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Eau en bouteille : les prix et l’approvisionnement des rayons suivis par la DEETS

Gelés en juillet pour les grandes surfaces, plafonnés en août pour les petits commerces, les prix de l’eau font l’objet de contrôles croissants de la part de la direction de la concurrence et la répression des fraudes. Arrêt sur image à Cavani.

Face aux caméras, c’est un contrôle symbolique d’un commerce de vêtements dont la vente d’eau est marginale, qu’a mené le service Concurrence et Répression des fraudes (CCRF) de la DEETS (Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) ce jeudi à Cavani. Mais la chef de pôle Zainabou Madjinda l’assure, les visites se font sur tous les types de vente d’eau en bouteille : grandes distributions, grossistes, doukas (épiceries) et commerces de proximité.

Sur ces derniers, le rôle des agents est pour l’instant informatif et non coercitif : « Nous travaillons à deux niveaux. Sur la grande distribution dont la vente des bouteilles d’eau est gelée au 3 juillet à la suite de la publication du décret du 18 juillet 2023, et les doukas et commerces de proximité, comme ici, où le plafonnement des prix est fixé par l’arrêté du 27 septembre. Les premiers jouent généralement le jeu, nous n’avons pas noté d’infractions dans les grandes et moyennes surfaces, et sur les seconds, nous débutons les contrôles, mais nous n’avons pas d’œillères, nous commençons par les informer des prix maximum ».

Echata Bacar se prête volontiers au contrôle de son commerce

Petite précision, les Douka bé, enseignes de GBH (ex-Bourbon Distribution Mayotte), sont assimilées aux grandes et moyennes surfaces.

L’arrêté préfectoral fixe un prix plafond de 0,75 euro pour les bouteilles de 0,5l et de 1,40 euro, pour celles de 1,5l, dans les petits commerces. « Mais ils peuvent vendre moins cher. Certains le font d’ailleurs ». Rappelons que ces derniers se fournissent auprès de grossistes mais aussi de la grande distribution, « aucun ne vend à perte », précise la chef de service.

Des marques non référencées

1,40 euro la bouteille alors qu’on trouve pour moins cher tout un pack de 6 bouteilles en métropole… Sur place, une équipe de RFI ne cache pas son étonnement. « C’est pareil pour tous les produits d’importation ici, mentionne Zainabou Madjinda, nous n’avons pas la main sur ce sujet, c’est un mécanisme qui nous échappe ». La problématique avait été soulevée devant le ministre délégué aux Outre-mer Philippe Vigier, la conseillère départementale Maymounati Moussa Ahamadi l’avait interrogé sur la possibilité de prise en charge par l’Etat du surcoût lié à l’importation, en écho à la baisse de l’octroi de mer à zéro par le Département, et puisqu’un effort est fait pour que les plus fragiles reçoivent des bouteilles gratuitement. Sans réponse du ministre. Depuis, Elisabeth Borne a seulement annoncé un élargissement du public bénéficiaire. En indiquant que l’approvisionnement en eau potable devait faire l’objet d’un « devoir de solidarité nationale au profit de la population mahoraise ».

Dans une moyenne surface de la place, 15 euros pour deux packs de Vittel ce mardi, « marque non référencée »

La grande distribution n’était pas le sujet du jour, bien que certains prix laissent rêveur comme ce pack d’eau de Vittel vendu 7,50 euros sur une grande enseigne des Hauts-Vallons il y a 4 jours. « Vittel n’a pas été référencée lors du gel des prix le 3 juillet, mais c’est aussi une marque qui est vendu plus cher en métropole. » Pourrait-il y avoir tentation pour les grandes surfaces de s’orienter alors vers des marques non référencées et de marger dessus ? « Non, assure-t-elle, nous n’avons pas noté que les grandes et moyennes surfaces privilégiaient de nouvelles références. »

La difficulté des « gros » reste les délais de réassort des rayons qui sont bien souvent vides. « C’est un sacré problème en effet. Si depuis la crise, les GMS ont multiplié les containers, les difficultés de circulation en freinent la livraison. » Embouteillages, travaux, éloignement des points de livraison, « il faut parfois une heure pour faire 7 km ! ». On se prend à rêver de l’accélération d’une mise en service des dessertes maritime.

Nouvelles recrues bientôt bonnes pour le service

Contractuels, Youmna et Kamel veulent évoluer au sein de la DGCCRF

C’est derrière sa machine à coudre que les contrôleurs de la DEETS trouvent Echa Bacar, la gérante de Maecha Vogue, un commerce d’habillement, où trône à l’entrée une armoire réfrigérante avec quelques bouteilles d’eau. » L’information sur le prix de vente est d’autant plus importante qu’ils ne sont pas affichés, « faites-le, vous pourriez être sanctionnés une prochaine fois pour ça », l’avertissent les agents.

C’est le cœur des 28 suites répressives engagées par la DEETS « hors eau en bouteille » sur l’ensemble des produits vendus par les doukas, « l’absence d’affichage des prix, et un défaut de facturation entre professionnels. » L’informel a la vie dure.

Pour l’instant, l’information prévaut, mais ensuite, les amendes de 1.500 euros vont pleuvoir lors des contrôles qui touchent l’ensemble de l’île, en témoigne la carte partagée en zones d’interco que brandit Zainabou Madjinda, qui compte muscler le service. « Nous sommes neuf, mais pas tous sur le terrain, et du coup, l’ensemble des autres missions CCRF sont laissés en standby ». Pour y arriver et monter en puissance, deux jeunes contractuels ont été recrutés.

Les commerces de proximité plus souvent hors des clous

Youmna Hafidhou, est titulaire d’un Master 1 Nutrition et Science des aliments était en recherche d’emploi, inscrite à la Mission locale, et Kamel Saïd Abdallah était en métropole où il a décroché une licence pro en communication, « je me suis senti utile là, car il y a un gros besoin de communiquer sur les arrêtés préfectoraux. » Ils souhaitent tous les deux passer le concours pour intégrer le service de la DGCCRF.

En cas d’abus constaté, chacun est invité à enrichir la plateforme SignalConso, « en notant le plus de détails possibles, en ajoutant même une photo ».

Anne Perzo-Lafond

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