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Vaccination, septaine et test, les nouveaux motifs impérieux pour Mayotte

La version light de l’épidémie de Covid actuellement en cours est enregistrée dans notre département où le variant sud-africain est généralisé. Pas de quoi fouetter un voyageur aérien.

« Discrimination », « privations des libertés essentielles », « méprise envers les vaccinés »… L’annonce du gouvernement sur la levée des motifs impérieux a reçu un accueil plus que mitigé sur l’île, pour ne pas parler de douche froide.

Plusieurs raisons ont motivé ces réactions. La plus évidente est celle que brandit le député Mansour Kamardine, reprenant les chiffres de vaccination officiels, « les motifs impérieux ne sont levés que pour 7% de la population à Mayotte », frange qui a reçu le « schéma vaccinal complet » exigé. Nous sommes là dans sur le même pied d’égalité avec les autres DOM qui n’ont guère fait mieux. Seule La Réunion se détache avec 9% de personnes ayant reçu les deux doses (ou une seule en cas de contamination préalable) ».

Tout le monde va courir après sa dose, et si jusqu’à présent Mayotte était bien dotée, on peut craindre la rupture. C’est en tout cas les échos qui nous arrivent régulièrement de métropole, notamment chez ceux qui comptaient venir en vacances à Mayotte : « Lorsque je me rends sur les plateformes dédiées au vaccin comme Doctolib, je n’ai aucun créneau disponible », nous informe Anna, une étudiante qui comptait faire un break à Mayotte avec son copain.

La légalité du nouveau passeport libérateur en question

100% de variant sud-africain dans le département le plus épargné de France

Il suffit de surfer sur le net pour voir se multiplier les avertissements des spécialistes en droit sur la légalité d’une telle mesure, avec une liberté d’aller et venir réduite par un vaccin impossible. Et quid de ceux qui ont été contaminés en mai, et qui sont contraints d’attendre trois mois, donc août, soit la fin des vacances, pour se faire vacciner ? Une « discrimination envers les Mahorais », clame le député mahorais, mais aussi contre la destination.

Surtout que nous parlons du département le moins touché de France par le Covid depuis plus d’un mois, avec un taux d’incidence de 11 pour 100.000 habitants et un taux de positivité de 1,4%.

Troisième grief, celui qui adjoint à la vaccination obligatoire, une septaine encadrée de deux tests PCR. Un blindage qui fait fi de la garantie apportée par le vaccin, le Pfizer/BioNtech en l’occurrence, qu’on nous vante comme nous couvrant à 80% lors de la 1ère dose et à 90% la seconde (il réduit de 90 % le risque de développer une forme symptomatique de la maladie). On nous abonde de science sans conscience.

Toutes ces précautions sont justifiées nous dit le ministère des outre-mer, par la présence sur nos sols mahorais et réunionnais, du « préoccupant » variant sud-africain. Il a été la cause à Mayotte de la montée de fièvre aux urgences en février, et est désormais présents dans quasiment 100% des souches, nous a indiqué Dominique Voynet, la directrice de l’ARS Mayotte. Y compris actuellement avec seuls 33 nouveaux cas par semaine. Pas de quoi affoler les salles d’embarquement.

Frontières ouvertes sur la Moselle

Le Pfizer administré à Mayotte offre plus de protection face aux variants

Pourtant il inquiète car « peu présent dans l’Hexagone ». En y regardant de plus prés, le variant sud-africain a commencé son périple hexagonal par la Moselle, où il est désormais présent à 35% indique l’Ordre des médecins chez nos confrères de France info. Et bien que les chercheurs de l’institut Pasteur aient confirmé début avril que le variant sud-africain est plus résistant aux anticorps que le variant anglais, en Moselle, le variant anglais reste dominant.

D’autre part, le sud-africain pourrait être mieux combattu si les vaccins à ARN messager comme le Pfizer et le Moderna, plus efficaces contre ce variant, étaient administrés. Or, c’est l’AstraZeneca qui est dispensé dans ce département, en dépit des demandes des médecins.

Une situation qui ne donne toutefois pas lieu à des restrictions de circulation aux Mosellans qui peuvent se rendre dans les autres départements français, contrairement à ce qui est imposé aux Mahorais et aux Réunionnais.

Enfin, selon des premières recherches menées par des scientifiques américains, qui restent à confirmer, le vaccin Pfizer/BioNTech, avec le Moderna, semble rester efficace face au variant indien. Or, c’est celui qui a été administré à la population à Mayotte, qui s’avère donc mieux protégée que d’autre en métropole contre ce variant.

Le gouvernement est donc appelé comme le dit Mansour Kamardine à « revoir sa copie », en trouvant un mix acceptable. Allègement du carcan de contrôles pour les vaccinés, et permission pour les non vaccinés, moyennant septaine doublée de tests, seraient les bienvenus.

Anne Perzo-Lafond

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