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Diphtérie : la couverture vaccinale est insuffisante à Mayotte, selon Santé Publique France

Comme en écho à l'appel des soignants déplorant un laisser-aller sanitaire à Mayotte, un bulletin de Santé Publique France fait état d'un contexte inquiétant de la diffusion de la diphtérie sur le territoire, notamment en provenance des îles de la région. Et préconise d'accentuer la vaccination, notamment chez les professionnels de santé.

Petits, les enfants ont droit quasiment automatiquement au DTCP, ce quadruple vaccin qui couvre notamment la diphtérie. En conséquence, grâce à une couverture vaccinale très élevée, la bactérie Corynebacterium diphtheriae à l’origine de la diphtérie a disparu en France métropolitaine. « Depuis 2002, à l’exception d’un cas, tous les cas déclarés en France métropolitaine étaient importés (Madagascar, Russie, Afrique de l’Ouest et Pakistan) », rapporte Santé Publique France (SPF).

La diphtérie est une maladie « hautement contagieuse », rappelle-t-elle, due à la bactérie Corynebacterium diphtheriae* et qui se transmet d’Homme à Homme. Ses conséquences les plus graves proviennent de la toxine qu’elle peut sécréter. Elle se manifeste par une angine peu fébrile. Les amygdales sont recouvertes de fausses membranes blanchâtres, de couleur crème ou grisâtre, très adhérentes, plus ou moins extensives dans le pharynx. Elle peut se compliquer d’atteintes cardiaques ou neurologiques et entraîner le décès. La diphtérie cutanée se repère par la présence de fausses membranes sur une plaie.

Depuis une dizaine d’année, la moitié des cas de diphtérie déclarés en France, étaient localisés à Mayotte. Depuis 2012, en lien avec l’identification régulière de cas sur le territoire, le laboratoire du CHM dispose d’une procédure de diagnostic rapide de présence de la bactérie.

Un cas de diphtérie ORL qui infecte les amygdales (Photo: SPF)

Habituellement, 0 à 2 cas par an sont signalés à Mayotte. Il s’agit majoritairement de cas de diphtérie cutanée dont la moitié importés des Comores. Mais depuis 2019, on note une accentuation de la présence de la bactérie à Mayotte, avec 6 cas de diphtérie. 5 étaient une diphtérie cutanée, dont 4 enfants (6 mois à 4 ans) et une femme de 40 ans. Un des cas était importé d’Anjouan (Comores). Deux cas ont été détectés au CHU de La Réunion. Un cas portait sur les amygdales, chez un enseignant qui n’avait jamais bénéficié d’une vaccination. L’enquête a également montré une couverture vaccinale insuffisante parmi les collègues du cas.

En 2020, la situation était jugée « toujours préoccupante », avec 4 cas enregistrés, 3 adultes et un enfant « à jour de ses vaccinations ».

Deux nouveaux cas sont notés au cours du premier semestre 202, avec une issue dramatique pour l’un d’eux : un cas de diphtérie cutanée chez un enfant de 7 ans, a priori à jour de ses vaccinations et un cas de diphtérie ORL, survenu en avril chez un nourrisson de 4 mois, n’ayant jamais reçu de vaccinations, qui est décédé d’un choc toxinique.

A Mayotte, les données sur le taux de couverture vaccinale datent de 2010. Une nouvelle enquête a été menée en 2019, dont « les résultats seront disponibles en 2021 », indique SPF.

Mais des études « menées sur certaines populations au cours des dix dernières années » montrent une couverture vaccinale insuffisante pour assurer une immunité collective protectrice, « exposant le territoire à l’apparition de nouveaux cas de diphtérie ». Etonnament, les médecins, infirmiers et aides-soignants sont insuffisamment vaccinés.

Il était apparu que seulement 57% des 18.800 enfants de moins de 6 ans concernés par la campagne de rattrapage vaccinal en 2018, avaient reçu une dose de vaccin, et 76% étaient totalement couverts, avant le rattrapage.

Sainte clotilde, cardiologie, Mayotte, CHM, Dominique Voynet, ARS, David Izzo
Depuis 2012, le laboratoire du CHM dispose d’une procédure de diagnostic rapide

SPF replace la situation dans le contexte régional qui impacte là encore le territoire : « la situation sanitaire des pays de la zone océan Indien doit être prise en compte dans l’évaluation du risque lié à la diphtérie à Mayotte ». A Madagascar et aux Comores, bien que le Programme élargi de vaccination de l’OMS recommande la vaccination contre la diphtérie, de nombreux cas sont identifiés chaque année et les données épidémiologiques demeurent parcellaires. « Ces évènements confirment la place de la vaccination au cœur des enjeux de santé publique à Mayotte en 2021« , le vaccin constituant « la seule protection efficace ». Un appel dans ce sens a été lancé ce week-end par une quarantaine de soignants, appelant à se préoccuper aussi des autres maladies que le Covid.

Un renforcement de la vaccination contre les diphétrie est donc plus que recommandée, « avec une attention particulière portée à certaines populations », sous-entendu en provenance de la région.

En complément des études en cours, une étude de recherche de la bactérie au niveau cutané pourrait être menée en lien avec les services du CHM.

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