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Fouiller l’histoire de Mayotte au fond de la mer

Delphine Dumarché
Delphine Dumarché

L’archéologie à Mayotte est devenue une affaire high tech. Du moins en ce qui concerne l’archéologie sous-marine.
Les recherches ont commencé en 1990 avec la création de la Société d’histoire et d’archéologie de Mayotte. « L’archéologie sous-marine est ensuite tombée en stand-by pendant quelques années, relate Jérôme Mathey, directeur de Drone-Go Mayotte. Une désuétude au profit des recherches terrestres essentiellement.
De plus « L’archéologie sous-marine nécessite des moyens conséquents » poursuit ce passionné d’archéologie, qui met ses drones à disposition de l’association archéologique. Le drone flottant permet de sonder les  fonds marins, le sous-marin peut plonger à 150m pour réaliser des images en 3 dimensions, et le drone volant cartographie les côtes avec précision.
Armée de drones volants, flottants et même sous-marins, l’association peut désormais « retourner sur des sites où des campagnes ont été menées sans plongées », et explorer les fonds marins. Le tout, en tenant compte des données recueillies, notamment par la recherche à terre.
Par exemple, les découvertes menées dans la cité médiévale d’Acoua et sa nécropole ont indiqué aux chercheurs que la baie d’Acoua devait être propice à la navigation, et donc, receler des traces historiques. Guidée par ces indices, l’équipe a découvert par exemple une imposante meule en pierre qui a pu être utilisée comme ancre. « Ceci évoque une épave plus ancienne que les vestiges métalliques déjà connus, poursuit Jérôme Mathey, qui date l’artefact entre le Xe et le XIIe siècle. « A confirmer ». En tout cas, cette trace de navigation presque millénaire est cohérente avec les découvertes faîtes à Acoua, comme dans le cimetière médiéval du  Xe siècle qui montrait d’importants échanges culturels et commerciaux à travers l’Océan Indien à cette époque.

Des murs de pierre pour le poisson datant de 600 ans

La présentation de Delphine Dumarché, elle aussi membre de l’association, ce samedi matin au Muma nous apprend que dès l’antiquité, des textes de Pline l’Ancien évoquent l’île d’Anjouan. Et les îles de l’archipel des Comores commerçaient avec la Chine et l’Inde dès le Ve siècle.
Autant de siècles d’histoire et d’échanges maritimes qui laissent espérer encore de nombreuses découvertes. Même si avec le temps, les artefacts coulés ont été recouverts par la vase, ou par le corail qui a poussé dessus.

Pour ceux qui sont mis au jour, une difficulté majeure demeure. L’association ne dispose pas des moyens techniques pour sortir un bloc de plusieurs centaines de kilos hors de l’eau. En outre, pour les objets métalliques, le risque d’oxydation est à prendre en compte. « Une ancre en métal s’oxyderait, et en 6 mois il n’en resterait rien » estime Jérôme Mathey. Là encore, sa technologie vient à la rescousse. La modélisation 3D permet de reproduire sur écran les objets coincés par le fond, et de les étudier sans avoir à les remonter.
Le drone aérien permet lui aussi de faire des découvertes. Intrigués par des barrières de plusieurs dizaines de mètres qui se découpaient sur la côte, les chercheurs ont découvert des murs de pierre construits dans l’eau entre le XVe et le XVIe siècle. Il s’agirait de pièges à poissons, construits pour retenir la ressource halieutique lors des marées. Une découverte majeure, puisqu’à ce jour, pas moins de 160 murets de ce type sont recensés sur tout le pourtour de l’île au Lagon. Les recherches se poursuivent pour comprendre exactement comment ils ont été construits, comment ils étaient utilisés, et comment ils sont tombés dans l’oubli.

Y.D.

 

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