La commune de Dembéni est de par sa population la 3e ville en Grande-Terre et comptait en 2017 près de 16.000 habitants. « La croissance démographique est exponentielle et les jeunes de moins de 25 ans représentent une grande part de la population, indique l’édile de la commune, Moudjibou Saidi. Les quartiers prioritaires sont un véritable enjeu et nécessitent une attention particulière car 71% des personnes vivants sur la commune n’ont pas de diplôme, c’est une jeunesse marquée par l’échec scolaire », constate tristement le maire.
Aussi, c’est par le biais de trois associations communales que Dembéni va expérimenter le dispositif des parents-relais grâce à une soixantaine de parents bénévoles qui vont faire de la médiation de proximité. Leur implication sera déterminante dans la mesure où ils vont être aux premières loges pour désamorcer les conflits et les tensions aux abords des écoles en faisant avant tout un travail de médiation. Ils ne seront ni policier, ni gendarme, ils tenteront par leur présence d’éviter des actes de violence ou de délinquance. L’objectif premier étant comme l’a rappelé le maire de Dembéni de « Repositionner et recentrer le rôle des parents en créant du lien avec la jeunesse pour éviter les conflits ».
Pour mener à bien cette expérimentation la commune de Dembéni a reçu une subvention de 30.000 euros de l’État. Des parents-relais seront ainsi positionnés aux abords du collège, du lycée, vers la plage d’Iloni ou encore du côté du CUFR de 5h30 jusqu’à 7h pour la matinée, à 12h pour la pause déjeuner et l’après-midi de 15h30 à 17h30. « Nous devons ainsi mutualiser nos efforts et travailler en étroite collaboration pour parvenir à une société meilleure », a ainsi insisté Moudjibou Saidi.
« La sécurité c’est l’affaire de tous ! »
Le capitaine Chamassi en charge de la prévention et de la sécurité urbaine de la police municipale sur la commune de Mamoudzou est à l’origine de ce dispositif. Pour son représentant à l’occasion de cet événement, Kayeenda Chebani, de la police municipale de Mamoudzou, « Ce dispositif fonctionne très bien à Mamoudzou et a permis par la médiation et l’implication des parents-relais de faire diminuer les actes de violence aux abords des établissements scolaires. Ils ont apporté la sécurité et la confiance en défendant les intérêts communaux.
Pour le Préfet de Mayotte, Thierry Suquet, « La sécurité c’est l’affaire de tous et il est nécessaire d’avoir une participation citoyenne à ce dispositif pour avoir des résultats bénéfiques. Pour garantir et améliorer la sécurité à Mayotte cela nécessite d’une part la présence et l’engagement des forces de l’ordre pour lutter les actions violentes des bandes ; d’autre part l’aménagement des villes en vidéo protection, par exemple, afin de lutter contre la délinquance ; et enfin par la prévention et la participation citoyenne. Nous ne devons pas laisser l’espace public aux délinquants et être attentifs en étant présents sur le terrain. Il faut faire grandir nos jeunes pour qu’ils deviennent les adultes de demain », a-t-il déclaré.
Un dispositif qui a déjà fait a fait ses preuves
L’association Mayeledzeyo de Tsoundzou a signé il y a quelques mois une convention avec la mairie de Mamoudzou. Les parents-relais sont ainsi présents sur cinq secteurs de la commune aux abords des établissements primaires et du collège. « Les parents ont tout d’abord un rôle de médiation envers d’autres parents qui viennent des fois pour insulter le Principal du collège, raconte Mohamed Ibrahim, président de l’association. Ils ont également la faculté d’identifier les jeunes fauteurs de troubles et de dialoguer éventuellement avec eux ou aller voir directement leurs parents pour leur signaler les mauvais agissements de leur enfant comme le caillassage ou les agressions par exemples. Nous connaissons les jeunes et leur famille… La médiation est alors primordiale. Les parents-relais permettent ainsi d’apaiser les tensions en allant vers les individus et en leur expliquant certaines règles calmement ».
Grace aux parents bénévoles de cette association la délinquance a baissé, selon Mohamed Ibrahim. En effet, ils sont sur le pont dès 5 heures du matin et jusqu’à 8 heures pour faire des maraudes en partenariat avec la société Transdev. L’après-midi dès 15 heures ils assurent le calme à la sortie des établissements scolaires et ce jusqu’au départ du dernier bus. « Nous assurons la sécurité pour le départ en bus des collégiens. Notre présence fait que les jeunes n’ont pas envie de faire des bêtises de peur d’être identifiés. Quand on est là c’est calme, notre travail est efficace puisque nous avons constaté une baisse de la délinquance », affirme-t-il.
Ainsi, à compter de lundi prochain les habitants et les travailleurs à Dembéni devraient remarquer des personnes avec des gilets jaunes aux abords des établissements scolaires de la commune durant les heures de sorties et de rentrées dans le but d’assurer la sécurité des jeunes sur la commune. « Nous devons tout faire pour mieux vivre ensemble car ce sont nos enfants », a conclu Mohamed Ibrahim.
B.J.