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Une « classe défense » de huit élèves du collège de Labattoir sur la base navale de la marine nationale

Vendredi matin, le recteur de Mayotte, le maire de Dzaoudzi-Labattoir et les représentants des FASZOI sur l'île, rencontraient les élèves de troisième du collège Bouéni M'Titi de Labattoir. Les huit élu.e.s feront partie de la nouvelle classe défense, dispositif leur permettant d'appréhender les missions de la marine nationale.

La récréation n’est que dans dix minutes, mais la joie règne déjà dans la cour bondée du collège Bouéni M’Titi de Labattoir. Rien d’étonnant pour l’établissement de Petite Terre, qui compte très exactement 1947 élèves. Ils ne sont pourtant que sept (la huitième élève étant absente) au fin fond de l’arboretum du collège, au pied des quartiers du Cetam et de la Vigie. C’est à l’ombre d’un grand manguier que les héros du jour faisaient face à Gilles Halbout, recteur de Mayotte, Saïd Omar Oili, maire de Dzaoudzi-Labattoir, les représentants de la marine et des FASZOI (Forces armées dans la zone sud de l’Océan Indien) sur l’île, Eric Bellais, le représentant de l’IHEDN (Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale) et Victor Bakam, principal du collège. Ce dernier s’est montré très fier de ses élèves de troisième : « Des stages auront lieu dans les structures de la marine, une fois par mois. Cet enseignement quasi professionnel leur permettra de comprendre les valeurs de la République ». Une signature dans le cadre du Trinôme entre l’Education Nationale, les FAZSOI et l’IHEDN.

L’égalité au coeur de la citoyenneté

C’est la troisième classe de défense et de sécurité globale (CDSG) de l’île au lagon, après celles existantes à Dembéni et au collège K1 de Kaméni, bien que cette dernière soit sous l’égide de la police. À Labattoir, c’est la marine nationale qui sera donc en charge de ce dispositif, et élèves sélectionnés pourront travailler sur la base navale mahoraise. Abraham, l’un des huit élus, est déjà conquis : « J’ai toujours été un bon élève depuis la sixième, et, plus tard, j’aimerais m’engager dans la marine ». Un engagement qu’a salué Gilles Halbout, avant de signer la convention de classe défense. « Ce dispositif a pour but de promouvoir le lien entre l’école et les forces armées, trop souvent séparées, a déclaré le recteur de Mayotte. Mais aussi de développer l’esprit de défense et de citoyenneté chez les jeunes. »

Après avoir, à l’instar du commandant de la base navale, regretté le service militaire, tout de même supprimé depuis près de 20 ans, M. Halbout est revenu sur le devoir d’exemplarité de ces jeunes, mais aussi sur l’égalité, principe fondateur de la devise française. « Dans un collège, il faut intégrer ces valeurs, et considérer l’autre, quel qu’il soit, comme son frère ou sa soeur », a-t-il déclaré. Une solidarité également prônée par Saïd Omar Oili. « L’article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen précise que les hommes naissent libres et égaux en droits, a réaffirmé le maire de la commune. C’est ce que vous devez défendre. Malgré nos différences, notre nationalité, nous sommes tous des êtres humains, et nous formons une communauté. »

Le recteur et les signataires de la convention

S’engager, même au pied du Cetam et de la Vigie

Le maire de Dzaoudzi-Labattoir est ensuite brièvement revenu sur les atroces homicides ayant choqué Mayotte en début d’année, en félicitant la population de Petite Terre d’avoir su garder son calme. « Le collège Bouéni M’Titi avait mauvaise réputation il y a quelques années, personne ne voulait y envoyer ses enfants, a-t-il continué. Aujourd’hui, c’est ma fierté, puisque toute la Petite Terre veut les scolariser ici, malgré le fait qu’il soit situé entre la Vigie et le quartier Cetam. » Si de nombreux artisans sont à mettre à l’honneur pour avoir redoré le blason de l’établissement de Labattoir, deux d’entre eux, des professeurs d’histoire, ont participé activement à la mise en place de cette classe défense.

Le premier, M. Binet, a tenu à louer « l’engagement » présent chez les jeunes de Mayotte, que « l’on montre souvent de façon négative ». Les expériences des huit élèves sélectionnés serviront d’ailleurs à toute la classe, puisque leurs retours concernant la base navale s’intégreront à merveille dans le programme de troisième. « Nous pourrons revenir sur le rôle de la marine lors des guerres du XXème siècle », s’est enjoué l’enseignant. Sa collègue, Mme Cordier, a insisté sur le « parcours citoyen », s’étalant de la troisième à la terminale : « Cette année, ce sera l’étude des valeurs de la République, du devoir de défense du citoyen, et du rôle de l’armée ». La classe défense aura aussi un impact sur le brevet des collèges, qui arrivera bien vite pour les huit élèves et leurs camarades. En plus du parcours citoyen, effectivement, les collégiens pourront aussi opter pour les parcours « culturel » et « avenir ». Une dernière option idéale pour celles et ceux qui voudront s’engager après leur expérience, à l’image d’Abraham, trépignant déjà d’impatience à l’idée de fouler la base navale de la marine.

Axel Nodinot

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