« A Mayotte, nous avons maintenant une vraie déclinaison d’un Schéma de l’enfance qui nous apparaissait ambitieux, à nous associations. Les MECS viennent apporter un maillon supplémentaire à la prise en charge des jeunes », déclare Philippe Souffois, Directeur du Pôle jeunesse chez Mlézi Maore, en recevant l’autorisation de prestation des mains du vice-président Issa Issa Abdou.
L’Aide sociale a parcouru un long chemin à vitesse accélérée, comme le rappelle l’élu : « Après avoir initié le placement des enfants en Action Educative en milieu ouvert, l’AEMO, et mis en place les Tiers Dignes de confiance, nous ouvrons ces deux Maisons d’Enfants à caractère social ainsi que 5 Lieux de Vie et d’accueil. Il s’agissait de mettre en place une alternative au placement systématique en familles d’accueil, sans tenir compte de la spécificité de chaque cas. Grâce à l’internat, nous pouvons enfin proposer un meilleur accompagnement, à la fois scolaire et de suivi, de vingt jeunes par MECS. »
C’est aussi ce travail dans l’urgence que retrace Antoissi Abdou-Lihariti, directeur de l’Aide Social à l’Enfance : « Nous faisons le strict minimum, toujours dans l’urgence, tant il y avait de retard à rattraper. Jusqu’à maintenant, nous placions même des cas très difficile en famille d’accueil, impliquant des problèmes comme des violences envers les autres enfants placés. Cette fois, avec les 5 places d’urgence réservées dans chacune des MECS, nous pourrons y envoyer les enfants qui nous serons signalés pour une ‘mise à l’abri’. »
Un Petit-Poucet aguerri
Alors que 600 enfants sont suivis par l’Aide sociale à l’enfance, « et le panel est beaucoup plus large en réalité », seules 400 places sont à disposition, « ce qui donne une idée du surnombre dans les placements. »
Si « Maecha na Ounono-Carpe Diem » a des allures de Petit poucet, comme le soulignait Issa Abdou, il ne s’est pas perdu en route, et l’a au contraire bien tracée, comme le rapporte Djanffari Lizaourah, la dynamique trésorière de l’association : « Nous travaillons depuis 2012, en nous spécialisant dans les services à la personne, pour lesquels nous avons obtenu le statut de SAAD l’année dernière. Lorsque nous avons ouvert une maison hospitalière pour accompagner les familles de malades à Saint-Pierre de La Réunion, nous avons rajouté ‘Carpe Diem*’, pour être plus lisible là-bas. » Elle n’a pas été retenue comme AEMO, qui est allé à Mlézi Maore, qu’elle retrouve, « nous allons travailler ensemble », puisque c’est l’autre structure retenue pour mettre en place la 2ème MECS.
Un accueil pour jeunes mamans
Philippe Souffois répondait en écho vouloir mutualiser les moyens des deux MECS, notamment sur l’accueil d’urgence, et se félicitait de « la collaboration étroite » instaurée avec le conseil départemental, « ces dernières années, les choses se sont construites peu à peu sur la question de l’enfance. »
Les deux associations ne sont pas encore tout à fait prêtes à ouvrir les Maison à l’accueil des enfants, « il va falloir maintenant monter les équipes de travailleurs sociaux, et rénover les bâtiments. Nous pourrons ouvrir d’ici 3 mois ». Celle de Mlézi se situera à Miréréni-Chirongui, et celle de Maecha, à Mamoudzou.
Deux prochaines étapes sont inscrites à l’agenda de l’action sociale : « Nous avons bouclé la réception des projets pour la prévention spécialisée sur l’ensemble de l’île, déjà expérimentée à Dembéni, et nous allons lancer un appel à projets pour proposer aux jeunes mères un centre d’accueil », concluait Issa Abdou.
Anne Perzo-Lafond
* « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain », accolé au « Santé et vie » de Mecha Na ounono