La quatrième campagne de vaccination contre la Covid-19 aux Comores a été lancée la semaine dernière par les autorités sanitaires. Le ministère de la Santé a noté un ralentissement lors de la troisième campagne. Les citoyens ne se bousculaient pas dans les centres de vaccination.
Les objectifs des deux premières campagnes n’ont pas été véritablement atteints si bien qu’à Mwali (Mohéli), l’on avait atteint les 84% de la cible visées lors des deux premières campagne. Les autorités auraient souhaité dépasser les 100% pour évoluer vers d’autres tranches. Les deux premières campagnes de vaccination réunies ont permis au pays de vacciner 7.120 personnes à Mohéli (84,8% des objectifs), 37.980 à Ndzuani (Anjouan), soit 71,13% des attentes, puis 48.282 personnes (63,4% des objectifs) à Ngazidja (Grande-Comore).
Une obligation vaccinale imposée par les autorités
La troisième campagne est en cours avec la prise de la deuxième dose depuis le 27 octobre dernier. Les autorités sanitaires souhaitent vacciner 137.845 personnes lors de cette troisième campagne. Or, la semaine dernière, seulement 93.382 personnes étaient vaccinées, soit un taux de couverture de 67,7%, selon les chiffres officiels. Les Comores ont pris des mesures exceptionnelles visant à contraindre les gens à aller se faire vacciner pendant cette quatrième campagne lancée le 27 octobre. Les autorités ont, par exemple, imposé l’obligation de présenter la carte de vaccination avant d’accéder à tout lieu public, notamment dans les différents services de l’administration.
On compte, au total, 172.979 personnes vaccinées aux Comores au 30 octobre, selon le bulletin officiel du ministère de la Santé, soit 21,1% des plus de 12 ans. Les grandes campagnes prendront fin au 31 décembre, date à laquelle les autorités avaient prévu d’atteindre l’immunité collective. Mais les données ont été revues à la hausse pour obtenir de bons résultats des campagnes de vaccination. Les Comores souhaitent vacciner en tout 820.824 personnes* (contre 552.677 initialement annoncés) y compris les 12-17 ans avec le vaccin Pfizer au début de l’année 2022.
La stratégie des autorités comoriennes consistent à vacciner le maximum de personnes (plus de 60% de la population totale) pour pouvoir mettre fin aux mesures de restriction qui causent un grand préjudice à l’économie nationale, dominée essentiellement par le secteur informel. Le grand-mariage, principal levier de l’économie solidaire, est suspendu depuis deux années.
La Covid a mis à rude épreuve l’économie solidaire aux Comores
Les festivités du grand mariage permettent de faire tourner l’économie et alimentent les caisses des villes et villages en ressources financières, lesquelles permettent, à coup de cérémonies, de financer d’importants chantiers communautaires. Les tontines financières jouent un rôle social majeur dans les familles aux Comores car elles permettent à celles-ci de couvrir certaines charges sociales essentielles dont le financement de la scolarité des milliers d’enfants.
Le porte-parole du gouvernement, Houmed M’saidie, a fait savoir, dans une interview accordée à une radio locale, que le gouvernement souhaiterait bien lever les mesures restrictives. Encore, faut-il, que la population accompagne les autorités pour atteindre les objectifs de la vaccination.
« Plus les gens se vaccinent en masse, plus on donne au gouvernement les moyens de lever les restrictions. La reprise des cérémonies coutumières dépendra du niveau de la vaccination », avait-il souligné, ajoutant que malgré la baisse significative des cas « rien n’indique que le virus ne va pas refaire surface et obliger le gouvernement à prendre d’autres mesures pour protéger la population ».
A Mwali, la petite île, l’heure est à la grande vigilance après un rebond de cas de Covid-19, une trentaine au total. Ainsi, l’inquiétude grandit au ministère de la Santé où l’on annonce un séquençage pour déterminer le variant qui circule dans certaines régions.
La ministre de la Santé, Loub Yakout Zaidou, (photo du haut) annonce le convoyage d’échantillons en Afrique du Sud pour analyses. A noter que l’Union des Comores, classées « pays vert », figure sur la liste des dix nations africaines qui ont d’énormes chances de vacciner 40% de leurs populations d’ici la fin de l’année comme le recommande l’OMS.
De notre correspondant aux Comores, A.S.Kemba
* En 2020, la banque mondiale chiffrait à 870.000 la population totale de l’Union des Comores