Élément un peu oublié du patrimoine culturel mahorais, le masheve est un bracelet composé de petits ballotins tressés remplis de graines et reliés entre eux par une cordelette. Il s’accroche aux chevilles pour danser en chantant. Tressés à partir de deux tiges de la feuille du palmier Satra, les ballotins contiennent les graines rouges et noires appelées Matso ya djinni ou graines du diable.
L’instrument se classe dans l’une des 4 grandes familles d’instruments, les idiophones, dont le nom vient du grec idiotes qui signifie « soi-même ». En effet, c’est le corps même de l’instrument qui est mis en vibration de façon à produire le son.
Pour le concours, il a été demandé aux élèves de construire un ballotin, selon une technique apprise lors des ateliers de fabrication d’instruments à l’école de musique. Il s’agissait ensuite pour le jury de déterminer les meilleures créations. « Sont jugés à la fois la rapidité et la qualité. En effet le ballotin doit être calibré, esthétique et suffisamment serré pour maintenir les graines à l’intérieur… », explique Anthoumani Rakoto, le formateur.
Durant leur matinée d’enseignement musical ou durant des stages, les enfants ont également imaginé et illustré des contes sur la thématique des instruments traditionnels de Mayotte. Celui du masheve raconte l’histoire d’un serpent qui souffre de ne pas être vu de Baba Nyombe le zébu, qui lui marche sans cesse dessus. Une fée lui confectionne alors un masheve qu’il porte au bout de sa queue, devenant ainsi le serpent à sonnette.
Cette découverte des instruments mahorais et la nécessité de collecter des matières premières pour leur fabrication ont conduit la directrice à solliciter Mayotte la 1ère pour une émission de radio avec 4 élèves. Ainsi, les auditeurs ont pu comprendre la démarche pédagogique et l’école a pu recevoir des éléments nécessaires pour l’atelier de fabrication. « Les élèves ont demandé aux auditeurs s’ils savaient où trouver des graines du diable, du rafia ou des feuilles de Satra, car c’est un palmier très particulier », se souvient Cécile Bruckert.
Les échanges avec les auditeurs et la journaliste ont été très forts. « On ne connaissait pas notre patrimoine, c’est en allant à l’école de musique qu’on a appris tout ça » ont avoué à cette occasion les jeunes musiciens. « La plupart des instruments traditionnels sont méconnus lorsque nous faisons des interventions en milieu scolaire », remarque Cécile Bruckert. « C’est pour cela que nous avons ce devoir de mémoire à l’école, le devoir de transmettre ces traditions ».
Marine Wolf