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L’hôpital à l’heure de l’après crise

Nous n’avons pas voulu titrer sur une « entre-deux crises », car il faut croiser les doigts pour qu'en cas de reprise, les mesures à mener en urgence pour muscler les capacités hospitalières soient menées à leur terme rapidement. C’est en tout cas la volonté affichée de la directrice de l’hôpital Catherine Barbezieux qui dirigeait un CODIR ce jeudi, en présence des médias.

Le CHM est toujours en réorganisation, à entendre les intervenants du Comité de Direction (CODIR), et il y a de la marge. Beaucoup de chantiers sont en cours.

Commençons par la bonne nouvelle de l’année, celle de la certification de l’hôpital au niveau B, « nous sommes au même niveau que La Réunion », se réjouit Catherine Barbezieux qui peut s’approprier cette avancée. Lorsqu’elle est nommée à ce poste en 2017, alors qu’elle était auparavant directrice adjointe, le CHM n’était pas certifié, comme le rapporte Nawalidine Soulaimana, Directeur adjoint, chargé de la Qualité et des relations avec les usagers : « Il fallait surmonter 30 non-conformités, dont 8 majeures au bloc opératoire. Après avoir appliqué les actions recommandées par un audit, nous n’en avons plus aucune, et nous avons décroché la certification de niveau B ».

L’hélisurface devra être déplacée

Le service hospitalier de Petite Terre, consacré aux Soins de Suite et de réadaptation (SSR), non encore inauguré, avait ouvert précipitamment sous l’effet de l’arrivée de l’ESCRIM (Élément de Sécurité civile rapide d’intervention médicalisée) venu renforcer les capacités au pic de la crise Covid. Il s’agit de finir de le configurer sous ses fonctions initiales datant de… 2012. Un établissement qui aura en effet connu bien des déboires, avec des faillites successives de chantier, « une entreprise est de nouveau défaillante, rallongeant les délais administratifs », souligne la directrice. La majorité des lits du vieil et charmant hôpital de Dzaoudzi relevant du SSR, seront transféré dans cet établissement, mais tout ce qui relève de la médecine investira le CHM. « Les travaux sont financés par les fonds européens, donc nous ne pouvons dévier de la configuration initiale », indique-t-elle une nouvelle fois à destination des syndicats qui l’avaient réclamé. Tout comme la balnéothérapie, qui, par contre, serait envisageable.

ESCRIM, Mayotte
Ouverture partielle de l’hôpital Martial Henry en Petite Terre en février dernier

Accélérer le yoyo entre le CHM et l’ARS

La crise Covid et les tensions sur les hospitalisations a incité, à Mayotte comme en métropole, les autorités de santé à développer l’hospitalisation à domicile. Une dérogation exceptionnelle, que le CHM voudrait pérenniser, sous réserve d’obtenir un agrément pour lequel s’est réuni ce 22 avril une Conférence régionale de Santé et de l’Autonomie qui doit examiner cette demande sur les services d’oncologie, de rééducation, d’obstétrique, de psychiatrie, etc. « Nous avons actuellement 60 patients en Hospitalisation à domicile, il faudrait passer à 100 ».

Sur le gros dossier du projet d’établissement qui doit donner les grandes orientations stratégiques sur les 5 ans à venir, « et même plus si l’on prend en compte le projet du 2ème hôpital », deux consultants épaulent le CHM, qui a débouché sur la mise en place de groupes de travail technique mixte, CHM-ARS. « Nous devrions avoir une feuille de route mi-mai », indique Catherine Barbezieux. Depuis son annonce par Emmanuel Macron, le 2ème hôpital ne demeure qu’une ligne sur le papier, on espère donc beaucoup de cette feuille de route. « Chaque action doit être validée par l’ARS », il faut donc que le yoyo entre les deux établissements accélère sa cadence. De même l’extension de l’hôpital actuel fait l’objet de projections, « il faut accroitre nos capacités, nous devons notamment reconstruire le bâtiment des consultations externes et de l’endoscopie. » Mise en avant par la crise Covid, l’insuffisance de lit de réanimation doit être prise en compte, « même en dehors des crises, la capacité de 16 lits peut se révéler insuffisante, nous réfléchissons à la méthode, avec une exigence, aller vite ! »

Un héliSmur jour et nuit

Un des premiers CODIR pour Mahafourou Saïdali, ex-DGS du Département, ici aux côtés de Christophe Blanchard

Si l’achat d’un bateau pour assurer les transports en urgence avait été envisagé par Dominique Voynet lors de la visite de l’hôpital de Petite Terre avec l’ESCRIM, cela ne semble plus d’actualité, « les barges sont en astreinte pour cela, et nous privilégions le projet d’héliSmur qui pourrait voler H24, avec une autorisation spéciale. Nous allons d’ailleurs déplacer l’hélisurface pour être aux normes. » En cas de rupture de la liaison entre Grande et Petite Terre, « lors de conflits sociaux ou de problèmes météo », un bloc opératoire peut être armé en Petite Terre avec l’envoi d’un chirurgien.

Un autre sujet retenait l’attention des participants du CODIR, celui de la cyber criminalité contre les hôpitaux, comme le rapporte Omar Hamada, directeur adjoint chargé du système d’information. « Elle concerne surtout la métropole où 27 établissements ont été touchés par ces crypto envoyés dans les réseaux pour demander une rançon. Nous appliquons les recondamnassions de l’Agence Nationale de Sécurité et d’Information pour sécuriser nos 4.000 équipements informatiques du CHM. Constatant les 400 tentatives d’intrusion par mois, nous avons modernisé les machines, sécurisé les accès physiques, les modalités de connexion, le filtrage des mails, etc. » Il est envisagé de migrer les données dans le futur Datacenter qui se construit à proximité de l’hôpital.

Le comité de direction se réunit chaque semaine

Si ces travaux menés en comité de direction peuvent reprendre en mode accéléré, c’est parce que l’hôpital est enfin sorti du Plan blanc de crise, comme l’expliquait Christophe Blanchard, directeur médical de crise, pas depuis longtemps, depuis le 5 avril seulement.

Anne Perzo-Lafond

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