Un mois de procès pour éclairer les zones d’ombre du crash Yemenia 626

Treize ans après le crash de l’Airbus A310 de la Yemenia Airways ayant coûté la vie à 152 personnes, s’est ouvert à Paris le procès de la compagnie aérienne yéménite pour « manquements et négligences ». La justice française va tenter, pendant un mois, de faire la lumière sur les responsabilités de la compagnie.

La nuit du 29 au 30 juin 2009 a été marquée du sceau tragique des dates funèbres de l’histoire de l’aviation mondiale. Alors que le vol Yemenia 626 s’apprête à amorcer sa phase d’atterrissage à l’aéroport de Moroni, l’avion heurte à 22h53 les eaux de l’océan Indien à pleine puissance, avant de sombrer dans les abîmes. Le crash, à quelques kilomètres seulement des côtes comoriennes, est fatal aux 11 membres d’équipage ainsi qu’au 142 passagers parmi lesquels sont à dénombrer 66 français. La disparition de cet avion de la compagnie Yemenia Airways reste la plus grande catastrophe aérienne des Comores.

De cette tragédie, seule une jeune fille, Bahia Bakari, parviendra à en réchapper après avoir passé près de onze heures agrippée à un débris de l’appareil. Elle sera secourue par un bateau de pêcheur le lendemain de la tragédie. Son témoignage est prévu le 23 mai prochain.

La compagnie rejette toute responsabilité dans l’accident

Aéroport de Moroni (Grande Comore)

Treize ans après le drame, la justice française examine depuis lundi et ce, durant un mois, les soupçons de « manquements et négligences » reprochés à la compagnie Yéménite. Cette dernière qui encourt 225 000 euros d’amende conteste néanmoins les faits qui lui sont reprochés. Les familles des victimes et de l’unique rescapée ont eu leur patience mise à rude épreuve au cours des années écoulées, plusieurs facteurs expliquant l’enlisement de l’enquête.

Selon l’AFP, si les autorités françaises ont pendant un temps reproché à leurs homologues comoriens leur non-coopération, les familles des victimes ont accusé pour leur part le Yémen d’avoir fait pression afin d’empêcher la mise en cause de sa compagnie aérienne. Mais malgré l’impatience suscitée par l’attente, c’est un banc des prévenus vide qui s’offrira aux yeux des 560 personnes constituées parties civiles. Selon la défense, aucun représentant de la Yemenia Airways ne devrait être présent compte tenu de la guerre qui sème le chaos au Yémen.

Circonscrire les responsabilités des acteurs de cet accident

Malgré une vétusté des avions de la compagnie dénoncée de longue date, les investigations réalisées ont

Un avion de la compagnie aérienne yéménite

écarté tout reproche vis-à-vis de l’état de l’appareil en question, un Airbus A310, ainsi que tout facteur lié soit à la météo, soit à la foudre, soit à un missile. En outre, les expertises des enregistreurs de vol ont imputé, selon l’AFP, des « actions inadaptées de l’équipage dans le cadre de l’approche de l’aéroport de Moroni, conduisant à la perte de contrôle de l’avion ». Une incrimination directe de la responsabilité des pilotes que les autorités yéménites avaient rejetée en mettant en avant l’expérience de l’équipage. Toutefois, selon Saïd Assoumani, président de l’association des victimes du Yemenia 626, dont les propos ont été rapportés par l’AFP, ce procès est avant tout celui « des manquements, de l’irresponsabilité, qui font que, avec la course aux profits, on arrive à des drames ».

Un mois pour faire toute la lumière sur les zones d’ombre de ce drame et circonscrire les responsabilités des acteurs de cet accident dont les conséquences sont toujours bien présentes pour celles et ceux ayant perdu un proche.

Pierre Mouysset

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