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Mamoudzou

Délinquance en Petite Terre : un couvre-feu comme réponse partielle

Alors que les chiffres de la délinquance n’ont pas été communiqués ce trimestre malgré l’engagement du Plan avenir pour Mayotte, des signes négatifs sont envoyés de Petite Terre. Parents, forces de l’ordre, sont deux acteurs majeurs d’un dispositif qui doit élargir son champ d’action. Le maire de Dzaoudzi Labattoir vient de décider d'un couvre-feu.

La commune de Dzaoudzi Labattoir vient de prendre un nouvel arrêté de couvre feu pour les mineurs non accompagnés par au moins un de leurs parents, entre 18h et 6h du matin, sur certaines zones*. Tout déplacement ou rassemblement en groupe non préalablement autorisé de plus de 4 individus mineurs est également interdit aux mêmes horaires sur l’ensemble du territoire public communal de Dzaoudzi Labattoir.

Un couvre-feu ne vaut que s’il est respecté. Dans le texte, un mineur qui traine sur la voie publique « pourra être conduit à son domicile par les agents de la gendarmerie, de la police nationale, ou municipale ». Dans la pratique, c’est plus compliqué. Si lors du précédent arrêté, abrogé depuis, les mineurs étaient amenés à la brigade de gendarmerie en attendant d’être récupérés par leurs parents, « rien ne dit que cette opération sera renouvelée », nous rapporte un agent de la mairie de Dzaoudzi. Or, on sait que ces couvre-feux ne servent à rien s’ils ne sont pas suivis de toutes les mesures nécessaires. Des peines d’amende sont notamment prévues par la loi.

L’implication des parents qui doivent récupérer leurs rejetons est notamment une étape essentielle. Au risque de nous répéter, leur sensibilisation est indispensable, ainsi que l’application de mesures coercitives comme la confiscation momentané de biens tels que le téléviseur grand-écran comme l’avait préconisé en son temps le capitaine Chamassi quand il œuvrait au sein du commissariat. Il se pourrait qu’une implication législative de parents soit en réflexion.

« Un caillou a frôlé ma tête »

L’arrêté pris ce 12 novembre 2019

Sans quoi, les petits délinquants font de grosses bandes, avec des parents qui perdent de plus en plus pied. « Actuellement en Petite Terre, les règlements de compte font de plus en plus de victimes collatérales. Il suffit de croiser un jeune vindicatif au mauvais moment pour en devenir la victime. Moi-même, j’étais dans mon jardin ce dimanche, quand un caillou a frôlé ma tête », nous explique cet habitant.

Nous n’avons pas d’actualisation des chiffres de la délinquance. Selon nos renseignements les Etats majors de sécurité se tiennent bien tous les mois, comme préconisé par le plan Sécurité, mais la communication ne se fait plus trimestriellement comme l’indique pourtant un autre plan, le Plan d’avenir pour Mayotte (mesure n°4), qui s’engageait sur la transparence auprès des citoyens.

L’arrêté liste les évènements en cours : rassemblements nocturnes, rixes et disputes, participation des mineurs à des actes de violences qui se déroulent quotidiennement, et plus particulièrement la nuit dans les rues de Dzaoudzi Labattoir opposant des bandes de jeunes de Pamandzi et de Dzaoudzi Labattoir, agression des élèves dans les stades, etc. Dimanche, une quarantaine de jeunes se sont regroupé pour caillasser à Pamandzi, « en face, il y avait 8 gendarmes mobiles », nous rapporte un témoin. Des lycéens se sont rassemblés pour une marche pacifique ce mardi matin.

« Certains sortent la nuit »

Un couvre-feu qui ne fonctionnera qu’avec l’implication de la gendarmerie (Image d’archives)

En terme de prévention, et dans le cadre de la campagne de sensibilisation contre les violences auprès des élèves des collèges de la Petite Terre, des interventions sont menées au collège de Labattoir en mettant en place une projection vidéo sur les thématiques suivantes : Violences intrafamiliales, Violences conjugales, Violences aux abords des établissements. Un échange entre les élèves et un professionnel invité à animer la séance est fait à la fin de chaque thématique pour inciter les jeunes à réagir lorsqu’ils sont confrontés à une situation similaire. Cette action menée par l’intercommunalité de Petite Terre, est relayée par Charafoudine Soufiane, Adulte Relais chargé de la Prévention Spécialisée.

Également, 16 médiateurs sont déployés sur Petite Terre, pour travailler sur l’insertion du public en voie de désocialisation. Mais les jeunes qui sont en situation irrégulière ne peuvent bénéficier d’aucun dispositif de formation ou autre, « certains sortent la nuit quand ils pensent qu’ils ne risquent rien, sont désœuvrés, et sont tentés de se retrouver en bande. Nous mettons en place une équipe de prévention en partenariat avec Apprentis d’Auteuil, jusqu’à 22h », nous rapporte Adrien Michon, Directeur de la Politique de la Ville et de la Cohésion Sociale à l’intercommunalité de Petite Terre.

Le présent arrêté entrera en vigueur dès le visa de la Préfecture et sera applicable du 12 novembre 2019 jusqu’au 31 janvier 2020 inclus.

Anne Perzo-Lafond

* Les intersections limitrophes entre la commune de Pamandzi et Dzaoudzi-Labattoir, Rue du Four à Chaux, Route Nationale 4, Rue du dispensaire, Rue du commerce, Rue de la ferme, Boulevard des amoureux, Route de Moya, Rue Ciné 2000, Route des Badamiers, Rue de l’Hôtel de Ville, Intersection Manga-Magari, A l’intérieur du stade Alain Poher

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