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jeudi 2 mai 2024
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Crise de l’eau : fuites, forages, dessalement, le point par le ministre Vigier

Chaque sujet était ouvert au débat lors du Comité de suivi de la ressource en eau (CRSE) ce mardi qui se tenait devant un large public, d’élus, de techniciens et des médias dans l’hémicycle du conseil départemental. On sait maintenant que le mois d’octobre va être « très compliqué ». Ça passe ou ça casse.

Le CRSE se tient chaque semaine en cette période de crise et la visite du ministre délégué chargé des Outre-mer aura permis de faire le bilan d’étape des travaux d’urgence à partir des 35 millions d’euros débloqués par le gouvernement. « Je suis revenu à Mayotte pour m’assurer de leur bonne consommation », indiquait aux médias Philippe Vigier, comme un besoin de rassurer après des années d’absence de contrôle.

Ce sont ces mètres-cube supplémentaires qui vont nous permettre de tenir ou non jusqu’à la saison des pluies, « étant donné qu’il n’y aura plus d’eau dans les retenues fin octobre en l’état actuel de la consommation et de la pluviométrie », déclarait le préfet Thierry Suquet. Problème, celle-ci est capricieuse et commence au pire tout début janvier, au mieux fin novembre. Verdict de Météo France : « La saison des pluies devrait commencer mi-novembre », avec un bémol, « les températures actuelles plus élevées que la normale provoque davantage d’évaporation ».

Nous avions élaboré un calendrier de la mise en service des différentes infrastructures, dessalement, forages etc. aussitôt après la première visite du ministre. C’est à cette tâche que Philippe Vigier s’est attelé ce mercredi de CSRE, avec quelques modifications notables au programme.

Des anti-sèches pour contrer les fuites

Mesure du débit des rivières

Les premiers mètre-cube disponibles sont ceux qui sont économisés dans la lutte contre les 15.500 m3 de fuites sur le réseau, plus de la moitié de notre consommation actuelle, de 28.000m3 par jour (contre 42.000 m3 en période d’alimentation normale du réseau). Avec une forte dégradation de la tuyauterie en raison de la remise en eau d’après coupure qui accentue les failles dans le réseau, « nous avons 35% de fuites, alors qu’elles en sont que de 25% en temps normal. Ces 10% d’écart sont liés aux tours d’eau », commente Ibrahim Aboubacar. La semaine dernière 400m3/j de fuites ont été diagnostiqués à Nyambotiti, « ce qui a un fort impact sur l’alimentation de la retenue de Dzoumogne ». Ces recherches pourraient nous procurer 2.000m3 par jour supplémentaire dès que les fuites sont endiguées. « Il faut massifier ces recherches et mettre à disposition une 3ème équipe. Je demande au préfet de réquisitionner du personnel », lâchait le ministre. D’où l’intérêt de l’activation de l’article 27 de la loi LOPMI donnant pleins pouvoirs au préfet sur la gestion de la crise de l’eau.

En 2ème position de réactivité, le captage en rivière… pour celles qui coulent encore, « sur 14 rivières principales, 7 sont sèches. Or, ce sont elles qui alimentent les usines de potabilisation », indiquait un technicien.  Celle de Soulou pourrait permettre de fournir 600m3 supplémentaires, « ce captage sera opérationnel fin octobre », informe Ibrahim Aboubacar.

Ensuite, viennent les forages. Si sur le papier la date de leur mise en activité avoisine fin décembre-début janvier, le ministre demandait une accélération de l’analyse de leur eau, ce qui devrait permettre de profiter du forage de Coconi dont les tests de débit sont en cours, pour mi-novembre. Viendront ensuite ceux de Miréréni et Bandrélé, fin décembre, puis Coconi 2, début janvier 2024. In fine, ce seront 3.500m3 d’eau supplémentaires qui seront produits.

