« Apporter un peu de bonheur, c’est une tâche merveilleuse » sourit Gérard Javaudin, président du Rotary-club de Mamoudzou.
Tandis que deux petits garçons jouent autour du sapin disposé à l’entrée du service de pédiatrie, le Père-Noël, qui cachait sous sa barbe épaisse le docteur Pierre Millot, se préparait à une grande tournée dans le service. Une vingtaine de petits, le plus souvent accompagnés de leurs mamans sont d’abord venus dans une salle dédiée pour venir chercher leur cadeau. Une voiture, un livre, une poupée, selon les goûts de chacun. Certains intimidés par ce M’zungu tout de rouge vécu que certains voyaient pour la première fois. D’autres plus endormis qu’autre chose. Beaucoup de sourires et d’émotion enfin autour de ce tout jeune enfant qui s’est fermement accroché à son cadeau avec ses mains minuscules, là où d’aucuns pensaient qu’il n’aurait pas la force de le prendre lui-même. C’est un peu ça aussi, la magie de Noël.
Les bénévoles ont ensuite sillonné les couloirs du service, soigneusement décorés pendant la période des fêtes, pour poursuivre la distribution auprès de tous ceux qui n’avaient pu se lever.
S’il y avait un petit air de rituel dans cette action que le Rotary Club répète chaque année, celle-ci n’en est pas moins toujours différente.
D’abord en raison du turn-over important au CHM, qui entraîne une rotation parmi les bénévoles. Tous n’ont pas connu les débuts du Rotary à Mayotte. Le président a quant à lui constaté une évolution au fil des années, par le prisme de cette distribution de cadeaux. « La première difficulté, c’est la surpopulation dans le service pédiatrique », souligne Gérard Javaudin. « Il y a 20 ans, il y avait peut-être moins de souffrance, les parents amenaient à manger dans les chambres et pouvaient dormir avec leur enfant, c’était un peu leur deuxième maison. »
Autres jouets, même plaisir partagé
Mais les règles ont évolué en même temps que les normes d’hygiène. « Peu à peu, on a repoussé les parents des enfants, du coup, tout moment chaleureux comme celui d’aujourd’hui, c’est un bonheur ! »
Les cadeaux eux-même ont dû évoluer avec les normes d’hygiène. « Il faut des jouets aux normes, qui puissent être lavés. Il n’est plus possible d’amener la grosse peluche comme avant ».
L’évolution autour de ce rituel de Noël est aussi sensible chez les parents, explique le bénévole. Selon lui, ce qui était à l’origine perçu comme une fête chrétienne qui ne concernait pas trop les Mahorais rencontre une plus grande adhésion depuis quelques temps. « L’année dernière, on a noté qu’il y avait plus d’accord parental. Les mères se sentent concernées et trouvent ça agréable » se réjouit-il.
Au final, ce sont plus de 70 cadeaux qui ont fait le bonheur des enfants coincés à l’hôpital en cette fin d’année.
Y.D.