Au printemps 2020, la crise sanitaire et le confinement ont généralisé sur la place publique les termes de continuité pédagogique et distanciel, dans un « basculement inédit des enseignements ». La continuité pédagogique a été rendue possible par le numérique et par la capacité d’adaptation, et même la créativité, de tous les enseignants avec ces outils. Comme dans tous les domaines, cet épisode a accéléré des mouvements en cours. Cela est vrai aussi pour l’école et l’université.
Si les enjeux de continuité pédagogique pendant cette crise ont montré l’engagement sans faille des enseignants, ils ont aussi révélé des retards ou des lacunes entraînant le recours à des solutions d’urgence. La situation a aussi révélé les capacités d’adaptation dans l’enseignement scolaire et supérieur français et accéléré la transformation numérique en cours : remédier aux fractures numériques, géographiques ou sociales, qu’il a mises en lumière, mieux former les enseignants à l’usage des outils et des ressources qui existent et leur permettent de bonifier encore leurs pratiques pédagogiques, mieux former les élèves et les étudiants à tous ces usages pour qu’ils s’en saisissent pleinement pour construire leurs parcours de réussite scolaire, universitaire et professionnelle, accompagner les parents les moins familiers du numérique, pour qu’eux-mêmes puissent mieux accompagner leurs enfants.
En décembre 2020, le premier ministre validait la stratégie « Enseignement et Numérique » qui débouchait notamment sur un appel à manifestation d’intérêt (AMI), sorte d’appel à projets, intitulé « Démonstrateurs numériques dans l’enseignement supérieur », DemoES. Il est doté de 100 millions d’euros. Il s’agissait d’identifier et de soutenir les établissements d’enseignements supérieurs qui expérimentent une des nombreuses facettes de la transformation numérique.
Il peut s’agir d’équipement informatique, de la formation des enseignants et des étudiants, la mise à disposition de ressources pédagogiques, de plateformes et d’outils, l’amélioration des usages, de la réussite des étudiants et du bien-être des enseignants, etc.
Le numérique un outil devenu indispensable pour la réussite scolaire
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé, lors d’un déplacement dans la Vienne ce 8 octobre 2021, les 17 lauréats de cet appel à projets, aux côtés du ministre de l’Education nationale Jean-Michel Banquer et de la Ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal.
Il s’agit de soutenir l’innovation dans le numérique éducatif scolaire et dans l’enseignement supérieur, afin de répondre à « un impératif de réussite scolaire, et de lutte contre les fractures sociales, territoriales et numériques ». Pour le Premier ministre, « le numérique doit rester un outil » et l’État se doit « d’accompagner » la transformation, entre autres au travers de marchés publics ouverts aux edtech (450 en France), notamment avec le soutien de BPI France.
Le Premier ministre a ainsi fait plusieurs annonces, dont les 17 lauréats de l’AMI « Démonstrateurs numériques dans l’enseignement supérieur » (DemoES), qui visent à expérimenter « toutes les dimensions de la transformation numérique » dans le cadre d’une « approche globale » et en partenariat avec les edtech, entreprises spécialisées dans les technologies de l’éducation.
Parmi les 17 élues, des universités prestigieuses comme Paris Sciences et Lettres, et… notre petit Centre universitaire de Dembéni, pour son projet X MEN ». L’établissement a été identifié comme « démonstrateur », c’est à dire, « prêt à mettre en place et à déployer une stratégie de transformation numérique dans l’ensemble de ses formations, y compris dans celles où sont formés les enseignants du scolaire ». Et de manière à ce que les autres établissement s’en inspirent ensuite.
« Dans chacun de ces établissements, il va s’agir de transformer les cursus, d’équiper des salles et des amphithéâtres, de former des professeurs », a annoncé le Premier ministre au moment de l’annonce des lauréats.
Par ailleurs, un « groupe d’experts » est annoncé pour réfléchir et « proposer des solutions » à mettre en place pour le numérique éducatif. Il mettait en évidence que la crise sanitaire et les enseignements en distanciel lors des confinements ont été l’occasion de constater que « ni l’École ni les universités n’étaient suffisamment équipées et préparés pour faire face à un basculement complet ».
A.P-L.