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Mamoudzou

Gueules d’amour, dans la tempête et sans refuge

Telle l’arche de Noë, Gueules d’amour naviguait dans la tourmente. Mais c’est un cataclysme qui s’est abattu sur le seul refuge pour chiens et chats de l’île. Le 22 juin, la cour d’assises de Mamoudzou décide de l’incarcération immédiate de Tyler Biasini, alors président de l’association. La condamnation à 7 ans de prison pour viol sonne le début de la tempête pour les autres membres de l’association. « Tyler n’en avait parlé à personne, nous n’étions pas du tout préparés à ça. Ça a été un véritable choc », retrace Qéren Jaomanoro, la nouvelle présidente de Gueule d’amour. Un choc donc, et le premier d’une longue série.

« Dès que les jeunes ont compris que la voie était libre sans Tyler, ils en ont profité », poursuit celle qui était il y a encore trois semaines assistante manager auprès du président, connu pour ne pas se laisser faire face aux innombrables tentatives de vol de chiens subies par le refuge. Alors, « dès la première nuit, ils ont essayé de faire sortir le gardien du refuge, il a appelé un ami à l’aide qui est venu tout de suite puis les gendarmes sont arrivés… Mais quand tout le monde est parti, ils sont revenus, ils ont tout saccagé dans la maison du gardien, volé les panneaux solaires et le groupe électrogène », se remémore Qéren Jaomanoro. Chez Gueules d’amour, la panique gagne les troupes mais la solidarité ne faiblit pas. Le lendemain, plusieurs bénévoles investissent les lieux et les tiennent malgré la grêle de cailloux qui s’abat dans la nuit. « Et puis il y a eu une nuit où il n’y a rien eu ».

Des nuits de terreur

Et puis l’escalade. Les bandes parviennent à pénétrer dans le refuge, volent une douzaine de chiens. Malgré tout, des membres de l’association réussissent à en sauver 13, lesquels seront envoyés par fret aérien en compagnie de 11 chats du refuge. « On n’avait pas le choix, si on avait baissé les bras on aurait tout perdu. On n’a pas trop réfléchi ». Le surlendemain, alors que le refuge est désormais vide, ce ne sont plus des cailloux qui fusent au-dessus des barrières mais des cocktails molotov. La nuit suivante, ce qu’il reste du refuge est mis à sac, les conteneurs pillés, l’ensemble du matériel dérobé.

« Ils ont gagné », soupire Qéren Jaomanoro. Laquelle a cependant su faire front commun avec les autres membres de l’association. « Pas le choix ». Pendant les jours qui suivent, il faut organiser le placement en famille d’accueil des animaux, puis leur départ en avion. Heureusement, « à Paris nous avons une équipe formidable » qui a pu réceptionner les rescapés et les confier ensuite à trois associations partenaires en métropole.

Absence de soutien des institutions

24 chiens et chats ont pu être envoyés en métropole auprès d’associations partenaires.

De la solidarité aussi, de la part de nombreux donateurs ou particuliers proposant leurs services. « Ça nous a beaucoup touchés, on avait peur qu’avec ce qu’il s’était passé, les gens catégorisent l’association », explique la présidente à propos de la condamnation de son prédécesseur. Une cagnotte en ligne, des appels… Mais à défaut d’un sursaut des institutions, rien en mesure de sauver le refuge. « C’est tellement dommage, on se retrouve encore plus seuls au moment où on a le plus besoin d’aide », se désole celle qui, depuis quatre ans, oeuvre pour offrir un refuge aux animaux de l’île. Au délà de déplorer l’absence de réaction des différentes autorités pour sauver la structure c’est à l’échelle du territoire que son désarroi s’inscrit.

« C’est vraiment dommage que personne ne se réveille, se dise que Mayotte a besoin de ça. Les animaux sont de plus en plus nombreux et avec eux toute la délinquance qui y est liée ne va qu’en empirant ! Perdre une structure d’accueil risque de créer un énorme problème que l’on aura du mal à résoudre », soutient Jaomanoro.

En l’absence de ce soutien, Gueules d’Amour ne rouvrira pas son refuge. Mais n’abandonnera pas pour autant les animaux et continuera à organiser la stérilisation, le placement en familles d’accueil comme les voyages vers la métropole. À pas de loup donc, quand il faudrait une cavalcade.

G. M

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