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Maria Galanta Express : le plus grand catamaran du lagon en cinq questions

La compagnie SGTM Maria-Galanta a réceptionné son nouveau navire, le Maria-Galanta Express, un catamaran qui surpasse de loin ses prédécesseurs sur les lignes Mayotte-Comores. L'occasion aussi pour la compagnie familiale de combattre quelques idées reçues.

Qui n’a pas remarqué le grand catamaran aux couleurs de la compagnie SGTM, apparu dans le lagon il y a une paire de semaines déjà ? Ce nouveau venu, destiné aux lignes Mayotte-Anjouan et Mayotte-Moroni, surpasse de loin les autres bateaux de la flotte et permet à la compagnie de se tourner vers l’avenir. Le directeur Michel Labourdère et sa fille Eva Labourdère nous ont reçu pour parler de cet investissement à 11 millions d’euros.

JDM : Quelles sont les caractéristiques de ce bateau, et à quels besoins il répond ?

Eva Labourdère : « On voulait proposer quelque chose de disponible pour tous, et moderne. »

Michel Labourdère : « Il est plus long, avec 41m, plus large, plus rapide avec des fauteuils plus confortables, il y a des douches à bord et 150 chaînes grâce à une antenne satellite pour occuper tout le monde. C’est surtout plus de confort, on change de dimensions. On est sur une traversée de 2h30 au lieu de 5h30 auparavant pour Mayotte-Anjouan et on a fait Mayotte-Moroni en 5h, c’est deux fois et demi moins de temps. Il peut aller jusqu’à 35 nœuds à pleine charge. On a aussi et surtout des moteurs beaucoup moins polluants et plus économiques. Avec une plus forte capacité on peut aussi faire moins de rotations. En haute saison on avait 2 ou 3 bateaux par jour, aujourd’hui avec un 400 places contre environ 200 pour les anciens, c’est moins de mouvement et moins de frais. On y trouve un vrai bar, ce qui est nouveau, avec des boissons chaudes à volonté et des boissons fraiches, et on est en train de mettre en place un dutyfree comme dans les avions, ça sera fait dans l’année.

Le Maria Galanta Express doit aussi nous permettre d’essayer de baisser les prix, et de répondre à la forte demande en saison.

CanalSat, bar et bientôt duty-fee, la compagnie veut séduire ses passagers (photo SGTM)

Nous ce qu’on veut c’est des billets pas chers pour s’adapter au pouvoir d’achat de notre clientèle. On a une clientèle avec moins de pouvoir d’achat que la clientèle aviation, et c’est une fierté pour nous. Cela fait 17 ans qu’on est sur ces lignes maritimes et on est par moments à moitié prix par rapport à l’avion.

On a aussi la capacité de faire des excédents bagages illimités, on a régulièrement des passagers avec 150kg de bagage. Le préfet a mis beaucoup de pression sur l’habitat insalubre, il y a eu énormément de décasages et la plupart des personnes ont fait le choix de quitter l’île. Quand on voit qu’un quartier va être démoli on sait qu’on va avoir beaucoup de bagage les gens arrivent avec des lits, frigos, congélateurs. On est content de pouvoir faire face à cette difficulté car ce sont des personnes quand même moralement atteintes.

Sur les photos, on peut voir le drapeau français et le drapeau comorien, les navires SGTM naviguent sous quel pavillon ?

ML : On navigue sous pavillon Union des Comores. c’est un choix de cœur, car cela fait 34 ans que je suis investi aux Comores, et ça nous permet de faire l’inter îles, et répondre à une demande tout en faisant l’international. On ne pourrait pas le faire avec un pavillon français. Mais on est une compagnie française : tout le staff, la billetterie et l’entretien sont faits ici à Mayotte. Quand le bateau arrive en France on met le drapeau français, c’est un pavillon dit de courtoisie.

Quand on parle du Maria-Galanta, on pense aux reconduites à la frontière, c’est un raccourci que vous  dénoncez…

ML : Les ESI sont des passagers comme les autres, une fois à bord on ne fait aucune différence. Il n’y a pas de sièges moins confortables, pas de rideau, ils ont accès aux mêmes services que tout le monde. Leur billet est payé par l’Etat c’est tout. Cela représente environ 80 passagers par voyage en moyenne, c’est 20 à 30% de notre activité suivant les années, le record étant en 2019.

La liaison maritime revêt aussi une dimension humanitaire ?

Michel et Eva Labourdère (Photo YD)

ML : On a en effet une zone spécifique pour les aides humanitaires qu’on transporte gratuitement.

On fait aussi les transports mortuaires avec les pompes funèbres, le transport des grands brulés : ce bateau est équipé d’une infirmerie, avec oxygène, perfusion, une infirmière à temps plein, un défibrillateur et un poste pour le médecin. On fait aussi le transport de gens en fin de vie pour le CHM quand une personne veut être enterrée chez elle et que la médecine dit qu’il n’y a plus rien à faire, ils arrivent médicalisés, aujourd’hui on peut le faire dans de bonnes conditions. On a aussi des passagers très âgés, ça leur permet de voyager allongés. Par ailleurs, tout ce qui est associatif on le fait gratuitement.

On soutient aussi les équipes de foot Citadelle et Gombessa qui sont aussi le nom de 2 de nos bateaux

E.L : On expédie des livres, masques, du gel hydroalcoolique, on le fait gratuitement car on fait le lien entre les Comores et Mayotte. Il y a par exemple des livres scolaires qui seraient jetés ici peuvent être utiles là bas.

Vous accusez une forte demande avec la réouverture des frontières, c’est le bon moment pour partir en vacances aux Comores ?

ML : « On le déconseille ! Actuellement il y a des quotas sur les retours, en aérien comme en maritime. Ils ont été publiés sur le Facebook de la préfecture il est précisé que 180 retours sont autorisés par semaines par les avions, et 150 par les bateaux, donc on fait trois rotations de 50 les lundis mercredis et vendredis. Comme ils ne sont pas certains de pouvoir revenir, on dit bien à nos passagers qu’il serait prudent de reporter le voyage. Mais beaucoup maintiennent et veulent partir, beaucoup sont des départs volontaires et ne reviendront pas. D’ailleurs actuellement on n’a pas de passagers dans le sens Comores-Mayotte. »

Propos recueillis par Y.D.

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