Depuis ce mardi, Santé Publique France a classé Mayotte en vulnérabilité élevée. Comme l’explique le nouveau directeur général de l’ARS, Olivier Brahic, Mayotte avait depuis plusieurs mois le taux d’incidence le plus bas de France. « Mais très clairement depuis une semaine, on observe un décrochage lié au fait que le taux d’incidence a triplé en une semaine. On est passé de 38 à plus de 100. Ce qui est d’autant plus inquiétant, c’est que l’augmentation de ce taux d’incidence est corrélée à la fois avec une baisse du taux de dépistage, et une augmentation du taux de positivité. » Un taux de positivité passé de 1,4 à 4,8 en une semaine, et un R effectif (NDLR taux de reproduction du virus) passé à 2, soit le plus élevé de France.
La situation sanitaire décline, et les professionnels de santé le ressentent. A l’issue d’une réunion de l’ARS avec les hospitaliers hier, il en ressort que « l’ambiance a changé, il y a une augmentation de flux au service d’urgences, une augmentation des appels au Samu. La situation sanitaire est clairement en train d’évoluer sur Mayotte » explique Olivier Brahic.
Pour ne rien ajouter, les épidémies de grippe et de bronchiolite sont aussi de la partie. Ce mardi, deux cas graves de grippe étaient admis en réanimation. Le weekend dernier, deux évacuations sanitaires pour bronchiolites étaient organisées.
Parmi les éléments de convergence se corrélant avec l’Europe, l’on observe que le taux d’incidence augmente rapidement sur la tranche 15-64 ans, à l’instar de la métropole. Une tendance inquiétante selon l’ARS, puisque « à un moment donné, cela se reporte vers les personnes âgées plus à risque ».
Une propagation extrêmement rapide du variant Omicron, et une grande contagiosité
Selon les autorités sanitaires, le déclin de la situation sanitaire s’explique plus précisément par la présence du variant Omicron sur le territoire. » On a un certain nombre d’éléments qui nous font dire que maintenant, on a une circulation active de variant sur l’île ».
« La situation sanitaire est clairement en train d’évoluer sur Mayotte »
Afin d’être fixé, le directeur de l’Ars a ainsi demandé que des échantillons partent en urgence au CHU de La Réunion pour analyse. Le résultat est tombé hier : sur 14 échantillons, 13 se sont avérés positifs au variant Omicron.
Malgré l’absence de recul sur l’impact réel du variant, l’ARS note une propagation extrêmement rapide du variant, et ce avec un degré de contagiosité 3 fois supérieur à celui du variant Delta. De plus, le temps de dédoublement de l’Omicron est de deux jours, là où celui du Delta est de quinze. Le Variant Omicron est « moins sensible au vaccin » précise le directeur général de l’ARS. Mais « la dose de rappel rebooste l’immunité et l’on atteint quasiment 90% de protection pour les formes graves ».
De nouvelles mesures de lutte
Outre le rappel du projet de loi actuellement soumis au parlement pour transformer le pass sanitaire en pass vaccinal, le préfet de Mayotte rappelait les mesures nationales, également en vigueur à Mayotte. Télé-travail obligatoire pour tous salariés ( si possible) à partir du 3 janvier, report de toutes cérémonies de vœux pour le mois de janvier… Les discothèques resteront fermées au moins jusqu’au 6 janvier. L’interdiction de danse dans les établissements recevant du public s’applique à la même date.
D’ici la fin de la semaine, un nouvel arrêté sera pris par le préfet pour renforcer les mesures de freinage. Généralisation du port du masque dans l’espace public, mesures de renforcements sur les interdictions de manzarakas et de voulés, remise des jauges dans les établissements de culte, etc… De nouvelles mesures contraignantes, mais l’idée d’un nouveau confinement n’est pas encore évoquée. Pour l’instant du moins…
Mathieu Janvier