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Mamoudzou

Manifestation à Mamoudzou, le collectif revendique des délateurs « dans chaque village »

Non Karivendze. Nous ne voulons pas. Un message politique chargé de sens au coeur du sit-in.
Non Karivendze. Nous ne voulons pas. Un message politique chargé de sens au coeur du sit-in.

Une bonne centaine de manifestant étaient réunis toute la matinée place de la République. Alternant prières, sit-in et chants, le groupe essentiellement composé de femmes voulait interpeller les élus. Les premiers sont arrivés dès 6h du matin. « On est pris entre deux feux, entre la France et les Comores, déplore Safina, une des organisatrices venue de Sada. La feuille de route n’est que la petite goutte qui a fait déborder le vase, mais derrière ça il y a beaucoup de souffrances qui remontent à l’histoire de Mayotte. On veut qu’enfin, l’unité soit le moteur du développement de l’île, face à cette problématique majeure qu’est l’immigration clandestine. »

Un problème dont les deux principaux responsables sont « L’Etat français, et les Comores. Nos parents ont fait le choix de voir cette île rester française, ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. On a un message fort à passer à nos élus. Nous exigeons que nos parlementaires nous défendent au niveau national. »
Mais la France et les Comores en tant qu’Etats ne sont pas les seuls à se partager la responsabilité des problématiques soulevées par le Collectif de habitants (ex-CODIM). L’immigration clandestine tant décriée est au coeur d’une vaste économie parallèle, faite d’agriculture, de loyers non déclarés, de transit en barque de pêcheur de l’îlot M’Tsamboro à Grande Terre ou de ménage à domicile.
« Nous sommes aussi responsables, admet Safina. On a beau dire que l’Etat français ne fait pas son boulot, nous les hébergeons dans nos maisons, nous leur adressons des factures, nous leur confions notre bétail dans nos champs… »
Reste que pour le Collectif, tous ceux qui profitent et entretiennent ce système doivent être « punis sévèrement ».

Délation et avertissements

La responsable brandit enfin la menace d’une délation à grande échelle pour identifier ces personnes, et éventuellement les punir hors cadre judiciaire. « Dans chaque ville nous avons des comités qui dénoncent, font des listes de propriétaires de kwassas. Ils préviennent les bâtisseurs de bangas dans les villages que bientôt, les choses vont changer. Si l’Etat ne fait rien, c’est le Collectif qui prendra les choses en main. Il y a trop de monde à Mayotte, c’est une menace pour l’avenir, pour nos enfants, pour l’éducation. »
Passées les menaces imprécises, la militante anti-immigration émet une proposition assez proche de ce qu’avait avancé Emmanuel Macron ) Mayotte il y a quelques mois. « La France a besoin d’aider les Comores mais sans créer d’appel d’air. Il faut investir aux Comores, ça ne peut pas se faire autrement. »
Une position de bon sens, qui peine à trouver de l’écho auprès de tous les manifestants, nombreux à considérer qu’il y a déjà beaucoup d’investissements à mener en priorité à Mayotte.

En milieu de matinée, plusieurs dizaines de manifestants ont tenté un nouveau blocage devant le service des immigrés de la préfecture. Ils se sont heurtés au dispositif de protection de police présent sur place, qui les a repoussés vers la place.

Y.D.

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