutrition, nous avons donc souhaité mettre en place une nouvelle carte de repas afin de stimuler l’appétit des patients. C’est extrêmement important, tout comme le rendu directement en bouche et nous travaillerons même, d’ici peu, sur une approche visuelle qui l’est tout autant. Le résultat est vraiment bien » nous confie Béatrice Andrien, diététicienne-nutritionniste et membre du comité précité.
Présentés sous forme de petites verrines, entrées et plats étaient proposés aux personnels soignants, présents et volontaires pour l’occasion; à leurs côtés, Dhoimrati Mtrengoueni, présidente de l’Association des usagers : « Cette découverte concrète du goût est une manière pédagogique et participative de stimuler par la suite l’appétit et l’envie auprès du patient mais aussi, indirectement, de sa famille et de ses accompagnants. Un bon repas fait partie des soins et par la suite, d’une bonne hygiène de vie. Ces professionnels du CHM seront en première ligne quelque part pour promouvoir et faire comprendre en quoi cette nourriture est importante. Comment parler de quelque chose et susciter l’envie si je ne connais même pas le produit ? C’est un travail avant tout de communication et cette initiative est très intelligente ».
Cette petite révolution gustative de l’offre alimentaire en milieu hospitalier et notamment à destination de ce public sensible, déjà bien fragilisé, devrait permettre de pouvoir gagner en moyenne 100 calories supplémentaires par plat (sur 600 calories de base). Quitte à malheureusement moins manger en termes de quantité pour diverses raisons métaboliques complexes et/ou morales, autant que l’apport nutritionnel soit riche et concentré. Pour information, chaque plateau repas classique servi au CHM tournoie aux alentours de 1 000 calories, soit un total de 2 200 à 2 300 calories par jour, reparties entre les 3 services que sont le petit-déjeuner, le déjeuner et le diner. À l’unanimité sincère et spontanée, les différents plats proposés ont su séduire et cette nouvelle composition des menus à destination donc des patients en état de dénutrition devrait être mise en place dans le courant de ce mois de novembre.
MLG