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Mamoudzou

Nariké M’Sada : Toujours aussi efface et désormais ça roule de surcroit !

L’association majeure, efficiente et incontournable en matière de prévention de l’hépatite et Santé sexuelle sur notre île, a inauguré, ce vendredi au sein de ses murs à Cavani, sa toute nouvelle unité mobile visant à renforcer, notamment, ses actions de lutte contre le VIH/Sida et ce, à travers tout le territoire.

Dans ce Monde où les gens vont et viennent, dans cette société mahoraise de France désormais et activement conjuguée sous l’égide de l’ouverture et de l’internationale mobilité, il perdure des tabous sociétaux, aussi archaïques que religieux, en matière de sexualité, de préjugés et, au final, de méconnaissance. « Nous célébrons tous les jours des manzarakas et y investissons des sommes énormes sans nous poser la question de l’état de santé intimiste du couple qui va se marier », indique dans son discours d’ouverture, Zainaba Mohamed, présidente de l’office du tourisme du Centre-Ouest et secrétaire générale de Nariké M’Sada . Une part d’ombre aussi inconnue pour l’individu(e) lui/elle même sachant que le dépistage ne se veut guère réflexe. Fort heureusement, les mentalités tendent à évoluer et l’intensif investissement conjoint au travail de terrain des acteurs de ladite association et de leur directeur, Moncef Mouhoudhoire, n’y est pas des moindres.

(de g. à d. au centre)M.Mouhoudhoire et Z.Mohamed visitant l’intérieur de cette UMD

L’UMD, outil tant attendu et aspiré 

Acronyme d’Unité mobile de dépistage, ce véhicule est la matérialisation d’une idée, dont la genèse remonte à bien des annuelles antériorités, nourries d’un couac et b.a-ba global relatif au financement. Indispensable nerf de la guerre; si les politiques publiques se veulent parfois poussives au départ, en termes d’adoption et de pécuniaire validation de projet, fort heureusement il existe aussi de réactifs mécénats privés qui croient fermement au bien fondé, et littéralement sociétal, d’une idée comme celle-ci, répondant de surcroit à des défis primordiaux en matière de Santé publique. C’est donc un Grand Marahaba qui est adressé aux membres du Lions Club Mayotte Lagon et leur président Geoffroy Leray qui, contre vents mais aussi Covidienne marée, entre temps, ont gardé le cap permettant ainsi la concrétisation et importation de bout en bout de ce petit laboratoire et cabinet roulant, construit et équipé 100% sur mesure : « Au regard de notre contexte, où tout se veut centralisé sur Mamoudzou, avec aussi les complexités logistiques et financières que cela comprend, qui prendra ce temps ou cet argent à débourser en transport, pour venir se faire dépister ? C’est donc un bon sens pratique à fort enjeux que celui d’aller directement à la rencontre des habitants de tout le territoire et ce, 5 jours sur 7 » précise Moncef Mouhoudhoire.

Modernité, praticité mais aussi, sobriété recherchée

Les TRODs, grande révolution 

N’ayant aucune aspiration à concurrencer directement les voies de dépistages traditionnels, ces tests rapides d’orientation diagnostique présentent le fort avantage d’être plus faciles d’accès et bien moins contraignants que le process initial classique et d’autant plus dans une configuration préventive terrain.

Kit de dépistage rapide de type VIH et VHB/VHC de l’association Nariké M’Sada. En 2021, 485 dépistages VIH par TROD ont été pratiqués décelant un taux de positivité de 4,1 pour 1 000 tests réalisés

Pour ce faire, les agents de prévention Nariké M’Sada ont reçu en amont une formation sanitaire certifiante afin de pouvoir être habilité à cette manip’. Le déroulé ? Très simple, quasi indolore : petite piqure au bout du doigt, récupération de la goutte de sang et en à peine quelques minutes, la possibilité de détecter la présence d’une potentielle infection par les virus de l’immunodéficience humaine (VIH 1 et 2) mais également par les virus de l’hépatite B ou encore C (VHB/VHC). « L’unité mobile va nous permettre d’accroitre notre force d’intervention auprès des gens qui n’auraient jamais eu la présence d’esprit de venir se faire dépister lors d’évènements santé, en nos locaux ou bien même même en laboratoire. Tout est trop complexe et centralisé. Cela permet d’amplifier la démocratisation des dépistages tout en assurant une légitime discrétion de nos actions. Si vous regardez bien, le camion se veut sobre sans aucune information particulière si ce n’est la notion de Santé » nous fait remarquer Jade, agent et salariée au sein de l’association depuis 2 ans.

(de g. à d.) Toyfia, Némati et Jade, salariées de l’association, respectivement écoutante/conseillère ligne téléphonique Santé sexuelle à venir et agents de prévention terrain

