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Mamoudzou

Un « sujet dangereux » en liberté à cause d’une « psychiatrie en déshérence »

Une simple tentative de cambriolage était reprochée à ce prévenu souffrant d'évidents troubles psychiques. Suivi en psychiatrie qualifié de dangereux et toxicomane, mais laissé en liberté, il illustre les difficultés de ce type de prise en charge à Mayotte.

Accompagné de son père à la barre du tribunal correctionnel, le jeune homme de 24 ans, blessé au pied, se tient difficilement debout avec un canne. Alternant sourires béats et mouvements de balancier, il ne comprends visiblement pas ce qu’il fait là.
La justice se penchait sur une tentative de cambriolage commise par le prévenu au début de l’année 2018. Il avait alors tenté d’arracher les barreaux de la maison d’un policier, poursuivant sa tentative alors même qu’une riveraine l’avait repéré. Appelés en renfort, les collègues du locataire l’ont interpellé sur place. Placé en garde à vue, il prononce alors « des propos irrationnels et incohérents ». Urine et semence sont retrouvés dans sa cellule, et sur lui. Une garde à vue cohérente avec son  » lourd passé psychiatrique et pénal » selon le parquet.

Pris en charge pas moins de 60 fois en unité psychiatrique, il a en effet été interné à Saint-Paul à La Réunion avant de retourner à Mayotte où il  multiplie les poursuites pour violences sur des policiers notamment. Il est alors plusieurs fois condamné malgré une « altération du discernement ». Sans doute aggravée par sa consommation de chimique qui dure depuis ses 14 ans, et qu’il cumule avec ses injections bimensuelles de psychotropes.
Instable et dangereux
Mais cette fois l’expert psychiatre ne laisse pas de place à l’interprétation. Diagnostiquant une schizophrénie, il décrit un patient « dangereux sur le plan psychiatrique », « instable » et présentant une « abolition du discernement » qui ne rend « non accessible à une sanction pénale ».
Une situation que déplore la procureure Guégan. « La psychiatrie à Mayotte est en totale déshérence, alors on remet des gens dehors. Quand monsieur se retrouve à court de traitement, ou qu’il le cumule avec de la chimique, il commet des délits ».
Alors que le prévenu sur son banc clamait être « adjudant dans l’armée » et réclamait des excuses, la procureure requérait quant à elle l’irresponsabilité pénale de ce dernier, que le tribunal a prononcée.
Faute de pouvoir l’enfermer, la justice a prononcé une interdiction d’approcher la victime. En l’absence de curateur, c’est au père du jeune homme qu’incombera la responsabilité de lui rappeler régulièrement cette interdiction.

Y.D.

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