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L’entrée ponctuelle de l’Etat dans la gouvernance de l’eau à Mayotte confirmée par le ministre Béchu

« Il ne s’agit pas d’une renationalisation, mais de passer la crise », répond le ministre de la Transition écologique aux inquiétudes de Saïd Omar Oili. Indiquant que le gouvernement met des centaines de millions d’euros et entend cette fois qu’ils soient consommés.

Profitant de la séance de questions au gouvernement ce mercredi, le récemment élu sénateur mahorais Saïd Omar Oili a interpellé le ministre des outre-mer sur l’évolution de la gestion de l’eau à Mayotte. En effet, comme nous l’avions rapporté en exclusivité, Philippe Vigier avait évoqué auprès du député Mansour Kamardine la possibilité d’évoluer vers un établissement public de l’eau en matière de gestion d’eau potable, avec un copilotage collectivités et Etat.

Pour en avoir le cœur net, le sénateur mahorais a interrogé le gouvernement non sans souligner l’effort concerté sur le territoire « des collectivités, des services de l’État et de la sécurité civile » :  « J’ai pu mesurer sur place ce qui a été mis en place par votre gouvernement pour répondre à cette crise de l’eau sur un département qui connait la croissance démographique la plus importante de la République, mais pouvez-vous rassurer les collectivités sur une rumeur qui évoque la reprise en main de l’Etat de leurs compétences dans le domaine de l’eau ? »

En l’absence du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et de son ministre délégué, c’est Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires qui connait bien le sujet pour avoir reçu la semaine dernière une délégation d’élus mahorais, qui lui répondait.

« Vos mots sont en-deçà de la réalité »

Saïd Omar Oili rappelait le facteurs aggravant démographique

En résumant tout d’abord les facteurs qui ont conduit à cette crise majeure, et en allant plus loin que l’élu mahorais : « Il y a le déficit de pluviométrie auquel il va falloir s’habituer, l’afflux de population et vos mots sont en deçà de la réalité car à aucun moment les infrastructures en au portable de Mayotte n’ont été faites en imaginant que la proportion de personnes en situation irrégulière serait comparable à celle que nous connaissons, et enfin, il faut le dire, une absence de travaux à l’échelle de ceux qui ont la compétence depuis 2017, qui n’ont pas été conduits avec la vitesse et la célérité qu’il aurait fallu ».

Un constat d’échec de l’équipe précédente du Syndicat Les Eaux de Mayotte qui induit des travaux « d’ici l’été prochain », avec « le plan 2024-2027 de 400 millions d’euros », dans les investissements déclinés à de nombreuses reprises par le ministre Vigier, mais que le gouvernement entend cette fois voir menés au bout. Pour cela, Christophe Béchu appelait à « se dire la vérité, « sans tabou » : « des choses qui aurait dû être faite ne l’ont pas été, il ne s’agit pas d’une renationalisation mais pour passer la crise, sans appui de l’État, on n’y arrivera pas. » Et le ministre de décliner, outre l’enveloppe de centaines, de millions d’euros, 7 agents de son ministère dédiés, à cette gestion de crise, « il faut se demander quel est le bon niveau de soutien et d’accompagnement de l’État aux collectivités territoriales. »

SMEAM, Mayotte, Chambre régionale des Comptes
Le Sieam avant son évolution en LEMA

On peut donc le voir comme une tutelle telle qu’elle avait été exercée sur la Chambre de Commerce et d’Industrie, pour remettre en place les bonnes pratiques, et redonner un élan à la machine. Surtout, si l’équipe actuelle du syndicat LEMA fait montre de bonne volonté, les moyens financiers manquaient. Ils sont maintenant là, il ne reste qu’à se retrousser les manches.

Anne Perzo-Lafond

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