Et la caravane passe…

Dans sa pleine montée en puissance, basée aussi sur une intelligente mutualisation de moyens, Nariké M’Sada et son objet roulant presque identifié souhaitent qu’il soit mis en place une mouvance et un calendrier hebdomadaire collectif avec d’autres unités mobiles de Santé déjà présentes sur notre île. En somme, au lieu qu’il soit question pour les habitants d’un village de se dire, le lundi c’est le camion itinérant des consultations gynécologiques, le mardi celui de la Santé sexuelle, le mercredi celui des dépistages hépatites etc. Et bien on regroupe tout ce beau monde médical, paramédical, solidaire, social et préventif et l’on crée une sorte d’hôpital roulant, appelé Caravane en Santé. D’une part, cela favorisera l’impact plus conséquent des respectives actions et, d’autre part, cela pourra aussi assurer une sorte de saine discrétion et déstigmatisation dans ce flot de véhicules aussi divers que variés. Pour notre UMD Nariké M’Sada, une vision anticipée a justement fait l’objet du cahier des charges initial pour sa construction. En effet, composé de 2 cabines bien distinctes, l’une est comporte un lit médicalisé pour consultations et l’autre se veut plus polyvalente. Un deux en un, au moyen de ces 2 compartimentations offrant utilisation de ce camion à diverses fins, avec autonomie énergétique embarquée qui permettra de pousser les mouvances préventives même en des lieux reculés :  « Nous restons convaincus qu’il y a des épidémies VIH et hépatites encore cachée à Mayotte et cet outil va nous permettre de clarifier tout cela et mettre un coup de projecteur Santé là dessus » confie la direction de Nariké M’Sada.

Pour V.Bertrand, cette caravane en Santé est avant tout un premier pas introductif en matière de parcours de Santé nourrie de cette prévention primaire via le terrain

Il faut savoir que l’hépatite B est un enjeu de Santé publique à Mayotte et que le taux de personnes infectées — HBsAg* positif/réactif — est 10 fois plus élevé qu’en Métropole (sources Santé Publique France), soit environ 3% de la population, avec une couverture vaccinale « des 15-29 ans beaucoup trop faible et un manque de sensibilisation en ce sens » spécifie Vincent Bertrand, directeur adjoint de Nariké M’Sada avant de poursuivre : « Les stratégies nationales en matière de communication et santé sexuelle ayant évoluées au fil des années, tout comme les traitements et l’espérance de vie rallongée, c’est tant mieux dans un sens, certes, mais d’un autre côté, il est une approche dangereuse de banalisation de la non gravité des conséquences, vu qu’il existe des solutions médicales qui contribuent à amplifier cette méconnaissance et non sensibilisation, VIH/Sida inclus ».

Rapide topo

Pour rappel, le VIH est un virus qui affaiblit le système immunitaire chez l’être humain; le Sida (Syndrome de l’immunodéficience acquise) est le nom donné au stade avancé de l’infection par le VIH. Une personne atteinte du Sida a forcément le VIH, ce qui n’est pas systématique pour l’inverse; il est donc question de notion de séropositivité. Selon le dernier bulletin officiel de Santé publique France, entre 2018 et 2021, le taux de séropositivité enregistré à Mayotte se voulait de 215 cas par million d’habitants, et de 17 cas par million d’habitants rien qu’en 2021 pour les diagnostics Sida. Un diagnostic établi principalement sur les femmes dû au fait de leur suivi médical certainement plus complet dans une approche obstétrique et gynécologique, d’une part et, d’autre part, d’une frilosité moins accrue en termes de dépistage et prévention. Des taux avec un recul analytique finalement très récent, en plus du fait qu’il soit question d’une partie exposée — clairement très sommaire — en comparaison de la réalité globale de notre département inscrit — grâce au travail poussé et acharné des acteurs de Nariké M’Sada — tel Mayotte département sans Sida et hépatites** à horizon 2030 grâce à cette règle des 3×95. En somme, pour éradiquer l’épidémie du VIH, il faut que 95% des personnes vivant avec ce virus aient connaissance de leur statut sérologique, que 95% de ces mêmes personnes reçoivent un traitement anti-rétro-viraux (ARV) contre le VIH et enfin que 95% d’entre-elles présentent une charge virale indétectable (=quantité de VIH présente dans le sang très basse et donc intransmissible à un tiers).

L’accès et la prise en charge de la patientèle VIH/Sida a Mayotte s’est nettement améliorée. Il est important de rappeler qu’il n’existe toujours pas de vaccination à l’horizon sachant que ce virus est en permanence mutable et propre à chaque personne atteinte. La principale cause d’arrêt de traitement sur notre territoire est liée au phénomène de vendre vide. En effet, le traitement étant lourd, il est principalement indiqué/fortement préconisé qu’il soit ingéré en même temps qu’un repas, pour un effet de pansement gastrique mais dans la pratique et au regard aussi de la famine présente sur notre département, certains ne peuvent suivre cette recommandation et cessent donc le traitement

Pour la Santé de tous, Marahabé Nariké M’Sada et que cette nouvelle étape d’outil terrain , en plus de la proche ouverture de 2 autres bureaux/points d’accueil et de la mise en place d’une ligne écoute en matière de Santé sexuelle, accélère avec efficience cette indispensable lutte sanitaire en nos mahoraises terres.

MLG

*Antigène de surface du virus de l’hépatite B/Virus transmis par sang, relation sexuelle ou encore de la mère infectée à l’enfant. 

** Lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida 2014/ONUSIDA, des maires venus du monde entier se sont réunis à Paris (France) pour signer une déclaration en vue de mettre fin à l’épidémie de sida dans leurs villes. En signant la Déclaration de Paris de 2014, les maires s’engagent à ce que les villes donnent un « coup d’accélérateur » pour mettre fin au sida en prenant une série d’engagements. Dans cette dynamique impulsée par Nariké M’Sada, les maries de Mayotte et le Département ont respectivement signé en 2018 puis 2019 cette déclaration visant ainsi cette politique priorisée d’éradication.

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