« Une fois ma machine installée au domicile des gens, ils n’ont qu’à appuyer sur le bouton pour qu’une personne se déplace directement leur apporter l’aide dont ils ont besoin », affirme Ibrahim Salam Antoine, ex 1er adjoint de l’ancienne mairesse de Sada, Anchya Bamana. Issu à l’origine du secteur du BTP où il était formateur santé/ sécurité au travail, ce touche-à-tout a décidé il y a quelques années de partir à La Réunion pour se former dans le développement web et la maintenance de machines. « A l’origine cette plateforme n’était destinée qu’aux personnes âgées, mais ayant eu moi-même un grave accident qui m’a paralysé presque une année entière, j’ai compris qu’il fallait que j’étende cette plateforme aux personnes handicapées », indique-t-il. Aide-ménagère, aide à la toilette ou encore aide aux sorties, une douzaine de services à domicile sont proposés par la plateforme.
Ibrahim Salam Antoine a déjà recruté 30 personnes pour développer sa plateforme à Mayotte qui compte déjà une soixantaine de bénéficiaires (50 à Mamoudzou et 10 à Sada où siège l’entreprise). Il a en outre reçu 250 machines opérationnelles supplémentaires qui ne demandent qu’à être installées chez les personnes nécessiteuses. A la pointe de la technologie, La Kaz à services 976 travaille avec cinq développeurs web qui ont même trouvé un moyen d’intervenir immédiatement en cas de chutes. « Les clients reçoivent des bracelets et/ou des pendentifs reliés à la machine. Ces derniers sont capables de détecter les chutes et d’alerter la plateforme sans l’aide du client. Un professionnel intervient alors immédiatement », explique l’entrepreneur.
Une lutte contre l’isolement
Dans une Mayotte où de plus en plus de personnes sont en proie à l’isolement, surtout les personnes âgées, La Kaz à services 976 se veut également une plateforme de solidarité. Ainsi, les abonnés peuvent appeler juste s’ils ont besoin de parler à quelqu’un. Lors de la première prise de contact, un agent de l’entreprise élabore un dossier personnalisé pour évaluer les besoins du client. Il l’aide ensuite à solliciter des aides financières auprès de tiers-payeurs (Département, MDPH, caisse de retraite ou autres) afin qu’aucun frein administratif n’empêche les personnes âgées ou handicapées de bénéficier de l’aide de cette plateforme de téléassistance. « En outre, les abonnés n’ont même pas besoin de bénéficier d’une connexion internet puisqu’une connexion 4G est intégrée directement dans la machine », précise Ibrahim Salam Antoine.
Cette machine, le sadois l’a affectueusement surnommé « Doua » à la fois nom d’une prière et d’une fleur dont les racines ont des vertus médicinales et les fleurs, des vertus détoxifiantes pour le corps. « Mon objectif est que, fin 2024, 1.400 machines Doua soient déployées dans la commune de Mamoudzou », affirme l’entrepreneur qui a signé une convention avec le CCAS (Centre communal d’action social). Le but est, à terme, qu’elles soient déployées dans tout Mayotte. Le Conseil départemental est le principal financeur de ce projet d’envergure via son pôle solidarité. Le CCAS de Mamoudzou et la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) ont également mis la main au porte-monnaie. Par ailleurs, Ibrahim Salam Antoine annonce la venue dès fin 2023 de deux médecins gérontologues qui intègreront la plateforme.
Nora Godeau