Sur les 26 élus du conseil départemental, 23 sont des primo-sortis des urnes fin juin. Parmi les petits nouveaux, seul Mansour Kamardine a déjà tâté du fauteuil en 1994. Ce n’est donc pas une assemblée plénière totalement rodée qui se tenait ce mardi, mais on espère que le timing tenu par le président restera le même. Quelques retards à l’allumage, puis des prises de parole concises sur les rapports à voter. Il faut dire que peu étaient à l’ordre du jour, qui ne concernait que la Commission Administration générale, transports et transition écologique, supervisée par Ali Omar, le 3ème vice-président. Les 35 autres rapports étaient examinés en commission permanente, non publique.
Dommage, cela aurait permis de savoir ce que le Département avait dans le ventre dans le domaine social, notamment sur le rapport portant sur les contrats signés avec les associations de prévention spécialisée, avec l’annulation d’une délibération prise antérieurement.
Bipolaire, la séance du jour portait sur l’insécurité à travers une motion, et sur la forme que prendra la mobilisation du conseil départemental dans l’objectif de l’organisation des Jeux des Iles 2027.
La sécurité « quoiqu’il en coûte »
Un texte était donc lu en début de séance par la conseillère de Ouangani, Bibi Chanfi, il s’adresse au ministre Gérald Darmanin. Une sorte de suivi après vente de sa visite à Mayotte. Estimant que les efforts du conseil départemental ont « trouvé leurs limites », tant physiquement après que « des élus ait intégré les lignes de bus à risque », que financièrement, « on vous demande des moyens » qui vont permettre de mettre en place les mesures du protocole signé avec les conducteurs de bus, 54.000 euros sont budgétisés pour filmer les vitres de l’ensemble des bus. « Le quoiqu’il en coûte de la période sanitaire a aussi vocation à être décliné pour lutter contre l’insécurité ».
Une motion qui laissait dubitatif Elyassir Manfourou, conseiller de Mamoudzou 2, « les ministres sont venus, ils connaissent la situation », plusieurs de ses collègues souhaitaient apporter leur touche. Pour Abdoul Kamardine, Mtsamboro, « il faut demander au ministre de mobiliser les bateaux de la marine nationale et de mettre en place un établissement pénitencier supplémentaire », quand Daniel Zaïdani, Pamandzi, évoquait une île « qui sombre car les réponses aux 30.000 élèves qui ne vont pas en cours notamment en Petite Terre, ne viennent pas du côté de l’Etat », alors que Maymounati Moussa Ahamadi, Dzaoudzi, invitait à « dégager un budget pour aider les communes à investir dans leur police municipale », et élargir les zones police, « à Labattoir, c’est tous les soirs que des jeunes se mènent la guerre, il faut que nous passions en zone police », étant en proximité de Mamoudzou. Le texte devrait être retravaillé pour être envoyé sans tarder au ministre de l’Intérieur.
Une pelouse impraticable avant l’inauguration
L’autre rapport phare portait sur un domaine qui permettrait d’occuper de nombreux jeunes, le sport, et faisait l’objet de vives critiques dans sa gestion départementale, de la part d’Elyassir Manfourou : « On fait rêver les mahorais en annonçant vouloir organiser les Jeux des îles de l’océan Indien, mais on ne s’en donne pas les moyens. Le stade de Kavani, commencé il y a 8 ans, n’est pas encore inauguré, et tous les soirs les jeunes viennent fumer, la pelouse est impraticable. Il faut sécuriser cette enceinte. Et en face, le gymnase est fermé faute d’entretien. »
Pour Ben Issa Ousseni, c’est l’occasion de raviver ce que la précédente mandature, dont il était, avait lancé, « l’Office des Sports, non pour construire, mais pour gérer nos stades. » Dans le passé, une association, l’AGESDM, était jusqu’en 2012 chargée de l’entretien des stades, mais des « zones d’ombre » dans la comptabilité de l’association avait incité le conseil départemental à réduire la voilure. Elle n’avait pas été remplacée.
Alors que le plan de convergence alloue 147 millions d’euros aux infrastructures sportives, plusieurs études ont été lancées, rapporte le président du CD : « la piscine olympique de Kaweni, le dojo, le gymnase du Nord ». Un CDD est créé pour accompagner le département sur l’organisation des Jeux des Iles, « s’il s’avère que dans deux ans, on constate que le défi est trop important, on stoppe le CDD ». Une planification qui ne peut s’exonérer d’un Schéma Régional du Développement du Sport, souligne Maymounati Moussa Ahamadi, « c’est lui qui va nous amener les financements. »
Les élus validaient à l’unanimité la création de ce poste de Délégué des Jeux des Iles OI.
A.P-L.