Des scientifiques « dotés d’une très grande connaissance de la mangrove » se réunissent actuellement et jusqu’au 10 octobre à l’hôtel du Rocher à Dzaoudzi, dont une partie en distanciel en raison du contexte sanitaire.
Mayotte s’affiche comme la seconde île du sud-ouest de l’océan Indien avec la plus grande superficie de mangroves juste derrière les Seychelles.
Biologistes, physiciens, anthropologues… vont échanger leurs visions car en fonction de l’interprétation et de la perception qu’on a de la mangrove, les impacts ne sont pas les mêmes sur un plan législatif et réglementaire. Les limites de ces écosystèmes sont d’autant plus difficiles à délimiter qu’ils sont dynamiques, au sens où la densité de la mangrove fluctue dans le temps. « Ses frontières muent car leurs surfaces augmentent et diminuent en fonction de cycles naturels qui s’étalent sur plusieurs décennies. Mais aussi parce que les autres écosystèmes environnants la font évoluer. »
La mangrove de Mayotte, foyer d’exploration
La mise en place d’indicateurs fait partie des missions que se sont données les coordinateurs du programme ARESMA*. Des outils qui pourraient être bien utiles aux municipalités, et dont la vocation est aussi de protéger au mieux cet écosystème, même si l’homme n’est pas responsable de toutes les pressions.
Les échanges entre chercheurs déboucheront sur la production d’articles interdisciplinaires, destinés à mieux comprendre comment évoluent ces forêts primaires établies dans les régions intertropicales du globe. Ils viseront également à la prise de conscience de l’importance de protéger ces écosystèmes menacés et en régression à l’échelle mondiale, alors même que leurs bénéfices sont immenses, notamment pour faire reculer l’érosion des côtes. « La présence du lagon quasiment fermé autour de Mayotte favorise l’implantation des mangroves en les protégeant de la houle. On les retrouve ainsi sur 29 % du linéaire côtier, en fond de baie principalement », explique Esméralda Longépée, Maître de conférences en géographie de l’environnement.
La mangrove rend un fier service aux autres écosystèmes, et aux populations, car elles permettent de lutter contre l’envasement du lagon, en piégeant les sédiments venus des rivières. « Elles participent ainsi au maintien des autres habitats lagonaires, comme les herbiers et les récifs, qui abritent une grande partie de la vie aquatique, ce qui fait un élément clé du maintien de la ressource halieutique. De plus, ces forêts particulières abritent une diversité en espèces, qu’on ne retrouve pas ailleurs et font donc l’objet d’un fort enjeu de conservation », complète Claire Golléty, Maître de conférences en écologie marine, au sein du CUFR de Mayotte.
* ARESMA est un projet qui découle de l’initiative des chercheurs mais aussi d’une demande du territoire, pour mieux connaître les mangroves de Mayotte, en tant que milieu naturel et milieu en interrelation avec la société. Le projet de recherche est soutenu financièrement par quatre institutions : la Fondation de France, le Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres, le Parc naturel marin de Mayotte et le CUFR de Mayotte.