Réveil de l’activité ? Volcan qui souhaite la bonne année ? Coup de sabot du Zébu ? On a lu de tout sur Internet ces derniers jours au sujet des deux séismes notables de mercredi et jeudi, respectivement enregistrés à des magnitudes de 4.8 et de 5. « Le dernier à avoir été autant ressenti c’était il y a plusieurs mois, on avait un peu oublié » concède Frédéric Tronel, directeur du BRGM, le bureau de recherches géologiques et minières, qui suit l’activité sismique à Mayotte.
Toutefois, sauf à constate une succession de nouveaux événements similaires, « il n’y a pas d’augmentation de l’activité de façon générale, ces deux séismes plus forts que d’habitude ne sont pas liés à une recrudescence de l’activité sismique » estime à ce stade le scientifique. Pour lui ces secousses, quoique devenues inhabituelles, n’ont rien d’anormal. « L’activité est moins forte qu’au début de la crise mais elle est toujours là » rappelle-t-il, relevés des sismomètres à l’appui. « On a depuis plusieurs mois 25 séismes mesurés par jour, mais pas forcément ressentis ».
Quant à savoir ce qui a causé ces deux secousses plus fortes que les autres (mais qui, on le rappelle, étaient quotidiennes au début de la crise), « on est dans l’inconnu ». En effet, les deux épicentres ont été localisés à environ 25km à l’est de Mayotte, soit entre la zone dite de l’essaim principal et le volcan, situé lui à 50km à l’est de Petite Terre. L’analyse des sismomètres dans les jours à venir permettra d’en savoir plus sur la nature de ces événements. Il pourrait d’agir d’un bref afflux de magma, ou de « contraintes qui montent en pression et d’un coup lâchent » suppose Frédéric Tronel.
En tout cas les derniers relevés montrent une éruption qui se poursuit à un rythme réduit par rapport à l’année dernière. En conséquence, la déformation de Mayotte et son enfoncement ont fortement ralenti, après un bond d’une 20aine de centimètres vers l’est.
Bientôt de nouvelles missions MayObs ?
« L’éruption est en cours, les flux modélisés sont en diminution mais ça peut évoluer dans un sens ou dans l’autre », rappelle le directeur du BRGM. « En termes de déformation, on a un fort ralentissement depuis quelques mois du déplacement et de la subsidence qui reste de 16cm, s’il y a une continuité de l’enfoncement, c’est inframillimétrique, c’est presque stabilisé. C’est à coupler avec un flux éruptif qui est moins important depuis quelques mois. »
Après les premières missions MayObs qui ont permis la découverte et le suivi du nouveau volcan, d’autres opérations en mer sont prévues cette année, annonce aussi le directeur.
« L’activité reste suivie. Dans l’année et les années à venir on aura de nouveaux moyens pour la poursuite du suivi, ça a été validé, avec des moyens humains et matériels pour moderniser et continuer à suivre l’évolution de cet événement sismo volcanique. Il y aura d’autres missions océanographiques en 2020 et à plus long terme des programmes de recherche sont déclenchés. »
Le volcan et l’essaim de séismes qui l’accompagne avaient donc réussi à se faire oublier de la population mais pas des scientifiques qui restent des dizaines à travailler dessus. Ce phénomène inédit, la naissance d’un volcan en direct, passionne de nombreux géologues dans le monde entier.
L’ensemble des bulletins bimensuels sont à retrouver ici : https://www.brgm.fr/content/volcan-seismes-mayotte-suivi-activite-sismo-volcanique-revosima
Y.D.