Chiffré à 252.365 millions d’euros, le CRTE de Petite Terre compile 4 contrats et programmes existants de l’Etat, en en additionnant les montants. Un pack qui rend cohérent entre eux les programmes déclinés vers les communautés de communes, et où l’environnement entre par la grande porte.
On parle de l’Action cœur de ville, des projets portés par le Contrat de convergence et de Transformation de Mayotte qui a été prolongé d’un an, du NPRU (Nouveau Programme de Rénovation Urbaine) de La Vigie, ainsi que divers autres petits programmes. Plusieurs acteurs sont partie prenante de cette stratégie d’aménagement, Conseil départemental, ANCT, Ademe, services de l’Etat, Banque des territoires, etc. Toutes ces actions et projets du territoire avaient été intégrés dans le protocole d’engagement du CRTE signé en octobre 2021. Le présent CRTE se focalise sur les actions et projets portés par la CCPT.
Et que nous décline Saïd Omar Oili, président de la CCPT, maire de Dzaoudzi Labattoir. Trois axes sont inscrits : Offrir aux Petit-Terriens tous les services de base compatibles avec le statut d’un département français, Favoriser la création d’emplois au travers d’un développement économique raisonné et respectueux de l’environnement et Garantir aux Petit-Terriens un cadre de vie harmonieux où la qualité environnementale et la préservation de la biodiversité seront une préoccupation constante. Le premier est le plus avancé.
La Vigie enfin en vue !
« En matière de mobilité et de logement social, nous avons déjà construit 246 logements à Marzoukou à Labattoir, quant au NPRU de La Vigie, ça y est, nous allons avancer puisque le marché de 16 millions d’euros est attribué à la Colas (le protocole de préfiguration avait été signé en 2017, ndlr). Une grande route de 12m de large est prévue. La résorption de l’habitat indigne à Oupi et aux Badamiers, a bien avancé. » Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait assisté à une opération de démolition de 35 cases insalubres aux Badamiers lors de sa visite à Mayotte en juin dernier, prévue dans le cadre de ces programmes mais intégrée dans l’opération Wuambushu.
Les immeubles de Marzoukou ont fait parler d’eux, « à travers ces logements sociaux, on m’accusait de construire pour les étrangers, et vu le manque de foncier, tout le monde veut y habiter, j’ai des demandes de salariés d’entreprises. »
On assiste donc à une continuité des actions entreprises, après une période de mou. « Alors que nous avions été les premiers à nous engager dans la CRTE, je m’étonnais que les contrats soient confirmés dans les autres EPCI et pas chez nous. Il a fallu que je fasse revenir un ancien DGS en urgence qui a repris les choses en main, car celui que nous avions n’avait pas avancé ». Un nouveau cadre a été nommé.
Une CCPT bancale
Si les projets avancent, il n’en demeure pas moins que la communauté de communes marche sur une jambe et demi en Petite Terre, une situation bancale due aux soucis du maire de Pamandzi Madi Madi Souf, avec sa majorité. Une partie des élus travaillerait avec l’interco. C’est le 1er adjoint et non le maire qui était présent à la signature du CRTE. Des difficultés pourraient se poser pour les projets touchant Pamandzi à valider en conseil municipal.
De son côté Saïd Omar Oili se félicite d’une Petite Terre où il fait meilleur vivre : « Nous avons construit un parc au Four à Chaux et un intergénérationnel à Dzaoudzi. Et ici, lorsqu’il y a de la délinquance, c’est surtout des règlements de comptes entre bandes, ce n’est pas tourné contre des véhicules comme en Grande Terre. On connaît les jeunes et on les retrouve, notamment grâce aux caméras de surveillance, nous partageons les informations avec la gendarmerie, et la police municipale de Dzaoudzi est désormais armée de flashball et de taser. Le contexte s’est amélioré. »
Un grand chantier d’aménagement qui ne fait que commencer, puisque les nombreux objectifs inscrits dans le CRTE de « développer une offre de formation en adéquation avec l’offre d’emploi », de « désenclaver Petite-Terre et renforcer son rôle de porte d’entrée de l’archipel », de « mettre en place les conditions pour un tourisme écoresponsable », ou encore « garantir l’autonomie énergétique de l’archipel mahorais, tout en poursuivant les efforts pour décarboner la production et limiter les émissions de gaz à effet de serre », doivent être atteint, et qui sont, pour certains, ambitieux !
Un chef de projet chargé du pilotage du CRTE a été recruté, Ali Madi, auparavant à la CMA, et une équipe d’animation est en train de se monter. Ils ont six ans pour mener à bien ces chantiers.
Anne Perzo-Lafond