On bat en retraite à Jimawéni

Philippe Vigier avait visité le site d’implantation de l’unité de dessalement de Jimawéni

4ème type de production, le dessalement. Les 1.200m3 supplémentaires attendus de l’usine de Petite Terre seront livrés « début décembre ». Le projet d’osmoseurs installés à Jimawéni ne sera pas poussé plus loin. Outre la difficulté que posait un accord à trouver sur le foncier détenu par 9 héritiers, d’autres raison sont évoquées par Philippe Vigier à l’assemblée : « On vient de nous signaler que le fonctionnement n’est pas garanti après un an, et que la facture se monte à 12 millions d’euros pour 1.000m3 supplémentaires par jour qui ne seraient pas produits avant mai 2024. Je vous propose de conserver cette somme pour l’allouer à un autre programme. Mais la décision doit être collégiale. » Elle l’a été, on ne parle plus de Jimawéni. « Une partie de cette somme sera affectée à l’usine de l’Ouroveni », glissait Ibrahim Aboubacar.

Sont également en cours les transferts des zones nanties vers les autres, « fin octobre, nous aurons envoyé plus de 1.000m3 de Petite Terre vers Grande terre. »

Visant un plus long terme, l’unité de dessalement à Ironi Be pour 10.000m3 par jour (fin 2024), ou l’accélération de l’installation d’une usine de dessalement en Grande Terre (2026).

Tout le monde ne tient pas la rampe

« Ne fermez pas mon école s’il vous plaît! « , affiche ce panneau lors de la manifestation sur l’eau de mercredi

On le voit, la saison des pluies va correspondre à peu près à la mise en service des premiers mètres cubes supplémentaires. Pour tenir jusque-là, plusieurs solutions sont déployées : 82 rampes d’eau sont en activité, et 90 autres à venir, indique Florence Fournial, directrice de la SMAE, « et les 125 opérations de raccordement des établissements scolaires au chemin de l’eau ou aux cuves sont en passe d’être terminées ». On apprend que certaines communes ont décidé de ne pas mettre en place ces rampes d’eau. Et en cas de dégradation du réseau ou d’une casse, les 15 containers-citerne approvisionnés par les ForMISC « à partir de la rivière de Chiconi » permettent de sécuriser.

L’urgence est telle que la décision de doubler les plages horaires de coupure est à l’étude, « nous allons avoir 6 à 8 semaines compliquées », indiquait Thierry Suquet, et que la continuité pédagogique n’était abordée qu’en dernier lieu, grâce à l’intervention de la conseillère départementale de Dzaoudzi Labattoir, Maymounati Moussa Ahamadi, « nos enfants n’ont eu que 2h d’école par jour en Petite Terre et les collèges et le lycée ont renvoyé les élèves chez eux en raison d’une non-conformité de l’eau. « Sur cette question, je dois m’entretenir avec le recteur ». Qui n’était pas présent à La Réunion, pas plus que le directeur de l’ARS Mayotte, intervenant en visio, les pleins pouvoirs donnés au préfet dans la gestion de cette crise les auraient-ils marginalisés ?

En tout cas, si il était confirmé, l’allongement du temps de coupure posera le problème de la capacité de stockage de l’eau des écoles, des établissements publics et privés, avec un vrai défi humain et économique.

Le ministre était interpellé sur le prix de vente des packs de bouteilles d’eau. « Les mahorais ne bénéficient pas tous de leur distribution gratuite, or le prix dans les supermarchés dépasse souvent les 5 euros, défendait encore Maymounati Moussa Ahamadi, le conseil départemental a fait un effort en abaissant l’octroi de mer à zéro, l’Etat peut-il prendre en charge le différentiel entre la métropole où il se vend à 1,14 euro et son prix ici ? » Pas de réelle réponse à cette juste suggestion.

Appui de l’armée à la distribution d’eau en bouteille

La distribution des bouteilles d’eau aux plus vulnérables à raison de 2 litres par jour et par personne est en cours, « effectuée dans 10 communes sur 17 », à la suite d’une première livraison par le Kiara. D’autres sont à venir, Philippe Vigier a annoncé un approvisionnement de 1.800m3 toutes les trois semaines depuis La Réunion et Maurice.

Face aux nombreuses questions sur cette distribution d’eau en bouteille, sur le paiement des factures d’eau malgré des analyses potentiellement non-conformes, le ministre se disait ouvert à tout : « Sur la distribution de bouteilles, nous réfléchissons à élargir le panel de bénéficiaires. En terme de factures, une importante réunion va se tenir à Matignon où le sujet sera abordé ».

Anne Perzo-Lafond

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