Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne lésine pas sur l’imprégnation de notre île et ce, même avant la bascule institutionnelle officiellement actée depuis le 1er janvier dernier. Il s’agit là du 6ème déplacement estampillé Crous la Réunion mais du symbolique second, propre au grand tout qu’est désormais le Crous Réunion-Mayotte. « Il m’apparait important que tous les chefs de service se rendent sur le territoire pour justement observer par eux mêmes les besoins propres à ce dernier », nous indique par téléphone, Pierre-Olivier Sempere, directeur général de la nouvelle entité océan Indien.
Une seule et même grande équipe
Aux commandes de cette délégation, Amaury Millet, directeur adjoint du Crous La Réunion-Mayotte, pour qui la notion « d’antenne » est très importante mettant ainsi sur le même pied d’égalité le 101ème département français et les 3 autres pôles basés respectivement à Saint-Denis, Saint-Pierre ainsi qu’au Tampon: « nous apportons certes, notre expertise mais nous ne sommes en rien ni les tuteurs ni les directeurs du Crous de Mayotte ».
Une précision qu’il parait important de souligner au regard des initiales réticences et frustrations qui perdurent concernant la volonté de s’émanciper une bonne fois pour toutes du giron réunionnais. C’est pourtant indirectement grâce à l’observation et l’expérience de ce ’’grand’’ frère, qui veille quotidiennement au bien-être de près de 25 000 étudiants, que notre antenne mahoraise démarre graduellement sa conformité nationale. Et pour soutenir toute cette mise en place relative au traitement de près de 2 500 élèves, il n’a pas été question que d’une seule création de poste sur le Cufr Mayotte, comme initialement prévu, mais bien de 3 sur fonds propres justement.
L’accompagnement social
Aux côtés du tout jeune promu responsable de site Mayotte — Mcolo Bacar-Mcolo — une femme de terrain et d’expérience qui compte plus de 20 annuités au sein du Crous la Réunion. En effet, ayant officiellement pris ses fonctions locales au sein du centre universitaire mahorais, le 9 janvier dernier, Aline Ferrere accueille et accompagne quotidiennement les étudiants dans l’élaboration, le suivi et la régularisation de leurs respectifs dossiers sociaux et/ou boursiers. Des fonctions et responsabilités qui incombaient jusqu’à lors au rectorat et qui, paradoxalement, et contre toute attente, ne représentaient qu’un quart des estimations initiales en termes de besoins actés. Un contraste qui s’explique avant tout par le manque de gestion et suivi administratif concret allié à un manque certain de communication en matière de droits et d’aides auxquels les étudiants peuvent prétendre. Et cette aide personnalisée justement, Aline Ferrere l’offrait déjà à distance lorsqu’elle était en fonction sur la Réunion. Un suivi qui se veut donc dans l’efficace continuité au regard de la centaine de dossiers déjà traités depuis son arrivée.
Concernant le 3ème poste à pourvoir, qui n’est pas des moindres, il s’agit de celui d’assistant(e) social(e) pour lequel la procédure de recrutement est activement en cours sous l’active baguette magique de Nathalie Bardeur, directrice des ressources humaines du Crous la Réunion-Mayotte et partie intégrante de cette délégation. Bien que le Crous ait des fonctions délimitées propres à la vie étudiante, il n’en demeure pas moins qu’on ne peut poser des oeillères restrictives* au regard des spécificités et besoins fondamentaux locaux notamment en matière d’accompagnement financier, moral mais également de santé. C’est donc dans une ambiance discrète et bienveillante que le ou la futur(e) assistant(e) social(e) (qui prendra ses fonctions en avril prochain) apportera son expertise notamment pour la constitution de dossiers relatifs à l’aide spécifique ponctuelle nécessitant une évaluation sociale officielle. Là encore, il s’agit d’élargir le spectre bien-être et soutien jusqu’à lors complexe dans la mise en place.
Une indispensable modernisation
Mise en place depuis 2021 au Cufr, la restauration proposée par la société Panima, au tarif social de 1 euros (ou 3,30 euros suivant la situation de l’étudiant) se voulait caduque en bien des points notamment en termes de logistique et de manque évident de structuration. La tarification initiale de 1 euro, se voulant pour 2 repas jour complets, se voyait bien souvent non exploitée; là encore pour cause de manque de suivi, de système en place plutôt archaïque ou même de dangerosité directe qui voyait les étudiants se faire agresser à l’extérieur de l’université pour l’unique motif de dérober leurs quelques liquidités.
Afin de palier à toutes ces problématiques, Loïc Venturini, coordinateur Crous restauration, qui a pour mission condensée de mettre en place tout un système informatisé en lien avec la création d’un dossier « izly » propre à chaque étudiant**. Ainsi, qu’il soit question de l’utilisation par application smartphone ou bien de l’attribution d’un badge magnétique polyvalent, couplé à la carte étudiante, plus aucune nécessité de signatures/comptabilisation des repas, de feuilles volantes ou bien même d’argent sur soi. Tout est dématérialisé et nominatif. Une sécurité et un suivi 2.0 et les 1 400 cartes vierges apportées dans les valises de la délégation devraient d’ores et déjà couvrir la majorité des besoins étudiants du Cufr en ce sens là.
L’épineux challenge du foncier
Dans cet éternel tourment mahorais du « tout est prioritaire, tout est à faire » il n’en demeure pas moins qu’on ne peut être dans l’exécutif immédiat en matière de besoin logement étudiant. Pourtant l’urgence est là ! Une urgence aussi évoquée lors de l’entrevue matinale de ce jour, entre le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, et la délégation concernée. Les 2 principales raisons invoquées étant le manque de vision claire en matière de recensement étudiants dans les 10 prochaines années et l’indétrônable problématique foncière qui voit son site actuel déjà saturé. Un site saturé de projets autres que ceux dédiés exclusivement au Cufr de Dembeni qui soulèvent tout de même de légitimes interrogations au regard des priorités politico-économiques relatives à cette ville proclamée « étudiante » il y a de cela bien des annuités…
Pour qu’un système de logements étudiants puisse se mettre en place, il faut qu’il puisse répondre à 2 critères évidents: soit la résidence est à même l’université, soit elle est à proximité immédiate. Dans les 2 cas, contrairement au système de restauration qui est totalement subventionné, l’exploitation économique de logements étudiants doit être étudiée, viable et pérenne car non subventionnée.
À ces problématiques numéraires à moyen-long terme et foncières, s’ajoute un volet culturel local souligné par le président de l’association étudiante UNEF, Said Ratami, qui tendrait à ne pas avoir pour coutume l’hébergement des jeunes filles en des lieux autres que ceux familiaux et ce, même si cette dernière doit se lever quotidiennement à des heures indues pour se rendre au centre universitaire.
À la charge de toutes ces données informatives, David Langlade, responsable Crous du service patrimoine immobilier qui intervient dans l’immédiat dans une approche d’écoute et de constatation au regard de son expertise et des potentielles pistes futures qui seront soumises et, espérons-le, déployées.
Au programme de cette semaine express, la délégation Crous la Réunion-Mayotte devrait s’entretenir avec différents acteurs majeurs de nôtre île en lien avec la direction du Cufr mais également la vie étudiante.
MLG
* En moyenne métropolitaine, le ratio assistant(e) social(e) - étudiant(s) se veut de 1 pour 7 500. À Mayotte, il sera question de 1 pour 2 500. Données nationales Crous. ** Pour toute création de dossier social Crous étudiant, un compte national Izly est automatiquement créé.