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« Mamans solaires », ou comment mettre les femmes de Koungou au cœur du développement durable

Associer le développement économique à la protection de l'environnement et du cadre de vie, c'est l'ambition de l'ONG indienne Barefoot College International. Sélectionnée par la Ville de Koungou, elle a initié des démarches pour former des habitantes à l'installation de panneaux solaires. Une manière d'accompagner de l'intérieur les plans d'urbanisme.

« La Ville de Koungou mène plusieurs projets de résorption de l’habitat indigne », indique en propos liminaire Mélanie Guilbaud, DGA Développement Urbain à la ville de Koungou. « La question c’est comment faire le lien, restructurer Mayotte et comment ça profite aux populations locales. Il nous a semblé intéressant de mettre les projecteurs sur les femmes mahoraises et leur importance dans la société ainsi que sur les énergies renouvelables. On voulait à une petite échelle faire de l’énergie renouvelable et de l’insertion avec les femmes sur toute la ville de Koungou. Avec la volonté du maire et le partenariat financier avec l’AFD, on s’est alors rapprochés de BareFoot College pour redonner emploi, autonomie et place des femmes dans le village tout en produisant de l’énergie renouvelable »

Anaïs Amazit, directrice du pôle Afrique au sein de cette ONG indienne, poursuit. « Barefoot College International est une ONG indienne établie dans 93 pays, qui a formé 3500 femmes à devenir techniciennes solaires, ce qui consiste en une formation qui leur permet d’être capables d’assembler, installer et assurer la maintenance et la réparation de panneaux solaires. On a été sollicités ici car il y a un besoin en termes d’insertion par l’emploi des femmes en particulier mais aussi des objectifs d’énergie renouvelables. »

Et si l’ONG indienne cible spécifiquement les femmes, c’est dans un souci de répartition des richesses à terme. « Plusieurs études mettent en avant le fait que quand on investit dans un projet où les femmes sont au centre, on a un retour plus important pour les populations que quand on s’adresse aux hommes. Si on investit 1€ dans un projet où les femmes sont au centre, elles ont tendance à réinvestir 90ctms pour leur foyer et leur entourage, contre 30ctms pour les hommes qui vont peut-être plus utiliser l’argent pour eux-mêmes ».

Surfer sur la culture de l’entrepreneuriat féminin

Anaïs Amazit croit à l’entrepreneuriat féminin pour développer les quartiers

Pour la directrice régionale, Mayotte est propice à ce type d’opérations, par sa culture de l’entrepreneuriat féminin, mais aussi du contexte social. « La clé, c’est l’implication des populations, qui sont vulnérables et en situation de précarité. On vise des profils de femmes qui ont un bagage scolaire faible, pour leur redonner de la place dans les quartiers et les villages à travers ces formations. Là on vient d’entamer cette collaboration et je suis venue passer quelques jours pour voir les capacités d’intervention et comment adapter notre modèle, car chaque contexte est totalement différent. C’était l’objectif de cette première mission. Après quelques jours, le constat est très positif, on a interagi avec des habitants, des associations, des élus, et tout le monde soutient le projet et pense qu’il y a un besoin. a nous de modéliser un projet qui fait sens pour le département et la commune de Koungou en particulier ». « Ce qui était très positif c’est que les habitantes ont manifesté leur intérêt à participer au programme, à être formées et à apprendre un métier au service de la communauté, elles se sont dit ‘c’est génial je pourrai devenir formatrice à mon tour », c’est justement l’ADN de Barefoot International : former pour diffuser les connaissances après. »

Ce projet qui s’inscrit dans le cadre des programmes de rénovation urbaine et de lutte contre l’habitat insalubre ne consiste donc pas à faire installer des panneaux solaires dans les bidonvilles, mais bien à préparer l’après.

« La politique de la ville, c’est de réhabiliter des quartiers, on s’inscrit dans ces projets ». Les panneaux solaires devraient concerner les nouveaux logements mais aussi les options de relogement temporaire « en attendant que les logements définitifs soient établis ». A ce jour, « rien n’est acté » précise la directrice. « On ne va pas intervenir dans des bidonvilles existant où il n’y a pas de projet » indique-t-elle aussi.

Les besoins « sont là et sont très diversifiés » constate la responsable qui veut commencer par un « projet pilote de plusieurs dizaines de foyers » avant de développer l’idée sur tout le territoire de Koungou, voire au delà.

L’idée serait d’avoir « quelques femmes formées » qui seront « rémunérées par ce travail là » à l’issue d’une formation qui pourrait être dispensée sur place à Mayotte, en Inde, ou dans un des centres régionaux de formation de l’ONG à Madagascar ou en Afrique continentale par exemple.

C’est la première fois que l’ONG intervient sur le territoire français.

Y.D.

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