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Mamoudzou

Montée en gamme des cadres dirigeants pour des collectivités mahoraises florissantes

Sur un territoire en transformation, avec de gros projets à mener à bout, les DGS et DGA doivent assurer sans dévier. Et travailler efficacement avec les élus. C’est pourquoi une formation leur est proposée par le CNFPT, dont le dernier module se tenait ce jeudi. De technicien ils doivent se transformer en un Superman ou woman « intrapreneur public » ! 

Ce n’était pas seulement une soirée récréative à laquelle ont participé une soixantaine de cadres des collectivités territoriales de Mayotte à Tsingoni ce jeudi. Il s’agissait avant tout du dernier module de formation pour monter en gamme dans la gestion de l’action publique locale. Et il n’est pas besoin d’attendre qu’un rapport de la Chambre régionale des comptes sorte pour en évaluer la nécessité.

C’est le Centre national de la Fonction Publique territoriale (CNFPT) qui fait régulièrement profiter les cadres de l’expertise de son Institut National des Études Territoriales (INET), basé à Strasbourg. « Pour offrir aux cadres ultramarins la même qualité de montée en puissance que leurs homologues de métropole, nous organisons des cycles de formation aux Antilles-Guyane et dans l’océan Indien. Habituellement, seuls trois ou quatre cadres dirigeants territoriaux mahorais y participent, mais cette fois ils sont sept sur vingt participants, les autres sont réunionnais, dans un respect des règles de proportionnalité démographique », rapporte Guillaume Bauchet, Directeur adjoint en charge de la formation chez INET.

Nous l’avons contacté pour en savoir plus sur les défis que doivent relever ces cadres, et sur l’angle d’attaque de sa formation.

Tout d’abord, il tient à préciser qu’il y a une « évolution positive » des participants de Mayotte, liée à la volonté de la délégation locale du CNFPT, et principalement de feue-Aïda Houlame, sa directrice adjointe, « elle a très fortement contribué à l’évolution des cadres mahorais ».

Lancement du séminaire ce lundi au Jardin Maore

Trois étapes de mue pour faire naître un leader

Tout au long de leur formation commencée début 2023, ces cadres qui peuvent être des DGS (Directeur général des Services), DGA (Directeur général Adjoint) ou simples directeurs quand il s’agit d’une grosse collectivité, auront appris comment coopérer au mieux avec les élus notamment en les accompagnant sur l’ensemble des projets structurants, mais aussi avec l’ensemble des services du territoire, et à entrainer leurs équipes dans un engagement collectif.

Pas toujours facile. Pour aller sur un exemple extrême, on a vu l’ancien DGS du syndicat des Eaux être totalement écarté par un président omnipotent et visé par la justice pour des décisions prises en toute illégalité. Pour éviter cette situation, des cordes sont données aux arcs des élus, nous explique le formateur.

« C’est un de nos axes de travail majeurs. Nous travaillons sur les relations avec les élus, comment les conseiller en étant garant de la loi. Cela implique de développer de l’innovation managériale, et se placer sur une dynamique de projets en étant l’interface entre l’exécutif et l’administration », détaille Guillaume Bauchet.

Un sujet qui était abordé pour ce 6ème et dernier module de la formation ce jeudi soir. « Une soixantaine de personnes, donc une quarantaine de cadres dirigeants locaux qui ne faisaient pas partie de la formation, vont en bénéficier ». Des messages vont donc être passés. « Notre objectif est d’aider le cadre dirigeant à faire évoluer sa posture de technicien à leader. Pour cela, il doit passer progressivement au stade de méthodologue, puis de stratège et enfin à ‘intrapreneur public’, c’est-à-dire un entrepreneur de l’intérieur. »

Pas de faille dans le cahier des charges

Hommage appuyé à Aïda Houlame qui aura contribué à cette montée en puissance des cadres mahorais. Elle était stagiaire de cette formation

Il cite en exemple les défis qui attendent Mayotte. « Nous avons visité avec eux, et donc avec les cadres dirigeants réunionnais, les chantiers à mener en terme de démolition d’habitat insalubre et de reconstruction et de relogement notamment sur Kawéni. C’est considérable comme défi ! Pour mener ces projets, il ne faut pas seulement être technicien, il faut mobiliser les énergies compétentes au sein de sa collectivité. Souvent le cadre technicien veut faire tout et tout seul, c’est l’écueil assuré ! Il faut faire dans le collaboratif. »

Des chantiers de reconstruction qui impliquent des compétences à double niveau : « Non seulement comme nous venons de le dire, il faut fédérer les équipes au sein de la collectivité, mais aussi être capable de suivre un marché, et donc d’être carré sur la rédaction du cahier des charges. Car des millions d’euros sont en jeu, et en face, ils ont des entreprises du BTP qui sont des spécialistes, avec des équipes rodées ».

Sans cette rigueur, on aboutit à des chantiers bancals comme le stade de Cavani, que nous avons renommé « stade des avenants », tant les entreprises ont su faire jouer les clauses qui leur étaient bénéfiques.

Travailler la relation avec les élus est une des priorités

Dans le cadre du stage, ces cadres ont dû porter un projet dans leur collectivité, qui est accompagné par l’INET. Parmi eux, une action de lutte contre les dépôts sauvages de déchets sur la commune de Mamoudzou, un accompagnement de la montée en compétence des agents du département, le développement du pilotage de projets dans la CC Sud, l’optimisation du pilotage financier de la ville de Mamoudzou ou le développement d’un fonds de solidarité pour une meilleure attractivité et compétitivité du territoire mahorais. « Ils devront le présenter au siège de l’INET à Strasbourg en décembre. »

Désormais, c’est une quinzaine de cadres dirigeants qui ont été formés et qui portent cette dynamique au sein de leur collectivité.

Anne Perzo-Lafond

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