C’est peu habituel, mais le directeur du CUFR commençait par les échecs et les moments d’émotion de l’année 2019. Il y en a peu à vrai dire. Le dispositif astucieux de transport à la demande, qui permettait aux étudiants de se dégager des horaires de bus scolaires, pour terminer plus tard, jusqu’à 18h30 n’a pas été mis en place, « suite à la défection de l’opérateur extérieur ». Heureusement, l’association des étudiants du CUFR, l’AECUM, s’est portée volontaire pour en assurer la gestion.
Adressés au personnel, les vœux prenaient une forte connotation « Relations humaines », avec des avancées en 2019, et sur 2020, la poursuite du plan RH avec notamment l’amélioration des procédures liées à la gestion des cours complémentaires ou l’établissement du premier bilan social de l’établissement.
La proportion de contractuels a été revue à la baisse, passant de 40% de CDD en septembre 2018, à 25% un an après. Cédéisation et titularisation sont donc d’actualité, « suite à l’ouverture de concours pour les contractuels accomplissant des missions pérennes ». Le CUFR poursuivra cet effort en 2020 en ouvrant des postes aux concours externes et internes, et seize créations d’emploi ont été demandées au Ministère, cinq transformations d’emplois ont été accordées par la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP).
Une quarantaine de postes a été créée depuis 2017, « dans un contexte national marqué par d’importantes restrictions voire des suppressions de postes », et 28 maîtres de conférences affectés et mis à disposition du Centre Universitaire.
Avec le dépassement du seuil des 1.500 étudiants en 2019, on voit qu’ils sont de plus en plus nombreux à choisir l’option des études sur place, moins déstabilisante, « bien souvent les parents ne savent pas que, pour leur futur étudiant, il est préférable de poursuivre ses études au Centre Universitaire de Mayotte dans un établissement qui l’encadre plutôt que de se rendre dans l’Hexagone où les cas d’échecs qui affectent l’estime de soi des étudiants sont malheureusement très nombreux. »
29% des étudiants passent en 2ème année
En première année de licence, 492 places ont été offertes à la dernière rentrée, « soit une augmentation de 20% », et le taux de passage de L1 en L2 est de 29% pour l’année universitaire 2018-2019, en hausse, « et supérieur à celui des autres départements d’Outre-mer y compris La Réunion », se félicite Aurélien Siri. Des critiques diront que le niveau est malgré tout plus bas, auxquelles il avait répondu par le passé que l’encadrement de proximité des étudiants était un « plus » pour la réussite.
Sept étudiantes « méritantes et motivées » ont pu bénéficier, depuis le mois d’octobre 2019, d’un hébergement au sein de l’Internat d’excellence. En contrepartie de la prise en charge des frais d’hébergement et de repas, elles assurent du tutorat auprès des lycéennes et lycéens de l’internat.
Deux formations nouvelles ont ouvert, le DU de préparation aux études supérieures qui accueille actuellement 64 étudiants, et le DU « Enseigner l’informatique au lycée » qui propose une formation approfondie en informatique aux enseignants du secondaire, et une formation qui a ré-ouvert (le DU « Valeurs de la République et Religions »).
Un établissement reconnu puisque les résultats de la première évaluation de l’histoire récente du CUFR par le Haut Conseil de l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur en 2019, revêtent « un caractère très positif », et « qui entraînera certainement des conséquences sur l’attribution de moyens nouveaux à l’établissement ». Des bons résultats qui incitent Aurélien Siri à proposer sa candidature pour rempiler pour un second mandat de directeur du CUFR.
Un tremplin pour la fac de médecine
2020 verra la signature du 1er contrat d’établissement des grandes orientations sur 5 ans, et donc en compagnie de Gilles Halbout, recteur et nouveau chancelier des universités. Une des questions prioritaire est l’extension immobilière d’un CUFR qui se sent à l’étroit. A cette occasion, l’engagement financier de l’Etat pour la période 2019-2022 est passé de 5 à 6,4 millions d’euros. Ils seront notamment alloués à la construction d’un amphi convertible en salle de spectacle ainsi que des salles de cours, programmés pour 2023.
Peu d’investissement en recherche jusqu’à présent, qui devrait être boostée par la Technopole portée par la Chambre de Commerce et d’Industrie.
A la suite du succès de la professionnalisation des anciens instituteurs de Mayotte, le ministère a décidé de prolonger le dispositif dérogatoire du concours de recrutement des professeurs des écoles dans le cadre du Master « Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation » (MEEF).
Dans la même logique de valoriser les talents locaux, le CUFR ouvrira à la rentrée de septembre 2020 une licence avec option « accès santé » (LAS), « qui permettra aux meilleurs étudiants d’accéder directement, sous certaines conditions, aux formations en médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique dispensées dans les facultés correspondantes de l’Université partenaire de Montpellier. » Une avancée portée farouchement dès le départ par le vice-président du Département Issa Issa Abdou, également président du conseil de surveillance du CHM.
On note aussi l’ouverture d’un diplôme « Etudiant entrepreneur » dans le cadre de la création d’un pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat.
S’agissant de la recherche, le CUFR compte désormais trois titulaires d’une habilitation à diriger des recherches, Elliott Sucré, Damien Devault et Buata Malela, ouvrant la possibilité de « faire soutenir, en relation avec une école doctorale, des thèses sur des thématiques ciblées », et avec l’appui d’un nouveau poste de professeur des universités.
En novembre 2018, Mayotte accueillait le médaillé Fields Cédric Villani pour un colloque international sur la modélisation mathématique, on peut en trouver le compte rendu publié aux éditions Wiley – Mathematics and Statistics.
Créé en 2011, il y a seulement 8 ans, le CUFR répondait à une urgence et garde un potentiel énorme pour rattraper les structures équivalentes en outre-mer.
Anne Perzo-Lafond