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jeudi 25 avril 2024
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Observatoire des violences : « Après l’émotion, le temps de la raison », une méthode pour appréhender la délinquance

Contrer la rumeur destructrice, comprendre les conflits entre groupe, de personnes ou de villages, pour englober tous les habitants dans un référentiel français commun, telles sont les premières pistes données par ce groupe de chercheurs qui se penche pour la 1ère fois sur les problèmes du territoire.

Les évènements récents de violence ultime ayant impliqué le décès de deux jeunes ados, incitent à se tourner comme une urgence, vers l’Observatoire des violences, fraichement sorti des cerveaux d’intellectuels mahorais, du rectorat et du procureur. Nous avions assisté à sa genèse, émergeant de textes qui en contextualisaient la nécessité, dressant des ponts entre éducation traditionnelle et modernité, entre le fouet et la parole, avec une exigence : pas de solution clef-en-main.

Alors que des barrages s’érigeaient une nouvelle fois physiquement entre Mtsamboro et Handrema dans le Nord-Ouest de l’île, et que les lycéens de Younoussa Bamana défilaient ce lundi matin, nous avons fait le point avec Ali Saïd Attoumani, Porte-parole du Conseil scientifique de l’Observatoire, impatients que nous sommes de connaître les premières pistes dégagées. Le travail s’engage sur la durée, mais la réflexion est déjà féconde.

« Le rôle de l’Observatoire est de donner notamment des indicateurs pour permettre une désescalade de ce que nous vivons, comment arrêter les excitations autour des caillassages, avant de pouvoir construire quelque chose », décrypte le porte-parole.

Observatoire de la violence, Mayotte
Une réunion préambule à l’Observatoire de la violence en novembre 2020

Tuer la rumeur dans l’œuf des réseaux sociaux

L’Observatoire poursuit sa structuration avec le recrutement de doctorants mahorais, mais travaille déjà sur les formes de violence à Mayotte. « Avec les services de la prévention spécialisée de la Protection de l’enfance du Département, nous mettons au point une cartographie des violences. Par exemple, dans certaines zones, elles seront liées aux difficultés économiques, alors que sur Mamoudzou, elles seront davantage psychologiques. »

Parallèlement, un travail porte sur les circuits de la parole, « il faut travailler sur la rumeur, elle est à l’origine des règlements de compte, ça sert la cause des ‘démagogues’, ceux qui veulent prouver que le département est mauvais pour Mayotte ». Un travail vertical et horizontal : « Lorsque le tribunal énonce un jugement il faut qu’il soit acheminé jusqu’aux oreilles qui écoutent la mosquée du vendredi, et traduit. Sinon, tout est déformé, ça ne se sait pas dans les villages ce que dit le procureur. Mais aussi, il faut que les langues se délient au profit de la justice. La peur des représailles ne compte pas quand il y a mort d’homme. Or, là, on a besoin de savoir ce qui s’est passé un quart d’heure avant le crime, est-ce que ce jeune a été pisté depuis le lycée ou non ? Il faut glaner les faits et ensuite, informer la population. Une des solutions pourrait être de recruter pour la DPSU, des policiers mahorais issus de ces quartiers là, car cela fait 15 ans que les autorités n’entrent plus dans certains villages. La route du Baobab est une frontière désormais entre Kavani, Mamoudzou et Doujani. »

Une cartographie régionale

Se servir de la mosquée comme d’un relais de diffusion d’informations validées

La cartographie en cours fait remonter des conflits importés de l’extérieur : « Quelques soient les îles qui nous entourent, les identités plurielles qui s’exportent doivent être comprises, sous peine de passer à côté. A partir de là, il faut trouver des négociateurs neutres pour faire le lien entre deux villages. Actuellement, cela n’est pas mis en place. Ensuite, un gros travail est à mener auprès de tous ces habitants qui ne parlent pas la langue. Nous avons intérêt à ce qu’ils adhèrent à notre idéal démocratique, en parlant français, en mangeant français, etc. Nous avons intérêt à faire rayonner notre idéal et la loi française, pour que quand ils arrivent chez nous, ils mettent en avant leur intelligence et non leur brutalité. Et ainsi qu’ils s’adaptent à nos règles, et non l’inverse. C’est notre fond de commerce », milite Ali Saïd Attoumani.

Le lien qui existait autrefois entre l’enfant et ses parents, le village et l’école coranique ou le shioni, s’est distendu. « Il faut arriver à ce que les enseignants les plus partants, retissent ce lien après l’école, les échanges se feront sous une autre forme, cela peut se faire sous la forme de l’école des parents, et ils sont de possibles médiateurs. Ils verraient ainsi les élèves sous un autre jour. Actuellement, les familles sont dépassées, avec des enfants plus instruits qu’eux, elles perdent de leur autorité. » Ce qui arrive aussi en métropole, mais pas avec un décalage de maitrise de la langue si important.

Pour Ali Saïd Attoumani, au temps de l’émotion et de la passion à la suite des deux meurtres doit succéder celui de la raison, « ce n’est pas la première fois que ces actes sont perpétrés. Il suffit d’aller aux archives pour retrouver le même schéma. On doit réfléchir sur tout ça, pour trouver nos propres solutions.

L’Observatoire des violences devrait publier « d’ici deux à trois semaines » les thématiques en cours « dans le cadre d’éclairages pluridisciplinaires. Ce sera une boite noire sur les échanges de pratiques, sur les expériences ».

Anne Perzo-Lafond

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